
Au lendemain du congé de l’aïd, jeudi 3 avril prochain, un collectif d’avocats (bénévoles), conduit par Me Imed Ben Halima, introduira auprès du procureur de la République du tribunal de Première Instance de Tunis au nom de l’association « les Amis de Carthage » une plainte pour non-exécution d’un ordre d’évacuation et occupation illégale d’un terrain archéologique situé sur la commune de Carthage.
Cette plainte vise, bien entendu, l’occupant d’un terrain classé archéologique attesté après enquête bien domanial par la direction régionale des Biens de l’Etat. Cet occupant a non seulement refusé de se conformer à l’ordre d’évacuation émis par le gouverneur de Tunis mais s’est même empressé de rétablir la clôture qu’il avait érigée après sa destruction par l’autorité publique.
La plainte vise également les secrétaires généraux qui se sont succédé à la mairie de Carthage depuis le 14 janvier 2011 ainsi que les deux « délégations spéciales » qui y ont remplacé les conseils municipaux, la maire de la localité à partir de 2018,les délégués et les cinq gouverneurs qui ont présidé l’administration locale et régionale depuis la Révolution.
Cette action s’explique par les différentes démarches entreprises en vain par l’association depuis une dizaine d’années auprès de ces diverses instances pour attirer leur attention sur la gravité de cette transgression de la loi sur la protection des biens domaniaux et du patrimoine archéologique.
Le terrain d’environ un hectare et demi a été aménagé en parc de loisirs par son occupant, désigné par ses adversaires, par « le nouvel empereur de Carthage ». Toutefois il ne semble pas avoir été mis en service, son accès ayant été jusqu’ici interdit par une forte clôture d’épineux et défendu d’accès par des chiens malinois. C’est cet « obstacle » qui est évoqué pour expliquer le non-aboutissement des démarches de l’association auprès des différentes instances, en particulier la mairie et l’Institut national du Patrimoine (INP).
Quoi qu’il en soit, la Justice dira son mot suite à la plainte qui sera déposée jeudi prochain. Après, chacun saura à quoi s’en tenir. En attendant, il est sain que l’association des Amis de Carthage ait entrepris une telle démarche. Ceux qui seront à l’avenir tentés de faire fi de la loi réglementant le foncier et l’aménagement urbain dans le périmètre carthaginois auront été prévenus que, même par temps de permissivité, il est des vigiles qui veillent et qui défendront bec et ongles l’intégrité de l’héritage sacré légué par les ancêtres et que, tôt ou tard, ils seront rattrapés par leurs méfaits.