Accueil Economie Partenariat Public-Privé – Projets bloqués : Un coup d’envoi imminent ? 

Partenariat Public-Privé – Projets bloqués : Un coup d’envoi imminent ? 

Les projets en PPP doivent être accompagnés d’études de faisabilité solides afin de convaincre les investisseurs privés et de rassurer les deux parties quant à la rentabilité et au retour sur investissement. Car ces contrats sont fondés sur le principe du partage du risque autant que des bénéfices.

La Presse— La crise financière de 2008, qui a mis à mal les finances publiques des pays à travers le monde, a remis le concept du partenariat public-privé au-devant de la scène économique. C’est que ce type de partenariat gagnant-gagnant, qui permet au secteur privé de contribuer à la réalisation de grands projets d’infrastructures et d’intérêt public, a fait ses preuves à travers le monde. En 2023, plus de 86 milliards de dollars d’investissements privés ont été injectés dans des infrastructures des pays à revenu faible et intermédiaire. 

Même si en baisse de 5 % par rapport à 2022, ce chiffre met en exergue l’apport concret de ce concept au développement socio-économique de ces pays, qui sont souvent soumis à des contraintes financières. D’après les chiffres, c’est dans la région Mena que le PPP est en train de faire florès. En effet, les investissements privés dans les infrastructures dans cette région du monde ont quasiment doublé entre 2022 et 2023 passant de 1,4 milliard à 2,9 milliards de dollars, l’Egypte étant le pays qui tire le plus profit de ces investissements avec une part de 2,3 milliards de dollars mobilisés pour le financement de 6 grands projets.

Capitaliser sur les expériences du passé

Certes, le PPP n’est pas une solution miracle au manque de ressources de financement. Cependant, ces contrats, qui encadrent toutes les étapes de réalisation d’un projet, de la conception à l’exploitation en passant par le financement, reposent essentiellement sur la notion de partage du risque entre les deux parties contractantes. Ainsi, dans une logique gagnant-gagnant, la partie privée y trouve son intérêt, tandis que l’opérateur public atteint ses objectifs de développement.

Dans le contexte tunisien, il suffit d’évaluer le succès de différents projets en PPP réalisés depuis les années 90 pour déduire que ce modèle peut réussir, évidemment à certaines conditions. Car des PPP risqués, il y en a ! 

L’aéroport d’Enfidha en est un exemple éloquent. Mal conçu dès le départ, il s’est avéré que le projet n’était pas viable financièrement, comme le souligne une étude de l’Observatoire tunisien de l’économie. A l’inverse, la Centrale de Radès, le quartier des Berges du Lac…, sont souvent cités comme des références d’investissements PPP réussis en Tunisie. 

D’ailleurs, les spécialistes soutiennent que ces exemples peuvent faire tache d’huile, d’autant plus que le pays s’efforce à réussir plusieurs transformations, notamment dans les secteurs de l’énergie et du numérique et cherche à développer une infrastructure durable pour répondre aux défis sociaux émergents. A titre indicatif, un rapport annexe de la loi de finances 2021 évoque un investissement de 12,6 milliards de dinars pour financer 54 projets de partenariat programmés pour la seule période 2020-2021.

Un blocage qui persiste

Durant la décennie post-révolution, aucun projet en PPP n’a vu le jour. L’instauration de la loi de 2015, censée encadrer les contrats PPP, n’a pas été d’une grande aide : en imposant le modèle de l’Etat payeur et en excluant la partie privée de l’exploitation, elle n’a pas permis de lever le principal obstacle qu’est le financement et n’a pas rendu le modèle attractif pour les investisseurs privés. D’ailleurs, un rapport de la Banque mondiale met en évidence une augmentation moyenne de 488 millions de dollars des investissements dans les infrastructures entre 1990 et 2022 dans les pays qui ont réformé en profondeur les cadres structurants le PPP.

Même avec l’amendement qui a eu lieu avec la promulgation de la loi transversale sur l’investissement ayant permis de pallier cette lacune, les projets PPP n’ont pas décollé en Tunisie. Les spécialistes imputent, essentiellement, ce blocage à l’immaturité des projets. En effet, ces derniers doivent être accompagnés d’études de faisabilité solides afin de convaincre les investisseurs privés et de rassurer les deux parties quant à la rentabilité et au retour sur investissement. Car ces contrats sont fondés sur le principe du partage du risque autant que des bénéfices.

C’est pour cette raison que le fonds d’appui aux projets PPP a été mis en place. Créé en vertu de la loi de finances 2022, géré par l’Instance générale de partenariat public-privé et financé, entre autres, par la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), il vise à remédier à cette faiblesse en finançant ces études. De plus, la CDC s’apprête à devenir partie prenante dans des sociétés de projets en PPP en tant qu’investisseur public, renforçant ainsi la confiance entre les différents acteurs impliqués. La balle est désormais dans le camp des opérateurs publics qui n’ont qu’à activer ce potentiel encore mal exploité.

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