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La violence : Est-ce un aveu d’impuissance ?

C’est avec effarement et surprise que l’on enregistre tous les jours des agressions, des crimes ou des violences.

La Presse —Presque tous les secteurs de la vie sont touchés par ces actions incontrôlées qui plongent la société dans une foule d’interrogations. A quoi est dû cet ensauvagement qui pousse ses pions tous les jours et qui déroute les plus optimistes.

Nous étions tristes rien que pour des incidents qui survenaient dans les stades. Pour un oui ou pour un non, les jets de projectiles finissent par faire des victimes. Au point que ces lieux, supposés être consacrés à l’éducation, sont devenus infréquentables.

Les derniers développements poussent vers des décisions plus sévères. Dans l’espoir que les choses se décantent et que cela aille mieux. Nos stades demeureront à  public unique. Autant dire que la solution n’est pas pour l’immédiat.

Au niveau des familles, les choses se compliquent davantage. La culture de la violence est devenue une routine dans une société qui perd progressivement ses repères. Le père, le chef de famille, est nargué. La mère, supposée trait d’union entre tous les membres d’une famille, est de nos jours contestée par des enfants que la rue déforme et pousse vers un extrémisme de mauvais aloi. Le fait que les parents soient obligés de travailler pour subvenir aux besoins de la famille a fait exploser cette cellule qui a enfanté une violence incontrôlée, devenue mortelle. Un fils vient… d’égorger sa mère  parce qu’elle lui a refusé de l’argent. C’est le comble, mais, d’après les connaisseurs de ces milieux, ce n’est pas fini. Ce n’est pas du tout facile de résorber les coups de boutoir qui ont secoué notre société durant plus d’une décennie.

 Les inégalités sociales se traduisent par une violence sociale et culturelle destructrice.

Schématisons ce qui se passe, nous explique un sociologue. A la maternelle, les uns viennent avec des vêtements signés. Lors du goûter, ils se délectent de fruits tropicaux hors de portée de certains de leurs camarades. Ils débarquent d’une voiture de luxe, alors que d’autres peinent à se couvrir ou à trouver de quoi se nourrir.  Cette inégalité scolaire est porteuse de violences réactives. A l’école, c’est déjà un lieu  où tout est à deux vitesses.

Les grèves, l’absence de prise en main, l’état d’esprit des enseignants, dont on  n’a réglé la situation que dernièrement, après dix-sept ans de lutte et de temps perdu,  pèsent sur la qualité de l’enseignement prodigué.  L’enseignant est moqué et n’est plus ce qu’il était.

Dans la rue, c’est la jungle. Les jeunes font ce qu’ils veulent. Les parents sont quelque part. Au travail ou sur les terrasses de café, c’est la même chose. La famille se retrouve pour des disputes ou pour manger et dormir. Il n’y a plus de cercle familial vertueux où le moule de la solidarité et de l’amour filial ou paternel n’est plus à l’ordre du jour.

Au travail, on ressent le relâchement qui s’est instauré. La politique a desserré la discipline. Il faut du temps pour reprendre la situation en main.

Le milieu ambiant est devenu un déclencheur de cette violence que l’on vit à chaque instant. A la télévision, il n’y a que des guerres, du terrorisme, des vols par effraction et autres méfaits que l’on se plaît à illustrer et à mettre en évidence.

En fin de compte, au vu de ce que nous vivons dans ce monde qui transpire la haine, les destructions, l’expression brutale du plus fort qui affirme pouvoir se permettre de déposséder le plus faible, de ce qui lui appartient, est un aveu d’impuissance de ceux qui prônent l’égalité, la justice et l’amour du prochain.

Lorsque l’on entend dire que l’on est en pleine guerre de libération, certains pensent que c’est de l’exagération. Pourtant, cette violence alimentée par les inégalités sociales, l’humiliation, l’exclusion, les difficultés d’intégration, représente un danger pour un pays. Prévenir, remettre à niveau les lieux devant accueillir et encadrer les jeunes et les moins jeunes, les aider à surmonter les aléas de la vie quotidienne, n’est pas chose facile. Cette démence ronge notre société et il faudrait lutter pour la contenir et y mettre un terme.

Toute cette violence, motivée par les inégalités sociales, la peur en tant que telle ou par la peur du lendemain, par tout simplement la colère, est la conséquence d’une culture.

A l’origine, nous pourrions supposer que le milieu ambiant dans lequel a vécu l’enfant qui a été témoin ou même victime des agissements du père ou de la mère s’est prêté à mimer les comportements.

L’alcool, la drogue, la prise de médicaments dont les conséquences se répercutent sur la conduite et les réactions de l’individu noircissent davantage le tableau. En milieu conjugal, la volonté de dominer l’autre s’est amplifié sous la pression de la vie quotidienne. Les statistiques de ces violences ont tendance à s’affoler au détriment de l’avenir des familles dont les liens se distendent au fur et à mesure que les désaccords se multiplient, alimentés par des troubles psychologiques qui mettent à mal la personnalité et diluent l’éthique et les valeurs.

C’est dire que presque tout est à reprendre pour réinitialiser ces valeurs, relancer cette solidarité et redonner la bonne orientation à des jeunes qui ont perdu tout repère et se contentent de naviguer à vue.

D’où l’importance à accorder à la jeunesse et aux moyens de raccommoder les liens pour espérer relancer une formation et une éducation qui ont énormément perdu de leur lustre.

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