
Ceux parmi nos séniors qui sont encore en vie se souviennent certainement du long chemin parcouru par les deux pays vers l’indépendance et l’édification de leurs Etats modernes.
La Presse — Tunisie-Pakistan, plus de 75 ans de relations d’amitié et de coopération, et pas une ride. Leur élan de soutien, de solidarité et d’échange mutuel n’a pas changé d’un iota. Et l’histoire en était, certes, témoin et l’est encore, dépositaire de souvenirs partagés et des moments de rencontres de haut niveau bien chargés de sympathie et d’expression de bonne disposition à se servir pour aller de l’avant vers le développement des deux pays.
Une exposition photographique commémorative
Et ceux qui, parmi nos séniors, sont encore en vie s’en souviennent certainement et se rappellent le long chemin parcouru par les deux pays vers l’indépendance et l’édification de leurs Etats modernes. N’eût été ce souffle militant, marqué par leur soutien constant et indéfectible, la Tunisie et le Pakistan n’auraient peut-être pas eu gain de cause. Ces deux pays ont longuement œuvré, côte-à-côte, pour arriver à tisser des liens solides et entretenir des relations bilatérales qui sont, jusqu’à nos jours, au beau fixe. En fait, leur appui diplomatique et politique réciproque pour se libérer du joug colonial étant, bel et bien, marqué d’une pierre blanche.
A titre commémoratif, l’ambassade du Pakistan a, tout récemment, organisé, dans ses locaux aux Berges du Lac à Tunis, une exposition photographique des visites de haut niveau effectuées entre les deux pays. Soit une collection de photos en noir et blanc, mais aussi en couleur, placardée à l’intérieur de son siège, qui illustre une succession de rendez-vous historiques, d’entretiens et réunions cruciaux et relate ainsi un défilé d’hommes d’Etat ayant beaucoup apporté à l’édifice politico-diplomatique des deux pays. Ces visites de haut niveau, qui ont eu lieu des deux côtés avant et après leur indépendance, n’ont pas manqué de jeter les bases solides d’une coopération stratégique et d’un partenariat mutuellement bénéfique.
Commentant cette exposition de photos, l’ambassadeur du Pakistan, Javed Ahmed Umrani, a passé en revue les différentes étapes phares marquant l’évolution de cette relation diplomatique, dans la perspective de la hisser à des paliers supérieurs. «Les liens entre les deux pays existent bien avant l’indépendance de la Tunisie, qui a bénéficié d’un profond soutien moral et politique du Pakistan pour accéder à son indépendance », rappelle-t-il. Et d’ajouter, sur cette lancée, que son pays avait réservé des locaux à Karachi aux militants du mouvement de libération tunisien, afin de leur permettre de mobiliser l’opinion publique internationale en faveur de leur cause.
Echange de visites de haut niveau
Son Excellence, Javed Ahmed Umrani a mis en relief le message de félicitations de Habib Bourguiba, alors président du Néo-Destour, à Mohammed Ali Jannah, père fondateur du Pakistan, à la veille de l’indépendance de son pays en 1947. Ce dernier avait, de son côté, soutenu et défendu la cause tunisienne auprès de l’ONU, jusqu’à son indépendance, proclamée en 1956. De même, a-t-il encore évoqué, le représentant permanent pakistanais auprès de l’ONU, du 1951 à 1954, Ahmed Shah Bokhari, avait fait valoir la ferme position de son pays au Conseil de sécurité en faveur de la Tunisie. Son prédécesseur, Sir Zafarullah Khan, alors Premier ministre, avait, lui aussi, ardemment plaidé pour la libération de la Tunisie.
Corollaire, toute cette mobilisation avait, in fine, abouti à l’établissement, le 25 mars 1958, d’une première mission pakistanaise diplomatique à Tunis, avant d’être hissée, ensuite, au rang d’une ambassade en 1964. Seize ans après, la Tunisie avait, à son tour, ouvert son ambassade à Islamabad en 1980, permettant ainsi de donner corps à l’action diplomatique et faciliter, de la sorte, les mécanismes de contact de haut niveau entre les deux pays.
Et depuis, l’échange des visites de haut niveau a fait fructifier cet élan de soutien diplomatique et ouvert de nouveaux horizons de partenariat gagnant-gagnant. Du côté de la Tunisie, nombre important de ministres et de secrétaires d’Etat s’étaient, déjà, rendus au Pakistan, de 1997 à 2022, pour participer à des manifestations à caractère politique, diplomatique ou également économique. Leurs homologues pakistanais ont eu, eux aussi, à visiter la Tunisie, sous le règne de Bourguiba, dont, à titre d’exemple, le premier ministre Zulfikar Ali Bhutto en 1972, ses successeurs Benazir Bhutto en 1990 et Nawaz Sharif en 1991, puis le président du Pakistan Pervez Musharraf en juillet 2003. Et jusqu’à nos jours, les visites et rencontres défilent sans interruption et continuent ainsi à injecter du sang neuf dans une diplomatie tuniso-pakistanaise toujours aussi solidaire.