
La Tunisie commémore aujourd’hui, 6 avril 2025, le 25e anniversaire de la disparition de Habib Bourguiba, le premier président de la République tunisienne et le principal architecte de l’État moderne. Né le 3 août 1903 à Monastir, Bourguiba a marqué l’histoire de la Tunisie par son engagement en faveur de l’indépendance, ses réformes sociales audacieuses et sa vision moderne de l’État.
Un parcours de lutte pour l’indépendance
Issu d’une famille modeste, Habib Bourguiba poursuit ses études à l’Institut Sadiki de Tunis, puis à la Faculté de droit et des sciences politiques de Paris. À cette époque, il se forme aux idées de la modernité et de l’indépendance des peuples. Après son retour en Tunisie, Bourguiba s’engage activement dans la lutte pour la liberté de son pays sous domination coloniale française. En 1934, il fonde le Parti Néo-Destour, qu’il transforme en Nouveau Parti libéral constitutionnel, avec pour objectif la libération nationale.
Son engagement, marqué par une stratégie à la fois politique et diplomatique, fait de lui une figure centrale du mouvement pour l’indépendance. Après plusieurs années de lutte et de négociations avec la France, la Tunisie obtient son indépendance le 20 mars 1956. Le 25 juillet 1957, Bourguiba abolit la monarchie et proclame la République tunisienne, devenant son premier président.
Réformes sociales et modernisation de la société tunisienne
Dès son accession à la présidence, Habib Bourguiba se lance dans une série de réformes pour moderniser la Tunisie et la transformer en un État laïque et moderne. L’un de ses plus grands accomplissements reste le Code du statut personnel, adopté en 1956, qui fait de la Tunisie l’un des pionniers dans le monde arabe en matière de droits des femmes. Ce texte révolutionnaire a interdit la polygamie, a instauré des droits égaux pour les femmes en matière de mariage et de divorce, et a contribué à leur insertion dans le monde du travail et de l’éducation.
En parallèle, Bourguiba met en place une politique éducative ambitieuse, avec la création d’un système éducatif laïque et gratuit. Grâce à cette réforme, le taux d’alphabétisation, qui était de 24 % en 1956, dépasse les 70 % dans les années 1980. Bourguiba favorise également l’accès à la santé pour tous, en développant le système de santé publique et en construisant des hôpitaux et des centres de soins dans tout le pays.
Sous la présidence de Bourguiba, la Tunisie entame une phase de modernisation de ses infrastructures. Le pays investit massivement dans les secteurs du transport, de la communication et de l’énergie. Bourguiba œuvre pour une industrialisation progressive, tout en soutenant une politique de réformes agricoles pour améliorer la productivité du secteur. Son action permet à la Tunisie de se positionner comme un modèle de développement dans le monde arabe.
Sur la scène internationale, Bourguiba adopte une politique de neutralité active, cherchant à établir des relations équilibrées avec les grandes puissances tout en défendant les intérêts des nations nouvellement indépendantes.
Aujourd’hui, 25 ans après sa disparition, Habib Bourguiba demeure un symbole de modernité et de progrès en Tunisie. Son héritage continue de marquer la société tunisienne, qui lui rend hommage pour avoir fondé l’État moderne et promu des valeurs d’émancipation, d’éducation et de développement.