La Presse — Sans doute, jamais la vulnérabilité psychologique n’a gagné autant de terrain à travers le monde ! Pris dans le labyrinthe des exigences, des contraintes et des ambitions les plus chères, l’Homme moderne se trouve tiraillé entre sa réalité, sa vie et celle à laquelle il ne cesse d’aspirer. Le challenge est souvent loin d’être une panoplie d’objectifs personnels qu’il devrait fixer pour aller de l’avant. Le bien-être psychologique peut tomber en ruine, faute de réconfort psychologique, d’écoute, d’appui social ou encore suite à une succession de facteurs à risque. Aussi, la descente aux enfers risque-t-elle d’être plus périlleuse qu’on le croyait. Et pour remonter à la surface, il faudrait demander de l’aide…Entretien avec le Pr Ahmed Hosny, docteur en sciences humaines et psychothérapeute spécialisé dans les thérapies émotionnelles, cognitives et comportementales (Tecc) et praticien de l’hypnose thérapeutique et médicale.
Le bien-être psychologique est-il devenu un concept rare de nos jours? Si oui, pourquoi ?
D’abord, il faut savoir que le bien-être psychologique est basé sur les relations positives avec autrui, sur la maîtrise de soi, sur l’autonomie et sur un sentiment de but, de sens à sa vie ainsi que sur le développement personnel. Il est atteint une fois que l’on arrive à un état d’équilibre face aux évènements éprouvants et gratifiants de la vie. Les sujets ayant trait à la santé physique et mentale sont, aujourd’hui, au cœur de toutes les préoccupations des professionnels de la santé. Il est essentiel, en effet, de comprendre et de soutenir la détresse psychologique de l’Homme ; sa souffrance psychique, son état d’anxiété, son stress, ses troubles mentaux…
Les troubles comportementaux sont-ils, immanquablement, dus aux problèmes psychologiques et psychiatriques ?
Les troubles du comportement incluent des comportements tels que l’agitation, l’agressivité ainsi que les phobies, les addictions, les crises de colère fréquentes. On note aussi les comportements destructeurs, les difficultés à respecter les règles sociales ainsi que les changements d’attitude et les comportements provocateurs et agressifs ( bipolarité).
En somme, les troubles comportementaux sont des conditions complexes, influencées par des facteurs génétiques, environnementaux et médicaux.
Quel est, selon vous, le plus grand ennemi qui affecte le mental de l’Homme moderne (stress, anxiété, dépression…) ?
Le ou les plus grands ennemis qui affectent le mental de l’Homme sont essentiellement : le stress, l’anxiété et la dépression. En effet, les réactions de stress, d’anxiété et de dépression peuvent se manifester de plusieurs manières chez une même personne, et ce, sur plusieurs plans (physique, psychologique, émotionnel, comportemental).
Quelles sont les techniques auxquelles vous recourez le plus pour venir en aide à vos patients ?
Pour aider mes patients à guérir, je pratique essentiellement trois thérapies :
la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), la thérapie interpersonnelle (TIP), l’EMDR, la thérapie systémique.
Est-il facile, pour vos patients, d’accepter de mettre à nu leurs idées et leurs angoisses les plus profondes via l’hypnose ?
La plupart de mes patients sont réceptifs à l’hypnose, puisque l’un des avantages de l’hypnose consiste à rendre possible l’entrée en état hypnotique par soi-même. Cet état permet notamment de se détendre ou encore d’entamer une démarche d’auto-amélioration et de développement personnel.
Pourquoi l’hypnose peut-elle s’avérer plus efficace que d’autres techniques d’appui psychologique? Et dans quels cas ?
Il faut savoir que l’hypnose peut traiter les addictions (tabac, alcool, drogues, jeux, difficultés sexuelles, etc.), mais aussi les troubles du sommeil, les troubles alimentaires, les phobies, les crises de panique, les affections physiques et psychosomatiques. Elle offre un confort de soins au patient en diminuant son angoisse et sa douleur. On utilise cette technique dans de nombreux domaines médicaux afin d’aider le patient à mieux gérer une angoisse préopératoire ou à réduire l’impact émotionnel de sa douleur. Soumis à l’hypnose, le patient est dans un état de transe, caractérisé par une indifférence par rapport au monde extérieur et ce, via l’activation d’automatismes et de mécanismes inconscients ainsi que par une hyper-suggestivité. Le patient ne dort pas vraiment : il reste réactif et est même acteur de sa santé. D’ailleurs, l’hypnose s’avère très efficace dans le traitement de la plupart des troubles cités ci-dessus.
Le mal-être psychologique peut-il être fatal ? ( Je ne parle pas là du suicide mais des attaques cardiaques ou cérébrales sous l’effet de la pression psychologique).
Le mal-être au niveau psychologique se manifeste par le stress, l’angoisse, la perte de l’estime de soi, un sentiment permanent d’être en situation d’échec, lequel accentue la perte de confiance en soi mais aussi par la peur face aux difficultés. Finalement, le ma-être se poursuit et empêche surtout la personne de mener sa vie comme elle le voudrait. Malheureusement, il peut même provoquer les maladies du cœur ou les attaques cardiaques ; ces dernières risquent ainsi de foudroyer n’importe qui, n’importe quand… Les aléas d’une vie quotidienne agitée, scandée et difficile, les conflits familiaux, les contraintes de la vie professionnelle convergent vers un stress permanent, propice aux AVC.
La simple écoute peut-elle, dans certains cas, être salvatrice ?
Oui, l’écoute procure un solide sentiment de sécurité. Elle permet, également, de décharger ses émotions, de les recueillir et de comprendre leurs causes. Cela nous permet, par la suite, d’agir sur ces causes afin de se sentir mieux. L’écoute apparaît comme une ancre, un point d’appui et un repère sur lequel on peut compter. Aussi, les répercussions positives sont-elles observables dans toutes les dimensions de la vie du patient, à savoir celle affective, physique, familiale, professionnelle ainsi que sur sa santé…