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Tourisme – Arrêtons les effets d’annonce

Le ministère du Tourisme s’active, et c’est normal, pour couvrir tous les secteurs qui dépendent de lui. Il fut question «d’offres spéciales pour les vacances»

La Presse — Les vacances scolaires et de fin d’année représentaient, en effet, une bonne occasion pour encourager les Tunisiens à aller à la découverte de leur pays.

Cette bonne disposition a-t-elle été prise avec l’assentiment des opérateurs touristiques?

La question se pose en raison de la réalité sur le terrain.

De toutes les manières, pour que cette opération soit réaliste et efficace, il nous semble que l’on devrait tenir compte de deux facteurs au moins.

Le premier, ce qu’offrent les destinations privilégiées par les Tunisiens.

Le second jusqu’à quelle «limite» les opérateurs tunisiens sont-ils capables d’y aller pour convaincre et enlever le marché?

Et il n’y a rien de secret dans ces offres

Faute d’aller passer leurs vacances à Tozeur, Kébili, Aïn Draham ou Tabarka ou ailleurs, les Tunisiens vont en Turquie ou au Maroc. L’Europe, avec ses visas casse-tête, n’est plus à l’ordre du jour. Il y avait à une certaine époque une véritable ruée  vers le vieux continent en période de soldes. Parce que chez eux, ce sont de vrais soldes et non des ersatz qui font perdre du temps.

Pour ce faire, consultons les sites spécialisés et les publicités et voyons ce qu’offrent nos hôtels et faisons la comparaison.

A part le montant du voyage et le séjour, nous devons prendre en compte les fanfreluches  et autres achats que l’on peut faire, le dépaysement et la découverte d’une autre civilisation, d’un morceau d’histoire, d’un relent de traditions.

Le tout revient beaucoup moins cher, en comparaison de ce qu’offrent nos opérateurs par rapport à ce qu’ils proposent à ceux qui viennent passer leurs vacances chez nous.

Nous sommes bien curieux de connaître les motivations de ceux qui sont chargés d’arrêter les prix. Se servent-ils des mêmes chiffres pour calculer et prendre leurs décisions?

Au nombre de leurs motivations y a-t-il un minimum de bon sens et pensent-ils que la clientèle tunisienne est assez naïve pour ne pas se fixer des objectifs et des limites? Sont-ils convaincus que cette clientèle est aussi crédule pour prendre leurs propositions sans broncher ? A moins bien sûr que l’on ne veuille pas d’elle.

La tutelle s’est-elle contentée de promesses, ou a-t-elle eu des prix aussi précis que ceux qui ont été proposés à la clientèle étrangère ?

Voilà pourquoi il nous semble que l’on ne doit pas chicaner sur des chiffres qui nous paraissent importants.

En publiant ce que les Tunisiens ont dépensé pour leurs déplacements à l’étranger, nous pouvons établir un parallèle et tirer des conclusions.

Les chiffres provisoires de la Banque centrale de Tunisie (BCT) pour l’année 2024 relatifs à la balance des paiements font ressortir dans la rubrique des dépenses, au titre des voyages, un chiffre de 2.655,9 millions de dinars dont 1.462 MD dépensés en tourisme (allocations touristiques).

Si nos opérateurs fixaient leurs prix comme ils le font avec les étrangers qu’ils accueillent, combien de devises pourrions-nous économiser?

Comme pour l’huile d’olive

Depuis des années, les campagnes de l’huile d’olive et des dattes sont accueillies comme si c’étaient des catastrophes nationales. Ceux qui pointent le nez pour dire n’importe quoi et «fixer» des prix oublient que nous sommes douze millions, que nous plantons tous les ans des milliers et des milliers de pieds d’olivier et de palmiers dattiers et que nous aurons dorénavant les mêmes problèmes de stockage, de consommation et de vente.

A moins de tout arrêter et de ne plus mettre en valeur nos terres et nos richesses.

Côté hôtelier, on nous annonce qu’il y a des unités qui ont fermé.

Au lieu de poser le problème et de trouver des solutions, on se contente de pleurer notre manque d’ingéniosité et d’adaptation.

Pour l’huile, on avait trouvé un début de solution depuis bien longtemps

Les margarines pouvaient être faites à partir des résidus de l’huile d’olive. 

On a effectué les essais et cela avait été un succès (La Presse l’avait annoncé en son temps dans ces mêmes colonnes).

Dans la semaine, le PDG de l’ex-Stil qui allait lancer la production industrielle a été limogé et nous avons commencé  à fabriquer des margarines à partir des huiles végétales importées.

Cela résume et explique tout.

Nos unités de production doivent s’adapter pour économiser des devises, utiliser nos richesses disponibles, mettre en valeur, donner une valeur ajoutée à nos produits phares.

Ces unités hôtelières  fermées auraient dû être adaptées et mises à niveau, pour accueillir une clientèle appropriée, pour donner de l’air au secteur et permettre au citoyen tunisien qui a contribué à l’édification de ces unités de bénéficier de leurs faveurs.

En conclusion, les communiqués d’information sont bons,  mais incomplets. Tant que le citoyen tunisien demeurera la cinquième roue de la charrette, il ne sert à rien d’encombrer les médias et les réseaux sociaux avec des informations qui ne veulent rien dire.

 

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