
Le réseau ferroviaire tunisien constitue une composante essentielle du transport national, reliant les grandes villes, les zones industrielles et certaines régions rurales. Cependant, malgré son importance historique et stratégique, il demeure limité en termes d’étendue et de modernisation.
En Tunisie tout comme dans le reste du monde, le chemin de fer ne symbolise plus la révolution industrielle comme au XIXe siècle. Il incarne plutôt un choix de civilisation qui s’offre à l’humanité, un bien commun à reconstruire et développer pour affronter les défis du XXIe siècle. Le réseau ferroviaire tunisien constitue, lui, une composante essentielle du transport national, reliant les grandes villes, les zones industrielles et certaines régions rurales. Géré principalement par la Société nationale des chemins de fer tunisiens (Sncft), il joue un rôle crucial dans le transport des passagers et des marchandises. Cependant, malgré son importance historique et stratégique, il demeure limité en termes d’étendue et de modernisation.
Insuffisant et vétuste
La Tunisie possède un réseau ferroviaire de plus de 2.000 km de voies ferrées réparties en deux types d’écartement : un écartement normal (1,435 mètre), utilisé principalement dans les grandes lignes reliant Tunis aux régions du Nord (Bizerte-Ghardimaou). Et un écartement métrique (1 mètre), couvrant une grande partie du pays (le Sud et le centre), notamment les régions intérieures et minières.
Les principales lignes ferroviaires desservent Tunis, Sousse, Sfax, Gabès. Il s’agit d’un axe stratégique pour le transport des passagers et des marchandises. Il y a également Tunis-Bizerte, une liaison régionale importante pour l’économie du Nord. L’autre desserte est Tunis-Ghardimaou, reliant l’Algérie via la frontière ouest. Et enfin l’axe Sfax-Gafsa-Tozeur, essentiel pour le transport des phosphates et autres minerais. Malgré ces lignes, de nombreuses régions restent enclavées et peu desservies par le train, notamment dans le sud et l’extrême Nord-ouest du pays.
Par ailleurs, et en ce qui concerne le transport ferroviaire de passagers, assuré également par la Sncft, qui exploite plusieurs services: les trains grandes lignes reliant les principales villes du pays. Le réseau de la banlieue de Tunis, qui dessert des villes comme Borj Cédria, Hammam-Lif et Erriadh, en plus de la ligne de métro du Sahel qui assure la liaison entre Sousse, Monastir et Mahdia. Bien que les trains soient une solution économique aux autres moyens de transport, le service souffre de retards fréquents, d’un manque de confort et de la vétusté du matériel roulant.
Un atout pour l’économie
Le réseau ferroviaire tunisien joue un rôle clé dans le transport des marchandises, notamment les phosphates et produits miniers, principalement transportés depuis Gafsa et Métlaoui vers les ports de Sfax et Gabès, les hydrocarbures et produits industriels, qui bénéficient d’une logistique ferroviaire efficace et les céréales et produits agricoles, qui sont acheminés vers les zones de consommation et d’exportation.
Toutefois, la concurrence avec le transport routier, jugé plus flexible, limite le développement de ce secteur. Le réseau ferroviaire tunisien fait face à plusieurs défis, dont une infrastructure vieillissante, nécessitant une modernisation urgente, un manque de financement, freinant les projets d’extension et de rénovation, une faible électrification des lignes, rendant l’exploitation plus coûteuse et moins écologique et une intermodalité insuffisante, avec peu de connexions efficaces entre le train et les autres modes de transport (bus, tramway, taxis).
Cependant, plusieurs projets sont en cours pour améliorer la couverture ferroviaire: le projet RFR (Réseau Ferroviaire Rapide) à Tunis, qui vise à moderniser et étendre le réseau de banlieue, l’extension du réseau vers le sud, avec des études pour prolonger les lignes existantes, et la modernisation des gares et du matériel roulant, pour améliorer le confort et l’efficacité du service.
Le réseau ferroviaire tunisien reste, in fine, un élément central du transport national, bien que limité en termes de couverture et de modernisation. Avec des investissements appropriés et une meilleure gestion, il pourrait devenir un levier majeur du développement économique et social du pays. La modernisation des infrastructures, l’amélioration de la qualité du service et l’expansion du réseau sont des étapes essentielles pour renforcer le rôle du train dans la mobilité des Tunisiens et le transport des marchandises.
Une solution rapide, sécurisée et écologique
Mais pourquoi faut-il en réalité développer le réseau ferroviaire tunisien ? Selon les spécialistes, ce dernier doit être soutenu en raison des nombreux avantages qu’il offre et qui en font une option efficace et durable face aux autres modes de transport. Il s’agit, tout d’abord, d’un mode de transport rapide et fiable. Le train est jusqu’à deux fois plus rapide que le transport maritime.
C’est le mode de transport à privilégier pour une expédition rapide d’une grande quantité de marchandises. D’après les experts, il est le mode de transport le plus sûr. Le transport ferroviaire enregistre cinq fois moins d’accidents par tonne transportée que par véhicule routier. Les déraillements ou les collisions avec un obstacle sont des événements isolés.
Le transport de marchandises par train a donc un niveau de sécurité optimale. De plus, les vols de conteneurs expédiés par fret ferroviaire sont peu fréquents. Il est, en effet, plus difficile de s’approcher d’un train ou d’essayer de décharger un conteneur. D’autre part, le transport ferroviaire de marchandises peut permettre de réaliser de belles économies.
Cela est possible grâce au groupage de transport. Transporter les marchandises de plusieurs entreprises dans le véhicule d’un seul transporteur limite les coûts de transport puisqu’ils sont partagés entre tous les bénéficiaires du fret. Il faut également noter que le transport ferroviaire de marchandises est écologique.
En effet, c’est l’un des moyens de transport qui produit le moins d’émissions de CO2. C’est une solution de transport durable face aux changements climatiques. Le transport ferroviaire utilise moins d’espace que la route grâce à sa forte capacité d’emport. Il a donc moins d’impact sur l’environnement, ce qui est favorable pour la préservation de la biodiversité et le développement des activités agricoles. Enfin, le dernier avantage du transport ferroviaire est lié au volume de marchandises pouvant être transporté. Avec une capacité de 100 m3, un wagon de fret standard peut transporter entre 50 et 60 tonnes de marchandises. C’est deux fois plus que ce qui peut être transporté par un camion.