Accueil Culture Amira Ghenim décroche le Prix Fragonard de littérature étrangère : Une nouvelle consécration

Amira Ghenim décroche le Prix Fragonard de littérature étrangère : Une nouvelle consécration

Saluée par la critique, d’ici et d’ailleurs, elle a aussi obtenu en octobre dernier « le prix de la littérature arabe 2024 » attribué par la fondation Jean Luc Lagardère et l’Institut du monde arabe, après avoir figuré sur la liste restreinte du Prix international de la fiction arabe en 2021 (Booker) et avoir raflé le prix du jury du Comar 2020.

« Recevoir un prix littéraire est toujours un honneur, une expérience unique à la saveur douce et particulière. Mais recevoir le Prix Fragonard, c’est — en plus de la la saveur — vous l’aurez sans doute deviné,  une odeur, une senteur qui reste en mémoire délicate, fraîche et aérienne. On dit souvent qu’un parfum est une histoire, il a un début, une évolution et une note finale, il est donc presque évident qu’une maison de parfum qui compose de si belles histoires olfactives soit celle qui célèbre l’art de la narration.

Et c’est peut-être là, au croisement de la narration et du parfum, que se joue la magie de la littérature. Comme un parfum, un récit se compose de couches succesives de notes qui s’adressent à l’autre et se révèlent avec le temps, laissant une empreinte dans la mémoire. Comme un grand parfum, un bon roman ne se contente pas d’une empreinte fugace ou d’une séduction instantanée et éphémère.

Un grand roman comme un grand parfum habite, obsède et revient. Mon expérience avec l’écriture est en quelque sorte semblable à celle d’un compositeur de parfum. Comme vous, chez Fragonard, j’assemble des odeurs pour tirer des harmonies, fixer une émotion et créer un monde,certes éphémère, mais percutant », c’est par ces mots que la romancière tunisienne, Amira Ghenim, a accueilli sa distinction par le Prix Fragonard de littérature étrangère pour « Le Désastre de la maison des notables » (éd. Philippe Rey), lors d’une cérémonie qui s’est tenue le 3 avril dernier au musée du parfum à Paris.

Créé en 2022 par la maison de parfumerie Fragonard, ce prix récompense une œuvre écrite par une femme, traduit en français et publié en France (5.000 euros pour l’autrice et 2.000 euros pour la traductrice). L’idée étant de donner plus de visibilité à la littérature féminine étrangère, en soutenant les autrices non francophones, ainsi que leurs traducteurs.

En plus de la romancière dont il a salué la puissance narrative et la profondeur historique, le jury, composé de protagonistes du monde littéraire et journalistique français, et de Agnès Costa, PDG de Fragonard, et Charlotte Urbain, directrice culture et communication Fragonard, a donc aussi récompensé celle qui l’a traduite de l’arabe : Souad Labbize. 

« Le Désastre de la maison des notables » est le deuxième roman de Amira Ghenim qui est universitaire et romancière arabophone, originaire de Sousse. Il est l’un des meilleurs best-sellers tunisiens des dix dernières années et a été traduit en plusieurs langues, dont le français et l’italien, et continue d’être acclamé par les lecteurs et les internautes. Salué par la critique, d’ici et d’ailleurs, il a aussi obtenu en octobre dernier «le Prix de la littérature arabe 2024» attribué par la fondation Jean Luc Lagardère et l’Institut du monde arabe, après avoir figuré sur la liste restreinte du Prix international de la fiction arabe en 2021 (Booker) et avoir raflé le prix du jury du Comar 2020.

L’action du roman se situe dans les années 30, une décennie singulière marquée par une effervescence intellectuelle et artistique ayant généré toutes sortes de conflits d’idées et de mutations politiques, sociales et culturelles. Se croisent alors les destins de deux éminentes familles bourgeoises : les Naïfer, rigides et conservateurs, et les Rassaâ, libéraux et progressistes.

Lors d’une nuit de décembre, la jeune épouse de Mohsen Naïfer, Zbeïda Rassaâ, est soupçonnée d’entretenir une liaison avec Tahar Haddad, ce grand intellectuel connu pour son militantisme syndical et ses positions avant-gardistes, notamment en faveur de la femme, mort à l’âge de 36 ans. Dans un entrelacement de secrets et de souvenirs, plusieurs membres des deux familles ainsi que leurs domestiques reviennent lors des décennies suivantes sur les répercussions désastreuses de cette funeste soirée.

« Dans “Le Désastre de la maison des notables”, j’ai essayé de doser, d’ajuster, d’affiner les proportions pour raconter l’histoire d’un homme mais aussi l’histoire d’un peuple et d’un pays. La fleur d’oranger, le jasmin, le géranium, la menthe fraîche, la rose, le romarin se sont mêlés à l’odeur  de l’encens, du harkous, des gâteaux tunisiens tout juste sortis du four, tant d’arômes qui encrent “Le Désastre de la maison des notables” et toute mon écriture dans une terre, dans un corps, une intimité particulière. Mais si le roman vous a touché, chers membres du jury, c’est que ces honneurs si personnels ont pu dialoguer avec d’autres effluves celles de l’altérité, de la rencontre, de la découverte et du désir. En cela elles sont comme les émotions que j’ai toujours cherché à écrire, profondément personnelles et intimes mais prêtes et désireuses de résonner en tout lecteur où qu’il soit », a déclaré encore la romancière dans son mot adressé au jury et autres membres de la maison de parfumerie Fragonard. 

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