Accueil Culture L’Art topiaire par Abdelaziz Zaier : « Donnez-moi des chômeurs, j’en ferai des artistes ! »

L’Art topiaire par Abdelaziz Zaier : « Donnez-moi des chômeurs, j’en ferai des artistes ! »

Abdelaziz Zaïer a probablement sept vies. Toutes différentes et toutes passionnantes. N’ayant aucun rapport les unes avec les autres et constituant autant d’aventures.

La Presse — Parti à seize ans, dans les basques d’un grand frère, il était supposé faire, à Paris, des études de stylisme. Il y fit du judo, et y atteint les plus hauts sommets. Champion d’Afrique, médaille d’or aux jeux africains de Lagos, champion de France junior, champion de Tunisie, bien sûr, une carrière brillante à laquelle la Fédération tunisienne de judo rendait récemment hommage en lui offrant le «Certificat de reconnaissance de grade de cinquième Dan», ce qui semblerait être le graal des judokas. Mais puisqu’il était parti pour faire des études de stylisme, Abdelaziz Zaïer intégra le monde de la mode, obtint la représentation d’une grande marque et rentra en Tunisie plein d’espoirs. Le local, les modèles, les mannequins et même les cintres, tout était prêt. Sauf l’autorisation douanière.

Dépité et décidant que, décidément, la couture n’était pas faite pour lui, il ouvrit un vidéoclub au temps où c’était pionnier, une salle de sport parce que c’était son univers, une brocante, première du genre, une usine de construction métallique spécialisée dans les kiosques…Puis repartit en France. Là, hasard ou opportunité, il intégra une entreprise d’électronique qui l’envoya en Arabie saoudite se charger de l’entretien des palais.

C’est donc plein d’usage et de raison que notre judoka-styliste-brocanteur-video-man-coach sportif-industriel, et j’en passe, retourna dans son pays pour se lancer dans le monde… de l’art floral et des topiaires.

Quand on vous disait que Abdelaziz Zaïer était atypique, étonnant et inattendu, il fallait nous croire.

Aujourd’hui, Abdelaziz Zaïer est un homme heureux. Il a installé un superbe espace à Aïn Zaghouan, avec une belle visibilité sur l’autoroute de La Marsa, et il vit au milieu de ses créations. Car l’art  topiaire, art à part entière, est devenu le sien par une découverte lente et patiente.

C’est avec un dauphin que tout a commencé. Armé d’une pince et de fils de fer, il s’essaya à donner forme au poisson, s’efforçant de reproduire un modèle découvert au cours d’une exposition italienne. Le dauphin n’était pas laid, mais ne tenait pas droit.

Notre apprenti topiaire décida d’encercler le corps d’une gaine de fil de fer. L’idée était bonne et le dauphin pouvait voguer tranquille. Il y eut par la suite un crocodile, un cygne, un flamant rose, un aigle. Puis s’enhardissant, notre artiste entreprit de raconter des histoires en sculpture végétale : celle du touareg en quête d’une source, celle du pêcheur qui remonte un espadon, ou encore celle du corona vaincu par un médecin. Sa sculpture hommage à la révolution fut acquise pour les collections de l’Etat, et lui donna accès à une carte d’artiste professionnel.

Il exposa dans quelques galeries, fut invité à présenter ses œuvres au cours de foires, en Roumanie. Mais surtout, et c’est ce qui l’intéressait et le motivait le plus, on lui demanda de faire des cycles de formation : à l’Iset où il donna des cours, à Zaghouan où il forma des jeunes, à Den Den où il initia des artisans.

Là est aujourd’hui le but de Abdelaziz Zaïer : développer, faire connaître, transmettre cet art topiaire. Lui donner ses lettres de noblesse d’art à part entière. Développer son enseignement, structurer sa formation, les sanctionner par un diplôme.

« Donnez-moi de jeunes chômeurs, j’en ferai des artistes. C’est un art à la portée de tous », déclare-t-il. « La demande existe, on peut la développer. Les municipalités, les grandes institutions, les entreprises peuvent toutes décorer les places, les parcs, les jardins qui les  entourent de topiaires ».

La révolution verte est-elle commencée ? Abdelaziz Zaïer semble bien parti pour la lancer.

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