Le directeur général de l’Agence nationale de gestion des déchets (ANGed), Badreddine Lassmar, a confirmé que la Tunisie a décidé d’abandonner la technique de l’enfouissement technique des déchets dans les décharges pour se tourner vers la valorisation. Cette nouvelle approche permettra de réutiliser les déchets dans divers secteurs, notamment pour réduire le déficit énergétique du pays.
Dans le cadre d’une interview accordée à l’Agence TAP, Lassmar est revenu sur l’impact économique d’une gestion optimale des déchets ménagers, soulignant que la mauvaise gestion entraînerait un coût environnemental considérable. En effet, cela provoquerait un gaspillage de ressources, augmenterait la pollution et empêcherait le recyclage des matériaux.
“L’État a pris la décision de renoncer à la technique de l’enfouissement des déchets, en faveur de la création d’unités de valorisation et de traitement. À l’avenir, aucune décharge utilisant cette méthode ne sera créée”, a précisé le responsable.
Lassmar a ajouté que des unités de valorisation et de traitement seront mises en place pour gérer les déchets. Il a rappelé que certaines décharges, comme celles de la capitale, utilisent encore la méthode de l’enfouissement technique, tandis que d’autres décharges gèrent les déchets provenant de divers gouvernorats, en fonction de leurs capacités de stockage.
Il a insisté sur l’importance de traiter toutes les quantités de déchets dans les futures unités de valorisation. Cela permettra de collecter une quantité significative de déchets et de les mettre à disposition de ces unités, contribuant ainsi à réduire les coûts et à favoriser la proximité des entreprises avec ces installations pour bénéficier de l’énergie produite par les processus de transformation.
Les stations de valorisation offriront également un espace pour exploiter tous les matériaux entrants, en les réintégrant dans le cycle économique par différents mécanismes, dont la production d’énergie.
Le directeur général a expliqué que la composition des déchets varie d’une région à l’autre, mais que des possibilités existent pour produire du combustible solide destiné aux entreprises, afin de remplacer les énergies actuelles, notamment l’électricité. Il a rappelé que la Tunisie importe de l’énergie, y compris le gaz naturel et le charbon, et que l’énergie thermique peut aussi être utilisée pour le chauffage.
Il a évoqué le cas d’une entreprise du secteur cimentier qui a déjà bénéficié de l’utilisation de 10.000 tonnes de déchets pour remplacer environ 6.000 tonnes de charbon.
Lassmar a également précisé que la Tunisie génère des gaz à partir des décharges contrôlées. Des projets législatifs sont en cours pour permettre l’utilisation de ces gaz, soit en les injectant dans le réseau public de gaz, soit en les transformant en énergie électrique.
Le directeur général a en outre souligné l’importance de créer des unités de valorisation proches des sites industriels, afin d’exploiter ces ressources, qu’elles proviennent des déchets ou des produits générés par les unités industrielles elles-mêmes.
Lassmar a annoncé qu’une phase pilote pour la valorisation des gaz biologiques issus du traitement des déchets organiques démarrera le 15 janvier 2025, à la décharge contrôlée de « Wadi Alaya », dans le gouvernorat de Sousse.
Il a conclu que l’ANGed, en collaboration avec l’Agence nationale de contrôle de l’énergie, travaille sur une étude d’exécution visant à exploiter les gaz biologiques de la décharge contrôlée de Borj Chaker, ce qui permettra une utilisation durable des déchets.