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Entre sport scolaire et universitaire, sport civil et celui des académies, le premier constitue sans doute un secteur à remettre en valeur pour améliorer les performances. L’axe majeur d’une vraie politique du sport en Tunisie.
La Presse — Oui, en fin de compte, nous administrons effectivement trois sports : le sport civil, le sport scolaire et le sport «académique» ou des académies. Ce dernier, ce sont les circonstances qui l’ont imposé. Et nous y reviendrons. Toutes les grandes nations sont passées par là, avant de se rendre compte que le sport est un et indivisible. Il s’agit de s’organiser, de trouver le lien et surtout de réduire les frais de gestion en regroupant les moyens et efforts à déployer, pour gérer cette occupation inévitable. Le lien qui se situe au carrefour de toutes les vies est bien le sport scolaire. Tout le monde y passe. De la maternelle à la faculté, on est censé faire du sport ou activités de maintien, de l’éducation physique et sportive pour enfin se diriger vers le sport de compétition proprement dit. Et l’Etat est bien obligé de mettre en place l’infrastructure, de former les enseignants et les entraîneurs et de prévoir des organes de gestion de toutes ces activités incontournables. Nous avons, à maintes reprises, soulevé le cas du sport scolaire et universitaire. Un secteur qui a eu le mérite de fournir au sport national tous ses grands représentants sur la scène internationale. Pourtant, cet immense champ de prospection est complètement non pas ignoré, mais sous-sollicité, alors qu’il est en mesure d’offrir les plus grandes opportunités. Tant au point de vue propagation du sport et de l’éducation physique, que des choix et repérage des éléments intéressants à diriger vers les clubs ou les centres de formation. Il n’y a pas mieux.A se poser alors la question à propos de cette frilosité qui nous handicape alors que nous devons opter pour des alternatives, où nous pourrions escompter un juste retour d’investissement. Comment envisager cette alternative, alors que nous enregistrons de plus en plus d’associations qui viennent rendre les clefs aux autorités des lieux (?!). Pourquoi ces clubs ont-t-ils été lancés, alors qu’ils ne sont pas en mesure de garantir leur viabilité ? Qui demandera des comptes à ceux qui ont mal géré et sans doute engagé le club sur une voie de garage ? C’est comme le problème du professionnalisme de façade qui nous coûte des milliards de dettes, parce que ceux qui accèdent à cette catégorie ne répondent pas aux critères exigés et que la fédération concernée ferme l’œil.Le résultat est le même : des milliers de jeunes dans la rue.
Le mauvais entretien
Dans l’état actuel des choses, nous devons équiper les écoles, collèges, lycées et universités du minimum pour qu’ils puissent «faire du sport». Et ce que nous avons fait jusque-là n’est pas très brillant. Bon nombre de ces établissements ne possèdent pas une infrastructure adéquate. Ils sont tributaires des installations municipales qui, d’une part, ne sont pas exemptes de reproches et, d’autre part, ne sont pas toujours disponibles ou en mauvais état parce que mal entretenues. Et c’est ce qui s’est traduit par des statistiques ridicules qui ont donné ce 84 pour cent des Tunisiens qui ne font pas du sport. Deuxième conséquence, ce choix de s’appuyer sur les associations sportives et les clubs sans moyens, désargentés et criblés de dettes pour la majorité, a fini par ouvrir un boulevard pour l’émergence de ces «académies» qui ont instauré une troisième voie. Un secteur « privé » et payant pour ceux qui ont de l’argent, beaucoup d’argent pour y inscrire leurs enfants. Avec un aboutissement qui remet en question bien de nos convictions. Ce sport à deux vitesses, en fait, personne n’en veut. Cette situation a tendance à réduire encore davantage les champs de prospection et de limiter les grands choix pour des disciplines sportives qui ont besoin de jeunes répondant à des critères physiologiques et techniques bien définis. D’ailleurs, il serait intéressant de savoir et de connaître le nombre d’éléments fournis par ces académies au sport national. En fin de compte, c’est la vraie finalité. A moins de considérer ces entités que nous devons encourager, encadrer, mais contrôler, un moyen de résorber le chômage au niveau des enseignants et des entraîneurs formés et de fournir un choix supplémentaire pour les parents. En effet, il faudrait ne pas perdre de vue que bien des clubs, faute de moyens financiers et d’encadrement, sont devenus infréquentables. C’est la raison pour laquelle nous soutenons plus que jamais que nous devons investir dans le milieu scolaire et universitaire.Si des nations, de grandes nations, l’ont fait, c’est que c’est du sérieux. Nous continuons à vivre en vase clos et à nous contenter de cette séparation entre le sport civil et le sport scolaire et universitaire. Pour un pays qui a des priorités, qui ne dispose pas de beaucoup de moyens, mais qui est bien obligé d’organiser un troisième milieu convenable pour ses futures générations, il y a lieu de savoir choisir des options aussi viables que rentables. C’est la raison pour laquelle, indépendamment des infrastructures lourdes, comme les stades ou salles couvertes, répondant aux normes internationales, nous devons opter pour des installations légères, à base de nouveaux matériaux économiques mais solides et donc rentables.
La question de la rentabilité
Cette rentabilité se mesure à l’aune des résultats que l’on recueille et du taux de fréquentation. A titre d’exemple, voyons les résultats qu’ont donnés les salles que l’on a construites pour les sports de combat à la Cité des sports d’ El Menzah. Des médaillés olympiques tout simplement. Reste le choix des lieux d’implantation qui devraient répondre à cette proximité qui favorise les féminines, sécurise et encourage la fréquentation. Il n’y a pas mieux que de se rapprocher autant que possible des établissements scolaires et des Maisons des jeunes déjà en place. Ces installations légères, qui ne coûtent pas cher mais dont la rentabilité est évidente, pourraient servir aussi bien pour les scolaires que pour les civils ou pour le sport corporatif qui en a besoin. Pour ces installations de proximité, les banques, assurances, entreprises, etc, pourraient être mises à contribution pour leur édification en contrepartie d’une autorisation d’accès. Le sport corporatif éprouve en effet bien de difficultés pour trouver des terrains pour ses différentes activités. Bien entendu, une révision de toute une politique sportive (il est temps de la faire) nécessite une réflexion. Il faut plancher dessus en faisant appel, non pas aux ronds de cuir qui ne souhaitent que tout se fige par paresse et incompétence, mais à des jeunes qui ont fréquenté les universités américaines, françaises ou autres et qui y ont vécu en tant qu’universitaires et en qualité d’athlètes d’élite. Cela revient à dire que nous continuerons à gérer ces trois secteurs du sport tout en investissant le gros de nos moyens en scolaire et universitaire, creuset de nos générations montantes. Un secteur que nous contrôlons directement, grâce aux enseignants spécialisés qui sont, qu’on le veuille ou non, les plus appropriés pour prospecter et orienter les meilleurs. De toutes les manières et pour prendre date, gérer tel que nous le faisons actuellement équivaut à une perte de temps que nous sommes déjà en train de payer, en perdant progressivement toutes nos places fortes.