Le coup d’envoi a été donné samedi soir au Théâtre de l’opéra. Et désormais, durant une semaine, Tunis vibrera chaque jour, à partir de 16h00, au son des musiques néo-traditionnelles et alternatives, avec des artistes tunisiens mais aussi des groupes venus d’ailleurs.
La Presse— La 10e édition des Journées musicales de Carthage a démarré officiellement lors d’une cérémonie d’ouverture le samedi 18 janvier. L’Hymne national tunisien a été interprété par Dali Chebil, accompagné au piano par son compagnon de route Jihed Khmiri. En maître de la cérémonie, Mehdi Chamem, leader du groupe Erkez Hip Hop, a introduit l’événement avec un slam bien trampé,rimé et rythmé captant l’attention du public par sa verve et son charisme. Un habitué de la scène, qui avait de la prestance et de l’élégance à offrir à une cérémonie sobre et sans fioritures. L’artiste Dorsaf Hamdani, directrice artistique et présidente du comité d’organisation, a prononcé par la suite un discours de bienvenue, en présence de Mme la Ministre des Affaires culturelles, Amina Srarfi, et de nombreux ambassadeurs et diplomates.
«Feeling the beat», tel est le slogan de cet événement qui se tient fidèle à sa vocation, réunissant des musiciens de 15 pays arabes, africains et européens pour un total de 29 prestations. Le festival a également prévu une scène à l’Avenue Habib Bourguiba de Tunis pour quatre spectacles gratuits.
Lors de la cérémonie d’ouverture, le rendez-vous pour le spectacle du groupe italien Ars Nova Napoli était donné à la Place des Théâtres, mais, en raison de la météo, la prestation musicale a été déplacée en intérieur pour protéger le public, les artistes et les instruments des intempéries. Alors, c’est au Théâtre de l’Opéra que le voyage musical a démarré avec un sextuor d’exception.
Formé à l’automne 2009 à Naples, Ars Nova Napoli regroupe autour de la musique traditionnelle du Sud de l’Italie six musiciens passionnés. Actuellement, le groupe interprète un répertoire varié, ouvert aux nombreux sons du sud et au-delà. Ils croient fermement à l’importance du street art comme moyen de partage de la culture populaire et d’expression artistique libre. D’ailleurs, leur show à la cérémonie d’ouverture n’est qu’un aperçu du grand spectacle donné, dimanche après-midi, à l’Avenue Habib Bourguiba de Tunis. Ars Nova Napoli mêle la musique traditionnelle italienne, principalement la tarantella, des influences plus modernes, dans une palette sonore éclectique et énergique. Sur scène, violon, accordéon, contrebasse, charango, percussion, guitare et voix ont fait le grand bonheur des spectateurs. La virtuosité et la vitalité du sextuor ont emporté le public dans une expérience inédite qui s’écoute autant qu’elle se danse. «Vous pouvez danser sur vos sièges !», a lancé l’un des musiciens, s’exprimant en anglais, pour inviter le public à bouger au rythme de leurs instruments.
Par la suite, c’était au tour de Dali Chebil et Jihed Khmiri de remonter pour une chanson folklorique tunisienne. Comptant parmi les meilleurs chanteurs tunisiens actuels, Dali Chebil a su de démarquer par sa voix puissante capable de transmettre des émotions fortes.
La musique espagnole a été à l’honneur pour le reste de la soirée avec La Jose. Depuis son passage à The Voice où elle a laissé le public sans voix, la chanteuse de flamenco ne cesse de recevoir des éloges de la part de grands noms du domaine musical. Elle a collaboré, entre autres, avec Luis Fonsi. En robe rouge et châle noir, La Jose nous a proposé un voyage polyphonique et polyrythmique, alliant chant et danse. Une prestation «dédiée à la liberté de toutes les femmes», comme elle l’a indiqué. Dans ce qu’elle véhicule et évoque, sa musique exprime une palette d’émotions qui s’inspirent de ses racines gitanes dont elle a parlé au public, exprimant sa fierté de ses origines.
Comme la musique espagnole est d’une grande richesse et ne saurait se limiter au seul flamenco, ni même à la seule guitare, instrument espagnol par excellence, le spectacle de La Jose a été marqué par deux invités d’honneur tunisiens. Elle a accueilli d’abord, sous les applaudissements, Hsine Ben Miloud, le grand spécialiste du Ney qui s’est illustré en Tunisie et à l’étranger. Le flamenco s’est alors fusionné aux notes traditionnelles tunisiennes pour un dialogue audacieux et surprenant. La jeune chanteuse Rania les a rejoints sur scène. Son duo avec La Jose a mêlé deux voix féminines puissantes, mais aussi deux langues, deux cultures et deux univers musicaux totalement différents. Ce pari gagné est la preuve de la vocation des JMC en pont de partage et d’échange qui propulse surtout les talents en herbe en leur offrant la visibilité devant un large public d’artistes, journalistes et autres acteurs du domaine culturel.
Les JMC se poursuivent jusqu’au 24 janvier. Les mélomanes ont rendez-vous avec au moins quatre spectacles par jour. D’autres volets de l’événement sont organisés à la Cité de la culture de Tunis: ateliers, masterclass, marchés et d’autres surprises à découvrir sur place.