
La question des immeubles menaçant ruine qui inquiète, depuis des années déjà, tous les observateurs, devrait connaître, suite à la promulgation de la loi de juillet 2024, un dénouement heureux, à travers l’engagement d’un programme de restauration et de réhabilitation bien planifié.
Mais la tâche ne serait pas aussi facile que le pensent certains. Car il ne s’agit pas simplement de détruire et de reconstruire, mais plutôt de sauvegarder un caractère architectural, une identité culturelle et plus encore, une dimension patrimoniale.
Depuis quelque temps, les immeubles menaçant ruine, notamment au niveau du Grand Tunis, attirent toute l’attention du gouvernement. Un intérêt tout à fait légitime car ces vieilles bâtisses sont un patrimoine inestimable et plus important encore, un pan de la mémoire collective nationale.
A défaut de restauration et de sauvegarde en effet, le Grand Tunis compte aujourd’hui, selon les statistiques de la direction de l’amélioration de l’habitat, relevant du ministère de l’Equipement, plus d’un millier de bâtisses en péril, dont une grande partie nécessite une évacuation immédiate.
Un état qui perdure depuis des années, faute d’entretien permanent et d’engagement sérieux, pour ne pas dire citoyen, des services compétents.
Le diagnostic dressé par les services compétents montre clairement que les immeubles de la ville de Tunis, surtout ceux de la Médina, n’offrent plus les garanties de solidité nécessaires. Une situation qui laisse perplexe, car elle contraste avec un statut « glorieux», surtout que depuis 1979, la Médina a été classée en tant que patrimoine mondial de l’Unesco.
Ce qui inquiète encore plus, c’est surtout la progression rapide du nombre de ces bâtisses qui risque de connaître des proportions importantes, non seulement au Grand Tunis mais dans les différentes régions du pays. Et la menace pourrait être plus sérieuse surtout lequel nombre plus de 6% des bâtiments ont été construits avant 1956.
Et c’est cet état de dégradation et d’insalubrité saisissant qui a contraint nos premiers responsables à multiplier les réflexions pour apporter des réponses concrètes et positives à cette situation à risque.
D’où la promulgation, en juillet dernier, d’une loi spécifique aux immeubles menaçant ruine, imposant un programme de restauration et de réhabilitation urgent.
Ce nouveau texte détermine justement « les conditions, les modalités et les intervenants dans les bâtiments menaçant ruine, afin de les évacuer et de les remettre en état avec une restauration lourde, ou de les démolir et les reconstruire ensuite…».
Contraintes financières et culturelles
Certes, la nouvelle loi est très importante, mais elle serait une opération complexe, notamment en termes de gestion, de finalisation et de coût. Car, il ne s’agit seulement pas de détruire, de rebâtir ou encore de reconstruire, mais aussi et surtout de se conformer à un cachet architectural bien précis.
Comprendre qu’il est question de redonner vie à une structure, assurer sa fonctionnalité tout en respectant son caractère patrimonial.
Moncef Souissi, architecte, estime d’ailleurs que «la valeur immatérielle du programme de restauration et aussi importante que son côté matériel, car il est question d’une identité, d’une mémoire et toute une histoire à préserver».
Une composante technique qu’il qualifie de «très sensible, car elle nécessiterait de la précision, et de la qualification professionnelle». Il faut donc bien «choisir l’équipe qui serait en charge de l’opération».
Certains responsables de la Direction de l’amélioration de l’habitat reconnaissent, eux-mêmes, que l’opération, en soi, ne serait pas aussi facile que le pensent certains.
En effet, de l’évacuation à la restauration, en passant par le relogement, l’affaire ne serait pas de tout repos.
Hormis mis le volet technique, la question financière serait difficile, car comme l’a affirmé, il n’ya pas longtemps, Moncef Soudani, directeur de l’amélioration de l’habitat, à une radio locale, «les moyens restent timides pour intervenir rapidement et convenablement, étant donné que les municipalités n’ont pas budgétisé le programme, puisque la loi est récente». Toutefois, on apprend que cette question est plutôt provisoire, car l’Etat aurait prévu des fonds spéciaux aux municipalités concernées.
Reste alors le volet de persuasion des occupants de cette catégorie d’immeubles lesquels occupants seront certainement difficiles à convaincre, même si la nouvelle loi prévoit des sanctions financières plus au moins lourdes allant jusqu’à 5000 dinars. Un responsable municipal, préférant garder l’anonymat, assure que « la question est beaucoup plus sentimentale qu’autre chose. L’attachement social et culturel aussi bien des propriétaires que des locateurs à leurs logements est très fort.
Ce qui nécessite forcément un travail spécifique de sensibilisation et de motivation et aussi et surtout de la patience».
C’est pour cette raison d’ailleurs que la Direction de l’amélioration de l’habitat avec l’appui des municipalités et de tous les services concernés a prévu un large programme d’information et d’intéressement, à travers de multiples rencontres nationales et régionales, des visites sur le terrain et de contacts directs avec les occupants.
Montygo
11 mars 2025 à 08:09
C’est bien simple, l’état considère la destruction ou la reconstruction de ces mêmes biens à l’abandon comme cause d’utilité publique et on confie cette même destruction totale avec enlèvement des gravats à l’entreprise la moins disante après consultation.
L’Etat pourra alors bénéficier du terrain et le vendre sous forme d’appel d’offres.
On peut également proposer, toujours sous appel d’offres ou consultation selon les cas, la reconstruction à l’identique avec respect des normes et traditions architecturales à une entreprise ou à un corps d’entreprises.
Le nouvel ouvrage réhabilité pourra, à son tour faire l’objet d’une nouvelle consultation pour sa vente à des promoteurs ou à des projets privés ou son exploitation à des projets d’utilité publiques (foyers d’etudiants ou pour personnes âgées, crèches, garderies, dispensaires, etc.)
On trouvera toujours une solution si on y met du sien.