Accueil A la une Commentaire – évacuation des camps de migrants clandestins aux environs de Sfax : En total respect de la dignité des subsahariens

Commentaire – évacuation des camps de migrants clandestins aux environs de Sfax : En total respect de la dignité des subsahariens

L’évacuation des camps de migrants africains subsahariens à El Amra et à Jebiniana a débuté jeudi dernier. Trois camps ont déjà été démantelés, dont l’un abritait à lui seul 4 mille migrants clandestins. Aux dires de sources autorisées sur place, la majorité d’entre eux ont exprimé leur souhait de rentrer dans leurs pays d’origine. Ils ont même sollicité, en grand nombre, les organisations onusiennes pour leur garantir le droit de retour au pays après avoir échoué à rejoindre l’Europe. A preuve, les files de migrants subsahariens devant les sièges du Croissant-Rouge et de l’Organisation internationale pour les migrations, en plus des postes de police de Jebiniana et Sfax. Les migrants sollicitent le retour au pays et, entretemps, d’être hébergés provisoirement avant leur départ.

Aux dires de M. Houssem Eddine Jebabli, porte-parole de la Direction générale de la Garde nationale, l’opération est supervisée et coordonnée au plus haut niveau : «Le Président de la République suit de très près ce dossier, soit à travers les hauts cadres sécuritaires de Sfax, soit par la coordination permanente avec les pays concernés par la migration et la procédure d’aide au retour volontaire des migrants en situation irrégulière», a-t-il souligné dans des déclarations à la Télé nationale 1 et à l’agence TAP.

L’opération, affirme-t-il, est pacifique et axée sur les retours volontaires, en étroite collaboration avec l’organisation onusienne et les Etats concernés. Il précise toutefois que certains migrants subsahariens pris en possession d’armes blanches ont été arrêtés et font l’objet de rapatriements forcés. A l’en croire, certains d’entre eux sont même impliqués dans des réseaux transnationaux qui les exhortent à semer la zizanie et à entretenir les violences tant aux environs de Sfax qu’ailleurs.

L’opinion, elle, est partagée entre ceux qui poussent un ouf de soulagement et ceux qui, malgré tout, demeurent sceptiques. «A la bonne heure», clament les uns, «c’est de la poudre aux yeux», assènent d’autres. Pour les premiers, ce faisant, l’Etat tunisien tranche net avec une attitude jugée jusqu’ici moue sinon laxiste. Pour d’autres, les migrants clandestins vont tout simplement rappliquer ailleurs, à l’insu des autorités sinon de mèche avec ceux qui se seraient tout bonnement contentés de les disperser ailleurs. Une manière de calmer les esprits des populations locales dont les demeures et surtout les champs d’oliviers ont été squattés et fortement abîmés par les milliers de migrants clandestins qui y ont élu demeure. Certains de ceux-ci ont en fait pu, depuis deux jours, accéder à leurs propriétés agricoles dont ils ont été chassés ou empêchés d’accès des années durant.

Observée de loin, l’opération a tout lieu de s’apparenter à une opération coup de poing dans un gant de velours en quelque sorte. Et pour cause.

Jusqu’ici, la Tunisie a dû faire face, seule, à un afflux massif de migrants clandestins impliquant plusieurs intervenants internationaux et une dimension géopolitique à géométrie variable. En premier lieu, les Etats européens, prétendument démocratiques, se sont érigés en véritable forteresse cadenassée. Ils ont tenté de surcroît d’ériger la Tunisie en gendarme gardien de leurs frontières doublé soit d’un vaste camp de concentration, soit d’une place-forte d’assimilation de centaines de milliers d’immigrés subsahariens clandestins. «Après moi le déluge, débrouillez-vous», nous a signifié l’Europe frileuse et étrangement peu soucieuse en matière de standards internationaux des droits de l’homme. Sachant que l’occupation européenne de l’Afrique des siècles durant, en plus du pillage de ses ressources et du maintien d’une politique néocoloniale avérée vis-à-vis des Etats africains au fil des décennies, est quelque part à l’origine de la misère qui fait fuir des centaines de milliers d’Africains en quête des attributs d’une vie digne. A titre d’exemple, parmi tant d’autres, l’uranium nigérien alimente 20% des centrales nucléaires françaises pourvoyeuses d’électricité tandis que 87% des populations du Niger n’ont pas accès à l’électricité !

Il y a également les réseaux du crime organisé transnational de traite et de trafic d’organes des migrants clandestins, dont les instigateurs et les pontes sévissent le plus souvent en Europe avec comptes juteux dans les paradis fiscaux européens en prime. Certains d’entre eux se présentent comme des organisations caritatives et sont présents dans une trentaine de pays, notamment européens. Des réseaux dont les médias européens les plus réputés tiennent la vérité sous une véritable chape de plomb. Et, bien évidemment, ces réseaux-ci ont noyauté en partie des partis politiques, des organisations internationales et certaines ONG complices sinon carrément aux ordres. C’est dire que certaines instances médiatiques et associatives ne sont pas si innocentes qu’elles ne le paraissent de prime abord. La Piovra a ses tentacules partout.

Bien évidemment, la Tunisie a répliqué aux propositions indécentes européennes par la fameuse réponse du berger à la bergère. On n’est jamais si bien servi que par soi-même… Vos gendarmes vous suffisent… Sachez en outre que nous sommes nord-africains et que notre pays —l’Africa des Romains et l’Ifriqiya des Arabes— a donné son nom à tout le continent… Pas moi, pas ça…

Il faut savoir en outre qu’au cours du premier trimestre 2025, on n’a guère enregistré d’entrées de migrants clandestins en Tunisie, leur point d’accès principal étant du côté des frontières centre-ouest du pays. Comparativement, en janvier 2024, pas moins de 3.600 migrants clandestins sont rentrés en Tunisie en seulement dix jours. En même temps, les migrants clandestins désespèrent désormais de pouvoir se rendre en Europe. Raison pour laquelle un très grand nombre d’entre eux sollicitent les autorités et les organisations onusiennes pour leur garantir le droit de retour au pays après avoir échoué à rejoindre l’Europe.

Pour l’instant, l’évacuation des camps de migrants africains subsahariens a débuté aux abords de Sfax, à El Amra et à Jebiniana notamment. «Elles se poursuivra ailleurs dans différentes régions du pays», a déclaré hier un très haut responsable de la Garde nationale. Quelle que soit son issue, l’essentiel c’est qu’elle a débuté. Et surtout, surtout, qu’elle a lieu en total respect de l’intégrité physique et morale et de la dignité des Africains subsahariens qui ne sont, tout compte fait, que des victimes d’un système international cruel et si soucieux de profits que les êtres humains en font les frais en tant qu’objet de trafics sordides et inhumains.

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