D’après les chiffres disponibles, la région méditerranéenne a absorbé environ les trois quarts des exportations tunisiennes, tandis que seuls 3 % étaient destinés à l’Afrique subsaharienne. Un taux insignifiant et bien en deçà des espérances malgré que les pays du sud du Sahara connaissent un niveau de croissance remarquable ces dernières années. Un potentiel que le gouvernement tunisien compte exploiter afin de faire profiter aussi bien l’économie nationale que les entreprises tunisiennes. Beaucoup de firmes disposant d’un net avantage en termes de compétitivité dans certains secteurs tels que les technologies de l’information et de la communication, la santé et l’agroalimentaire peuvent offrir des produits et services concurrentiels.
La Presse — La Tunisie, en tant que porte d’entrée vers l’Afrique, occupe une position stratégique qui lui permet de renforcer ses échanges avec les pays du continent. Grâce à ses atouts économiques et à ses compétences en matière de services, la Tunisie a tout intérêt à approfondir ses relations avec l’Afrique subsaharienne et à exploiter les opportunités offertes par des secteurs clés. Si bien que le Continent de Léopold Senghor atteindrait bientôt une population de plus de 2 milliards d’hommes et une classe moyenne de plus de 300 millions de consommateurs, selon des données officielles.
De nombreux efforts ont été déployés pour encourager cette coopération intra-africaine, parmi eux le projet « Promotion des activités d’exportation vers de nouveaux marchés de l’Afrique subsaharienne» (Pema), mandaté par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) et mis en œuvre par la GIZ Tunisie, en partenariat avec le ministère du Commerce et du Développement des exportations et le Cepex. Cette initiative qui s’est étalée sur trois années (2021-2024) a permis d’appuyer le lancement de plus de 1.100 entreprises tunisiennes, tout en favorisant l’émergence d’une nouvelle dynamique exportatrice vers l’Afrique subsaharienne.
Des efforts et des structures à consolider
A la clôture de ce programme, le bilan était satisfaisant puisque les entreprises membres ont pu bénéficier d’actions collectives déterminantes, et ce, grâce à la mise en place de quatre consortiums sectoriels pour des prospections à l’étranger, des sessions de formation, des participations à des foires internationales… Ces actions ont permis aux consortiums de repérer 4.844 opportunités d’affaires, aboutissant à la réalisation de 431 nouveaux projets d’exportation et à la création de 261 emplois dont 119 postes occupés par des femmes.
Il est également important de saisir les opportunités offertes par les initiatives d’intégration régionale, notamment les accords de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) et du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa). Il est essentiel d’élaborer une stratégie de communication efficace pour promouvoir la Tunisie en tant que plateforme d’investissement stratégique pour le continent africain.
Plusieurs structures sont impliquées comme Tunisia-Africa Business Council (Tabc), « dont le but est de mettre l’Afrique au cœur des préoccupations du gouvernement tunisien ainsi que des opérateurs économiques et mener un travail de rapprochement et d’africanisation de notre continent, et ce, grâce à une capitalisation structurée des connaissances, du savoir-faire et des compétences ».
La Tunisie dispose d’un potentiel considérable pour développer son commerce avec le continent africain.
TIC et agriculture
Le numérique est un levier de croissance majeur en Afrique. Avec un taux de pénétration d’Internet en constante augmentation et une forte demande pour les services digitaux, la Tunisie, qui dispose d’un écosystème technologique dynamique, peut jouer un rôle clé dans la transformation digitale du continent.
Les entreprises tunisiennes spécialisées dans les logiciels, les solutions fintech, la cybersécurité et l’intelligence artificielle peuvent proposer des solutions adaptées aux besoins africains. De plus, les start-up tunisiennes peuvent s’implanter sur les marchés africains à travers des partenariats ou en s’appuyant sur des incubateurs locaux.
L’Afrique possède d’immenses terres arables et un potentiel agricole considérable, mais elle fait face à des défis liés à la transformation et à la productivité. La Tunisie, avec son expertise en agriculture durable, en irrigation et en agro-industrie, peut contribuer au développement de ce secteur.
L’exportation des produits agroalimentaires tunisiens, tels que l’huile d’olive, les dattes et les conserves alimentaires, peut aussi être renforcée à destination des marchés africains. De plus, le partage des bonnes pratiques en matière de techniques agricoles modernes et l’implantation d’unités de transformation alimentaire en Afrique pourraient être bénéfiques pour les deux parties.
Santé et industrie pharmaceutique
Le secteur de la santé est un enjeu crucial en Afrique, où l’accès aux soins de qualité reste limité dans de nombreux pays. La Tunisie, qui dispose d’un système de santé performant et de compétences médicales reconnues, peut jouer un rôle clé en matière de coopération médicale.
L’exportation de médicaments et d’équipements médicaux tunisiens vers l’Afrique, la mise en place d’hôpitaux et de cliniques en partenariat avec des investisseurs africains, ainsi que la formation de personnel médical sont des axes stratégiques à développer.
Énergies renouvelables et infrastructures
L’Afrique fait face à un défi énergétique majeur, avec une forte demande en électricité. La Tunisie, pionnière dans les énergies renouvelables (solaire et éolien), peut contribuer au développement de solutions énergétiques durables sur le continent.
Les entreprises tunisiennes spécialisées dans les technologies solaires, l’efficacité énergétique et la gestion des réseaux électriques intelligents peuvent proposer des solutions adaptées aux besoins africains. Des projets communs dans l’énergie verte pourraient ainsi renforcer les échanges et améliorer l’accès à l’électricité en Afrique. D’autant que le développement des infrastructures est une priorité pour de nombreux pays africains. Routes, ponts, chemins de fer, aéroports et logements sont autant de projets nécessitant expertise et investissements.
Les entreprises tunisiennes de construction et d’ingénierie, fortes de leur savoir-faire dans le bâtiment et les travaux publics (BTP), peuvent apporter des solutions adaptées aux besoins africains. La coopération dans ce secteur peut se faire sous forme de contrats d’exécution, de partenariats public-privé (PPP) ou d’investissements conjoints.
La coopération économique entre la Tunisie et l’Afrique recèle, au demeurant, un potentiel considérable. En misant sur des secteurs stratégiques tels que les TIC, l’agriculture, la santé, les énergies renouvelables et les infrastructures, la Tunisie peut renforcer son ancrage en Afrique et tirer parti des opportunités offertes par un marché en pleine expansion. Cette coopération doit s’appuyer sur une approche gagnant-gagnant, des investissements mutuels et des partenariats stratégiques pour assurer un développement durable et inclusif pour toutes les parties prenantes.