
L’Académie parlementaire a abrité vendredi 7 mars un séminaire sur le thème : «L’intégration économique des femmes en milieu rural : commercialisation, défis et opportunités».
Organisée par le ministère des Affaires étrangères et le ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées, et le soutien d’ONU Femmes, la conférence avait des objectifs bien précis alors que le monde célèbre la Journée internationale des droits des femmes. Les organisateurs mettent en évidence l’importance de la commercialisation des produits des femmes en milieu rural comme «composante essentielle de leur autonomisation économique et un moteur pour l’économie nationale en général».
Dans son allocution inaugurale du séminaire faite depuis Djeddah, le ministre des Affaires étrangères Mohamed Ali Nafti, a tenu à insister sur le fait que le séminaire s’inscrit dans le cadre de l’initiative lancée par Son Excellence le Président de la République et plaçant l’année 2025 sous le signe du «renforcement du multilatéralisme et du soutien à la coopération avec le système des Nations unies». Pour le chef de la diplomatie tunisienne, le multilatéralisme est une option stratégique de notre pays pour trouver des solutions communes à l’ensemble des défis planétaires.
Il a par ailleurs rappelé l’engagement de la Tunisie en matière d’égalité entre les deux sexes, en soutien aux efforts de l’ONU pour l’égalité totale, qui passe sans aucun doute par l’autonomisation des femmes rurales. «Nous sommes conscients de l’importance de la coopération avec l’ONU et ses différentes agences pour atteindre ce but», a-t-il déclaré.
Le ministre a également mis en avant le pari de la Tunisie sur l’autonomisation économique des femmes en tant que choix stratégique national pour assurer la justice sociale et l’égalité des chances entre individus et régions. Il a insisté sur la nécessité d’exploiter pleinement les capacités nationales et de renforcer les partenariats avec les organisations internationales et les pays frères et amis, en cohérence avec les priorités nationales.
Par ailleurs, il a appelé à développer des solutions innovantes et à adopter des mesures concrètes qui ouvrent de nouvelles perspectives de commercialisation, particulièrement les nouvelles technologies. Il a également insisté sur la nécessité d’une approche collaborative impliquant les institutions gouvernementales, les acteurs du développement, les agences onusiennes spécialisées, le secteur privé et la société civile.
Prenant la parole, Asma Jabri, ministre de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées, a passé en revue tout ce qui a été fait par son département pour soutenir l’autonomie des femmes et leurs droits notamment. Elle a annoncé l’élaboration d’une feuille de route visant à adapter le cadre juridique pour renforcer les droits des femmes et garantir la cohésion et l’équilibre de la famille. Parmi les priorités figure l’accélération d’une réforme du système de conciliation familiale, du régime de garantie des pensions alimentaires et des indemnités de divorce, conformément aux recommandations du Conseil des ministres du 27 février dernier.
La ministre a également révélé qu’en phase avec les orientations présidentielles en matière d’inclusion économique des femmes, son département a lancé une plateforme nationale de soutien au commerce digital des produits féminins, en particulier ceux réalisés par les femmes rurales. Ce projet est mené en partenariat avec le ministère des Technologies de la communication et La Poste tunisienne, avec le concours de divers organismes concernés.
Elle a ajouté que pour l’année 2025, le ministère organise sous le slogan «Inclusion économique des femmes et des filles : identité, valorisation du patrimoine et perspectives d’investissement et de commercialisation», un salon des femmes productrices bénéficiaires des programmes d’inclusion économique, qui se tiendra du 8 au 10 mars 2025 à la salle des expositions de la capitale, en collaboration avec ONU Femmes Tunisie. Cette manifestation nationale sera accompagnée de foires régionales dans plusieurs gouvernorats.
De son côté, Sima Bahous, Directrice exécutive d’ONU Femmes, dans une allocution enregistrée, a expliqué comment le rôle de la femme rurale est crucial dans la réalisation du développement durable
Pour sa part, Céline Moyroud, Coordinatrice résidente des Nations unies par intérim, a estimé que les femmes rurales sont des actrices essentielles du domaine de l’agriculture, de la protection des écosystèmes et de la préservation des traditions. «Nous savons aussi que malgré ce rôle essentiel et central, elles continuent à faire face à des obstacles, notamment l’accès aux ressources, que ce soit l’accès à la terre, au crédit ou aux technologies modernes, à des barrières socio-économico-culturelles, à un manque de formation adaptée ou encore à l’accès au marché et ou à la commercialisation». Elle a recommandé aux présents de travailler ensemble pour relever ces défis.
Prenant à son tour la parole, Florence Basty, représentante d’ONU Femmes en Tunisie, a donné un chiffre éloquent sur la situation. En effet, elle a indiqué qu’en Tunisie, seules 5% des femmes rurales sont propriétaires de terres agricoles, alors qu’elles représentent plus de 60% de la main-d’œuvre agricole.
«Comme vous le savez, la Tunisie a le cadre légal en faveur des hommes et des femmes le plus avancé de la région. C’est donc naturellement que les deux ministères des A.E. et de la Femme aujourd’hui ont souhaité mettre non seulement à l’honneur les femmes rurales, mais également le multilatéralisme, au moment même où il semble malheureusement discuté à différents endroits», a tenu à dire Florence Basty dans son allocution.
À l’issue du séminaire, plusieurs recommandations clés ont été formulées pour renforcer l’inclusion économique des femmes rurales. Il a été préconisé d’adopter une approche de discrimination positive afin de faciliter leur mobilité et leur accès aux expositions et aux espaces de commercialisation.
L’accent a également été mis sur l’encouragement du e-marketing et le renforcement des compétences numériques des femmes rurales pour optimiser leur utilisation des plateformes de vente en ligne. Par ailleurs, il a été recommandé d’apporter un soutien accru aux femmes impliquées dans les entreprises communautaires, en facilitant le développement, le transport et la promotion de leurs produits, tout en leur offrant une formation en gestion de projet. D’un autre côté, la nécessité de mettre en place des mécanismes garantissant une production régulière et suffisante pour répondre à la demande du marché a également été soulignée. Et enfin, l’amélioration continue des conditions de travail décentes et de la mobilité des femmes actives dans le secteur agricole a été identifiée comme une priorité essentielle.