Accueil Culture Cinéma Dar Kairouan ouvre ses portes : Une très bonne nouvelle !

Cinéma Dar Kairouan ouvre ses portes : Une très bonne nouvelle !

La salle peut accueillir 120 personnes et est dotée d’un nouvel équipement. On y proposera une programmation qui se veut ouverte aux nouveautés cinématographiques tunisiennes et étrangères. On propose aussi d’y accueillir différents événements autour du cinéma.  

Les projections y ont débuté le 6 avril avec, au menu, deux productions récentes (2024) : le film égyptien «Seeking Haven for Mr. Rambo» de Khaled Mansour et «Aicha» du Tunisien Khaled Barsaoui. Il est question dans ce programme hebdomadaire de deux séances par jour et d’une séance matinale pour les enfants chaque dimanche. 

Selon un rapport de l’Institut national de la statistique  (2016-2022), notre pays compte 17 gouvernorats (sur 24) qui n’ont pas de salle de cinéma, avec une flagrante disparité géographique et culturelle (Tunis 11, Ariana 9, Sousse 7, Ben Arous, Zaghouan et Sfax ne disposant que de deux salles chacun et Monastir une seule salle). Sachant que dans les années 1970, la Tunisie comptait 114 salles ! Le gouvernorat de Kairouan figure parmi ceux qui en sont dépourvus, pourtant son chef-lieu, Kairouan, a joué un rôle pionnier dans l’histoire du cinéma tunisien. Son fameux Casino municipal (bâti à la fin des années 1940), qui n’existe plus aujourd’hui, abritait différentes projections entre autres de classiques du cinéma égyptien, des westerns, ainsi que des films d’auteur, d’art et d’essais.

Le Casino, manquant d’entretien ( à l’instar de tant d’autres monuments architecturaux dans le pays), est tombé avec le temps en ruine et fut définitivement rasé dans l’indifférence générale et au grand mépris de l’urbanisme, de l’éthique culturelle et des lois ( les salles de cinéma sont protégées par des textes législatifs ) pour construire à sa place une galerie marchande qui n’a jamais vu le jour. Il a entraîné dans sa chute sa mythique salle de cinéma appartenant à l’histoire des cinéphiles kairouanais, à une mémoire collective et à des vécus plus personnels.

En 1964, Mustapha Nakbou a fondé le Ciné-Club ainsi que la revue cinématographique «JouHa», devenue par la suite «Al fan al sabaa» (Le Septième Art), spécialisée dans la critique cinématographique. Ahmed Khechine a lancé, la même année, la section de Kairouan de l’Association des jeunes cinéastes tunisiens qui devient la Fédération tunisienne des cinéastes amateurs (Ftcc) et tourne son premier court métrage «Bonjour oncle Hadj» qui est suivi par d’autres réalisations qui obtiennent plusieurs distinctions. A cette même époque, on organisait aussi des projections dans les écoles primaires (Ecole Tarek et El-Fath), ce qui a aidé à l’émergence d’une génération de cinéphiles qui ont appris tôt le langage cinématographique et un grand engouement pour le cinéma.

La ville a aussi servi de décor pour de nombreuses productions tunisiennes et étrangères dont le fameux «Le Fou de Kairouan» réalisé en 1937 par le français Jean-André Kreuzi et qui est le premier film musical réalisé en arabe en Tunisie; le célèbre «Joha» (Jha) de Jacques Baratier, sorti en 1958 avec à l’écran Omar Sharif et Claudia Cardinale à ses débuts et qui est considéré comme le premier long métrage coproduit par la Tunisie indépendante; et un des films de la saga américaine au succès mondial Indiana Jones: «Les Aventuriers de l’arche perdue» signé Steven Spielberg ( un des volets de la saga Indiana Jones)  dont certaines scènes ont été filmées à Kairouan (le souk, Houmet el bey, El rahba, Sidi Louhaychi et d’autres lieux encore), à Tataouine et à Tozeur. On peut citer aussi, et entre autres, «Les actes des apôtres» de Roberto Rossellini dont des scènes de batailles ont été tournées autour des remparts de la ville. 

Une salle de cinéma ouvre enfin ses portes!

Aussi avec tout ça et au vu du déplorable constat souligné au début, quand on apprend qu’une salle de cinéma a enfin ouvert ses portes à Kairouan on ne peut que s’en réjouir. Il s’agit du Cinéma Dar Kairouan (sis rue khadhraouine en face de la mosquée Okba inb Nafaa) inauguré le 5 avril dernier. La salle existait depuis 2004 et sa programmation était dédiée uniquement à la promotion touristique de la ville et de son patrimoine. Elle fut fermée en 2011 suite au déclin du tourisme et le net recul du nombre des touristes qui visitent  Kairouan, pour être finalement ré-ouverte à l’initiative de Hamadi Miraoui, originaire de la ville, qui a voulu en faire une vraie salle de cinéma adressée à un large public. 

Des travaux de rénovation et d’aménagement ont été effectués. Des climatiseurs ont été installés pour le confort du spectateur, de nouveaux sièges ont été placés et un coin café a été créé à l’entrée.

La salle peut accueillir 120 personnes avec une programmation qui se veut ouverte aux nouveautés cinématographiques tunisiennes et étrangères. Elle peut aussi, selon  Samer Trifi, son directeur artistique, abriter différents événements autour du cinéma.  

Les projections y ont débuté le 6 avril avec, au menu, deux productions  récentes (2024) : le film égyptien «Seeking Haven for Mr. Rambo» de Khaled Mansour et «Aicha» du Tunisien Mahdi Barsaoui. Il est question dans ce programme hebdomadaire de deux séances par jour et d’une séance matinale pour les enfants chaque dimanche. Il est aussi prévu d’accorder de l’espace au court métrage en programmant des films de ce format et d’organiser des séances de débats avec différents réalisateurs. Voilà de quoi réanimer la vie culturelle dans la région! Espérons que cela fera des émules dans d’autres gouvernorats. 

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