Accueil Economie Stratégie industrielle et d’innovation : Une feuille de route pour la relance économique

Stratégie industrielle et d’innovation : Une feuille de route pour la relance économique

La stratégie industrielle et d’innovation à l’horizon de 2035 représente une approche agile qui succède à la stratégie de 2016 du ministère de l’Industrie, intervenant en réponse aux changements mondiaux.

La Presse — En 2017, la Tunisie a lancé une initiative ambitieuse visant à redynamiser son secteur industriel à travers l’élaboration d’une « Stratégie industrielle et d’innovation ». Un projet novateur dont l’objectif est de renforcer la compétitivité du pays, de stimuler l’exportation, de favoriser l’innovation. Dans ce cadre, Mustapha Boubaya, expert et consultant en appui à la gestion du projet d’élaboration de la nouvelle stratégie durant les années 2018, 2019 et 2020, a rappelé que l’objectif du projet est de doter la Tunisie d’une Stratégie industrielle et d’innovation accompagnée d’un plan d’action et d’un plan de communication à l’international. Cette stratégie vise à redynamiser l’activité industrielle et à renforcer sa contribution à la concrétisation des priorités nationales, à savoir  la création d’emplois durables et qualifiés, le développement des régions prioritaires, l’accroissement des exportations, l’innovation et le développement technologique, ainsi que l’accélération de la croissance économique.

Trois objectifs principaux

« La conception d’une Stratégie industrielle est sans précédent en Tunisie, le pays n’ayant jamais disposé d’un tel instrument de pilotage stratégique pour son secteur industriel, qui contribue pour plus d’un quart du PIB, représente plus de 40 % des exportations et emploie près d’un tiers de la population active », a expliqué Boubaya. D’après lui, il s’agit d’une initiative exceptionnelle malgré diverses politiques industrielles mises en place depuis les années 1960, ainsi qu’un projet de « Stratégie industrielle nationale à l’horizon 2016 » élaboré en 2008-2009. Trois objectifs principaux sont visés par cette nouvelle stratégie : augmenter la part de l’industrie manufacturière dans le PIB national ; accélérer la croissance des exportations manufacturières pour améliorer la balance commerciale et les comptes extérieurs du pays et créer le maximum d’emplois qualifiés pour infléchir le taux de chômage des jeunes et contribuer au bien-être social, au développement humain et à la stabilité sociopolitique. Pour atteindre ces trois objectifs, il est impératif de baser sur cinq critères appelés « Leviers stratégiques » dans la nouvelle Stratégie. D’abord, il faut mettre en place un environnement favorable au développement des investissements économiques. Ensuite, encourager l’innovation et les transitions numérique et écologique des entreprises. Le troisième critère est le fait de donner un nouvel élan à l’internationalisation des entreprises. Aussi, renforcer de nouvelles spécialisations verticales et développer une image de marque attractive pour la Tunisie. Le cinquième levier repose sur une « Stratégie marketing » incluant une approche ciblée et une offre industrielle articulée autour des atouts du pays. Un plan marketing de 5 à 15 ans est conçu pour mobiliser les parties prenantes et garantir l’engagement autour d’un projet structurant. Il est crucial que les pouvoirs publics mettent en œuvre cette stratégie marketing et de communication, notamment par un premier plan de communication interne dès 2022, impliquant les principaux acteurs nationaux (ministères, Apii, Fipa, TIA…).

Un contexte « Vuca »

Mustapha Boubaya a souligné que, dans un contexte mondial de plus en plus « Vuca » (volatile, incertain, complexe et ambigu), une communication irrégulière et non ciblée sur la nouvelle stratégie industrielle risquerait de décourager les partenaires et investisseurs internationaux. Le manque de communication pourrait entraîner des choix stratégiques inadaptés et des leviers d’action dépassés par rapport aux opportunités saisies par les pays concurrents en Afrique du Nord et en Europe.

« Malgré la diffusion d’un « film promotionnel » en 2023, par le ministère et en 2024 par l’Instance tunisienne de l’investissement, et la publication des documents de la stratégie sur les sites officiels, il est impératif de mettre en place des instruments de pilotage pour assurer sa mise en œuvre effective.

Cela inclut la création d’une unité de gestion de la stratégie, dont les expertises seront détaillées dans les annexes deux et trois du document de stratégie. La stratégie industrielle repose sur 35 secteurs et créneaux porteurs, identifiés sur la base des avantages comparatifs et du potentiel de développement, incluant les services industriels, la transition écologique, le recyclage, l’industrie alimentaire durable et la relocalisation de certaines activités industrielles. En matière de financement, la stratégie préconise une quinzaine de recommandations pour mobiliser les financements adaptés à l’entrepreneuriat innovant, du pré-amorçage aux différentes phases de développement. Elle souligne aussi la nécessité de restructurer les institutions publiques de financement et de promotion des PME, notamment par la fusion de plusieurs agences (Sotugar, Bfpme, CDC, Apii, Apia, Fipa, TIA, Cepex, Ontt, ONA) », a mentionné l’expert.

Ainsi, la nouvelle Stratégie industrielle et d’innovation a défini des « orientations stratégiques » et a aussi formulé des « objectifs stratégiques » en s’appuyant sur des analyses quantitatives, qualitatives et comparatives. Toutefois, une meilleure planification adossée à un « plan d’adéquation objectifs-moyens » précisant les rôles, les actions et les délais aurait été souhaitable.

Les risques encourus par la Tunisie en matière d’IDE sont notamment le désintérêt des investisseurs internationaux et la perte d’opportunités industrielles profitant aux pays concurrents. Pourtant, la Tunisie dispose d’atouts indéniables : intégration euro-méditerranéenne, présence dans des chaînes de valeur internationales, infrastructures logistiques, pôles de compétitivité, et savoir-faire en communication stratégique.

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