Accueil Economie « Get Entrepreneurial 2.0 » : Renforcer l’écosystème entrepreneurial

« Get Entrepreneurial 2.0 » : Renforcer l’écosystème entrepreneurial

Organisé récemment à l’Utica, « Get Entrepreneurial », placé sous l’égide de l’Ensi Junior Entreprise, vise à façonner l’avenir de l’entrepreneuriat en Tunisie en créant un environnement propice à l’émergence de projets innovants et à fort impact.

La Presse — Face aux défis économiques et à la nécessité de diversifier ses marchés, la Tunisie mise sur l’innovation et l’intelligence artificielle pour dynamiser son tissu entrepreneurial. Dans un contexte où la compétitivité repose de plus en plus sur la capacité à innover, des événements « Get Entrepreneurial », organisés récemment au siège de l’Utica par l’ENSI Junior Entreprise, offrent une plateforme essentielle pour explorer les opportunités et les stratégies à adopter.

Le panel « La Tunisie à la conquête de nouveaux horizons économiques » avait pour objectif d’offrir une compréhension approfondie des stratégies nécessaires au renforcement de la compétitivité économique du pays. Il a abordé, d’une part, l’amélioration du climat des affaires à travers des mesures telles que l’incitation à l’investissement, la liberté d’entreprendre et la réforme du système fiscal, et, d’autre part, la diversification des marchés internationaux.

Les conditions requises

Dans ce contexte, Dorra Bouguella, consultante en innovation et design d’expérience chez « EY » et co-fondatrice de la startup « TIM’ESS », a souligné que, pour faire de l’innovation un moteur de croissance durable, la Tunisie doit renforcer son écosystème entrepreneurial. Cela passe par une meilleure accessibilité au financement, une simplification des procédures administratives et une facilitation des exportations de produits innovants. La mise en place de politiques publiques favorables, telles que des incitations fiscales pour la recherche et le développement ainsi qu’un soutien accru aux startup, est essentielle.

Elle a également insisté sur l’importance d’encourager la collaboration entre les universités, les centres de recherche et l’industrie afin de stimuler l’innovation et la compétitivité. « Pour libérer pleinement le potentiel entrepreneurial tunisien, il est primordial de réformer le cadre réglementaire afin d’alléger les charges administratives et d’accélérer les démarches de création d’entreprise. L’amélioration de l’accès au financement, notamment par la diversification des sources de capital-risque et la facilitation des prêts aux startup, est également cruciale », a-t-elle mentionné.

Par ailleurs, le secteur privé doit être incité à collaborer avec les startup  à travers des partenariats stratégiques, un accès facilité aux marchés locaux et leur intégration dans les chaînes de valeur. La mise en place d’accords commerciaux spécifiques pour les jeunes entreprises innovantes favoriserait également leur expansion à l’international.

Pour attirer les investissements et faire émerger des champions technologiques nationaux, la Tunisie doit développer des infrastructures numériques de pointe et offrir des incitations fiscales aux entreprises technologiques. La création de zones franches dédiées à la technologie et l’établissement de partenariats internationaux pourraient également renforcer l’attractivité du pays. De plus, la protection de la propriété intellectuelle ainsi que la promotion de la recherche et du développement sont essentielles pour soutenir l’innovation.

Enfin, l’intégration du développement durable dans la stratégie d’innovation est une nécessité. Cela implique le soutien aux technologies vertes, la promotion de pratiques industrielles écologiques et l’encouragement des initiatives d’économie circulaire. Sensibiliser les entreprises et les consommateurs aux enjeux environnementaux contribuerait à une croissance plus respectueuse de l’environnement.

L’IA générative : perspectives et enjeux pour l’entrepreneuriat

De son côté, Razi Miliani, chef d’entreprise, observateur attentif de l’IA générative et CEO de Cogepha, a expliqué que ces technologies, capables de comprendre des objectifs, de planifier des tâches, de les exécuter et d’apprendre de leurs actions pour atteindre un but fixé, pourraient profondément transformer notre manière d’innover et de travailler. Cette révolution rend l’entrepreneuriat plus accessible et ouvre la voie à de nouvelles opportunités.

Il a insisté sur l’importance de suivre de près les avancées dans ce domaine, une industrie extrêmement dynamique et en perpétuelle évolution. Selon lui, adopter un regard critique et analytique sur l’IA permet d’en exploiter tout le potentiel. Il a également évoqué Sam Altman, fondateur d’OpenAI (créateur de ChatGPT), qui anticipe l’émergence de «one-person, billion-dollar companies», c’est-à-dire des entreprises d’une valeur colossale, dirigées par une seule personne assistée par l’IA.

Cependant, malgré ces perspectives prometteuses, l’IA générative présente plusieurs défis. Les questions de confidentialité et de sécurité des données, les biais algorithmiques et les hallucinations de l’IA comptent parmi les principales préoccupations. Il a également souligné le risque de désinformation, un enjeu particulièrement préoccupant, car ces systèmes peuvent générer des contenus hyperréalistes. Ce risque a d’ailleurs été identifié comme l’un des principaux défis dans les rapports du World Economic Forum 2025.

Encourager les jeunes entrepreneurs tunisiens à adopter une vision globale est essentiel. Razi Miliani les incite à ne pas attendre la fin de leurs études pour se lancer dans des projets innovants exploitant l’IA. Il recommande de privilégier des initiatives porteuses de sens et d’impact, plutôt que de se focaliser uniquement sur l’aspect financier, la création de valeur venant naturellement par la suite.

Pour cela, un écosystème favorable est indispensable. Cela passe par une numérisation massive des données publiques, permettant aux chercheurs et entrepreneurs d’accéder aux ressources nécessaires. Il préconise également l’intégration de l’IA générative dans les cursus académiques, non seulement sous l’angle technique, mais aussi en abordant ses implications économiques, stratégiques et sociétales, afin de développer une compréhension globale de cette révolution.

Enfin, le secteur privé doit accélérer sa digitalisation pour exploiter pleinement le potentiel de l’IA et rester compétitif. Dans un environnement où les géants de la tech investissent massivement dans le développement d’algorithmes, il suggère aux jeunes Tunisiens d’explorer la conception d’applications physiques utiles à ces technologies, une piste prometteuse pour créer une réelle valeur ajoutée.

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