
Ramadan 1496, c’est du domaine du passé. Tout a été fait pour que l’approvisionnement du marché soit effectué au mieux possible. Sans pour autant tomber dans une béate satisfaction, presque rien n’a manqué. Les autorités, tous ceux qui ont préparé ce rendez-vous sacré, ont réussi dans leur tâche. Si un produit n’était pas sur l’étalage d’un lieu donné, il est certainement disponible ailleurs, sans avoir à faire ces courses effrénées ni souffrir des attentes longues et pénibles.
Et maintenant, après les listes fournies par les différentes régions et zones contrôlées, nous disposons des éléments de réponse à bien des questions. Les autorités compétentes sont en mesure de tirer un certain nombre de conclusions pour assurer l’avenir.
Mettons les chiffres, toujours rébarbatifs, de côté et examinons les orientations prises par ceux qui ont fauté et qui sont tombés entre les griffes des contrôleurs économiques. Il n’en demeure pas moins qu’avec un nombre plus important de contrôleurs, on aurait pu avoir d’autres statistiques. Mais… On ne peut mettre un contrôleur devant chaque commerce légal ou ouvert juste pour Ramadan.
Comment se protéger
Toujours est-il que hausse des prix, absence de factures, absence d’étiquettes, pesage, produits interdits à la vente, tromperie, qualité des fruits et légumes, produits d’épicerie, viandes, pain et pâtisserie, café et saisies de certaines marchandises ont été les principales niches dans lesquelles se sont vautrés les spéculateurs de cette année.
La question qui se pose à ceux qui auront à préparer la prochaine campagne, est la même que celle que se pose une personne sensée après avoir parcouru les premiers bilans et statistiques énoncés par l’autorité de tutelle: comment se protéger face à ces tristes personnages qui attendent un mois saint pour se faire de l’argent sale?
En effet, avec les nombreux dépôts clandestins démasqués avant Ramadan, les réseaux qui évoluaient comme un poisson dans l’eau se sont retrouvés bien déboussolés par les descentes aussi efficaces que douloureuses. Des dépôts, il y en aura certainement d’autres. Mais ils seront débusqués une fois que l’on procédera à la numérisation que l’on a annoncée.
La numérisation, et après?
Cette approche ne sera efficace qu’à la condition de prendre en main les entrées et sorties des marchés municipaux.
En effet, un camion qui quitte le marché central avec des produits figurant sur une facture numérisée, en règle, répondant à toutes les conditions de traçabilité de son chargement, de l’origine, du prix, du numéro du véhicule, de l’identité du transporteur, etc., censé se rendre au marché, disons de l’Ariana, peut y aller directement ou passer par un dépôt clandestin où il prendra en charge une autre marchandise.
Cette marchandise pourrait ne pas répondre aux conditions d’hygiène, être d’une qualité inférieure, achetée sur pied et hors circuit. Mélangée, elle pourra être déchargée sans difficulté, là où l’attendent ceux qui, sans scrupule, vont les fourguer aux consommateurs qui seront incapables de se rendre compte de quoi que ce soit.
C’est la raison pour laquelle nous avons déjà appelé à responsabiliser les gérants des marchés. Si la municipalité en est incapable pour une raison ou une autre, c’est au département du Commerce de trouver la solution. L’entrée de la marchandise doit être contrôlée. C’est une condition sine qua non de tout plan mis en place pour organiser ce secteur.
Il est en effet inutile de faire tous ces efforts pour assainir le circuit de distribution, sans que le protocole soit complet et engage toutes les parties prenantes de la filière.
Indépendamment de cet aspect de la question, la mobilité de la marchandise et des produits est à mettre au point.
Comment peut-on accumuler des tonnes de lait, de sucre, de pâtes, de café, de poulet ou autres sans qu’il y ait complicité ?
La numérisation est la bienvenue, mais c’est la suite de la démarche qui est importante.
En assainissant le circuit, on facilite le contrôle et on l’allège. Des étiquettes non mises en place?
Le gérant du marché, responsable, est en mesure de tout régler sans attendre le contrôle.
La hausse des prix? Le personnel chargé du marché pourra également être en mesure de s’en apercevoir. Il devrait être en droit de remettre les choses en ordre, toujours sans attendre la visite des services de contrôle.
Sans cela, combien d’infractions pourraient passer entre les mailles du filet? N’oublions pas que ces équipes de contrôle, qui n’ont pas le don d’ubiquité, ne peuvent tout faire. Question de nombre, de temps, d’effort et surtout de capacité humaine et logique.
Le milieu ambiant
Reste les autres créneaux des secteurs où il y a des choses à reprocher. Celui de l’éthique. Un marché municipal est un lieu considéré comme protégé. Les spéculateurs n’ont rien à y faire.
Aux côtés de la numérisation, on pense encourager un certain nombre d’intermédiaires actuels à intégrer le circuit. Tout ce qui met un terme au doute et à l’absence de traçabilité et de transparence est la bienvenue, mais il faudrait avant tout préparer le milieu ambiant dans lequel chacun jouera son rôle. Sans quoi, les failles se chargeront de fausser toutes les prévisions.
Ce circuit qui ne date pas d’aujourd’hui a permis l’éclosion de véritables fortunes mal acquises qui ont pénalisé lourdement le consommateur.
Il est donc temps de reprendre les choses en main. Dans l’intérêt de toutes les parties prenantes de ce secteur important dans la vie de tout père de famille.