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La Tunisie, avec une économie orientée vers l’exportation et un capital humain développé, pourrait jouer un rôle clé dans cette dynamique, si certains obstacles sont levés. C’est ce qui ressort d’un panel organisé récemment par «GET Entrepreneurial» sur le thème «Diversification et compétitivité: la Tunisie à la conquête de nouveaux horizons économiques».
La Presse — La Tunisie se trouve face à des défis économiques majeurs, mais également à des opportunités inédites pour redéfinir sa trajectoire. Lors du panel organisé par « GET Entrepreneurial » sur le thème «Diversification et compétitivité : la Tunisie à la conquête de nouveaux horizons économiques », des experts ont examiné les obstacles structurels qui freinent le développement et les leviers à activer pour renforcer sa position sur la marché international.
Pour Walid Bel Hadj Amor, administrateur chez Pegazeus International Trade, le diagnostic est clair : la Tunisie est un marché difficile pour les entrepreneurs. « Le cadre général d’investissement est totalement obsolète », affirme-t-il, soulignant la lourdeur administrative. Il faut passer par cinq à six administrations pour créer une entreprise, et le code des changes complique considérablement l’investissement à l’étranger. « Celui qui réussit en Tunisie peut réussir n’importe où dans le monde », dit-il sur le ton de l’ironie.
Le potentiel tunisien
Ce paradoxe, entre complexité administrative et potentiel de réussite, illustre la position particulière de la Tunisie. Le pays reste un point d’entrée stratégique, notamment grâce à ses liens avec quelques partenaires de l’Union européenne, mais le potentiel de diversification reste entier car l’UE est composée de 27 pays. Toutefois, ce réseau reste sous-exploité. « La Tunisie est un petit marché, mais c’est un bon début avant de viser d’autres marchés », précise Bel Hadj Amor, tout en insistant sur l’importance de se tourner vers l’Afrique, où le potentiel économique est immense.
L’Afrique, justement, c’est Ridha Gouiaâ, qui en parle le mieux. Professeur des sciences économiques, il met en avant l’importance de l’Afrique subsaharienne dans les stratégies économiques futures. «Les grandes puissances se dirigent de plus en plus vers les pays subsahariens, où les taux de croissance devraient atteindre 4,4 % d’ici 2026, bien supérieur à la croissance mondiale», explique-t-il.
Avec 18 % de la population mondiale et une croissance démographique rapide, l’Afrique représente un marché en pleine expansion, marqué par une demande croissante en raison de l’urbanisation galopante et de l’augmentation du nombre de jeunes, consommateurs de technologie.
Des défis à surmonter
La Tunisie, avec une économie orientée vers l’exportation et un capital humain développé, pourrait jouer un rôle clé dans cette dynamique, si certains obstacles sont levés.
«Notre commerce est concentré sur quelques activités, comme le bâtiment et l’industrie chimique, qui représentent 44 % de nos échanges avec l’Afrique subsaharienne», note Gouiaâ, appelant à une diversification plus poussée.
De plus, des infrastructures de transport restent limitées et des problèmes de structures financières subsistent et freinent l’accès aux marchés africains. «Parfois, pour aller dans un pays africain, on doit passer par Paris, c’est une aberration», déplore-t-il. En outre, l’universitaire déplore l’absence de diplomatie économique active, soulignant qu’un seul président tunisien s’est déplacé dans des pays africains. Pour Taoufik Rajhi, professeur et consultant chez le Pnud, la clé réside dans une transformation profonde de la stratégie économique tunisienne. «Il faut penser aux technologies et à l’intelligence artificielle, pas seulement aux exportations de tomates et d’huile d’olive», martèle-t-il.
Cette vision nécessite des institutions capables de planification stratégique, à l’image de «France Stratégie» ou des initiatives marocaines, qui manquent cruellement en Tunisie. «Pratiquement tous les pays ont une vision 2030, même les plus petits, c’est un élément essentiel».
La transition vers une économie technologique repose sur le capital humain, un atout que la Tunisie possède mais qu’elle doit préserver.
«Cela ne peut se faire sans réformes et sans nouvelles infrastructures», précise l’ancien ministre. Il plaide, d’ailleurs, pour booster le développement, pour des partenariats public-privé.