
La semaine dernière, 15 constructeurs automobiles, parmi lesquels Volkswagen, Renault-Nissan, Stellantis, Ford, BMW ou encore Toyota ont été épinglés par l’Union européenne et condamnés à une amende de 458 millions d’euros, pour « entente sur le recyclage des automobiles ».
Selon les enquêteurs européens, pendant 15 ans (entre 2002 et 2017), ces entreprises se sont mises d’accord pour ne pas payer les centres de démontage pour le traitement des véhicules hors d’usage (VHU). Plus précisément, elles ont estimé que le recyclage des VHU était une activité suffisamment rentable et ont donc décidé de ne pas rémunérer les centres de démontage pour leurs services, une approche appelée «stratégie du coût de traitement zéro ».
Mais qu’est-ce que cette stratégie du « coût zéro », utilisée souvent par les multinationales pour une meilleure gestion financière ? L’idée, selon ses concepteurs, est d’améliorer la performance d’un actif à travers une décision commerciale ou non commerciale qui ne coûte absolument rien à l’exécution. Comment ça marche ? Même si l’application est complexe, le principe est extrêmement simple, car il s’agit d’une forme d’optimisation des coûts.
Dans un contexte commercial, la stratégie « Zero-Treatment-Cost » est un modèle dans lequel l’entreprise cherche à minimiser ou carrément éliminer les coûts opérationnels (tendre vers zero), particluièrement les coûts liés au service clients, à la livraison de produits et à la gestion des traitements ou retours produits (service après-vente notamment). Les spécialistes appellent cela « une rationalisation des processus », ou la révision de certaines procédures et pratiques commerciales.
Par exemple, une entreprise pourrait automatiser certains aspects de la gestion des stocks, du service clients pour réduire ainsi les besoins en personnel et minimisant les erreurs humaines et, par conséquent, réduire drastiquement les coûts de fonctionnement.Une autre manière de réduire la facture est de mettre en place des solutions de self-service pour les clients, leur permettant de résoudre des problèmes courants sans l’intervention humaine et, par conséquent, aucun salaire et charges connexes, mais également, pour le client un sentiment d’amélioration du service à travers un service plus rapide et plus autonome.
Dans ce domaine, Amazon est une entreprise précurseure et ingénieuse en termes d’optimisation des coûts et des processus grâce à la technologie. Le géant du commerce en ligne a mis en place des systèmes automatisés de gestion des stocks et de traitement des commandes, ce qui réduit considérablement le recours à une main-d’œuvre humaine dans ses entrepôts. , les robots dans les centres de distribution permettent de déplacer des articles plus rapidement et de manière plus efficace que les employés humains, ce qui, tout calcul fait, réduit les coûts de traitement des commandes.
L’autre versant de cette stratégie (et c’est d’ailleurs ce qui est évoqué par l’UE dans son enquête sur l’industrie automobile) est d’éviter des actions correctives coûteuses. Dans ce cas précis, la stratégie «Zero-Treatment-Cost» a été mise en œuvre de manière à éliminer les coûts associés au traitement des véhicules en fin de vie (ELVs) par les démanteleurs de voitures.
En adoptant cette approche, les entreprises ont pris la décision (en cartel) de ne pas rémunérer les démanteleurs pour leurs services de traitement des véhicules. Elles ont estimé que le recyclage des véhicules en fin de vie (ELVs) était suffisamment rentable pour que ces démanteleurs ne soient pas de rémunérés, en raison des profits générés par le recyclage des matériaux récupérés. Concrètement, cela signifie qu’elles ont réduit ou supprimé les paiements traditionnels qui étaient effectués pour le traitement des ELVs (alors que la loi européenne l’exigeait), considérant que les bénéfices du recyclage des matériaux (comme les métaux, plastiques, etc.) étaient suffisants pour couvrir les coûts d’exploitation des démanteleurs.