
Les œuvres de Fatim Soumaré souscrivent à un dialogue interdisciplinaire. Elles reflètent le progrès et l’ingéniosité de la pratique collective. Ses œuvres cherchent à intégrer et à conserver la mémoire matérielle et immatérielle des plantes, en particulier du cotonnier
Fatim Soumaré, actuellement en résidence artistique à la Boite, est une artiste plasticienne et tisserande basée dans la région du Sine Saloum au Sénégal. Son travail prend souche dans l’artisanat textile traditionnel d’Afrique de l’ouest qu’elle découvre par le biais de sa mère teinturière traditionnelle.
De retour dans son pays après 12 ans en France, elle sillonne le sud du Sénégal et s’éprend de la tradition de filature du coton pluvial à la main, le Falé. Fatim a souhaité mettre en lumière ce savoir-faire saisissant qui est en voie de disparition, en créant un collectif d’artisanat textile Falé avec aujourd’hui 200 artisanes fileuses qui vivent dans 5 villages insulaires du Sine Saloum, pour qu’il subsiste et continue à se transmettre. L’étape suivante fut la création d’un atelier pour y concevoir des textiles d’exception.
Falé est comme un mythe dogmatique, celui appartenant à nos traditions orales africaines. Il prend racine au sein des peuples ethniques d’Afrique sahélienne, à travers le tissage artisanal. Il permute dans une Afrique païenne, habillant les morts, puis religieuse couvrant le corps de la femme.
Son assignation est passé d’un genre à un autre, sans complexe puisqu’il a d’abord été le travail d’un homme avant d’être celui de la femme. Avec sa valeur de nature empirique, il a pleinement joué le rôle de monnaie et s’est maintenu jusqu’au début du XXe siècle parmi les compensations matrimoniales, notamment chez les peuls. Pour Fatim, Falé est une initiative qui examine la transformation du coton au fil du temps comme fil rouge des réflexions sur les transmutations divergentes de nos sociétés modernes.
D’où sa pratique artistique qui se concentre sur les méthodes socioculturelles et culturelles de transmission des connaissances vernaculaires, qu’elle explore à travers la sculpture tissée, les installations, la vidéo et la performance. Les œuvres de Fatim Soumaré souscrivent à un dialogue interdisciplinaire. Elles reflètent le progrès et l’ingéniosité de la pratique collective. Ses œuvres cherchent à intégrer et à conserver la mémoire matérielle et immatérielle des plantes, en particulier du cotonnier. L’artisanat traditionnel est le langage commun qui l’introduit dans les vestiges de l’histoire de sa lignée, lui permettant de découvrir progressivement les empreintes presque disparues du savoir-faire autochtone de l’Afrique de l’Ouest. Le travail de Fatim souligne l’importance du maintien et de l’évolution de l’artisanat traditionnel dans des contextes contemporains contribuant ainsi de manière significative à l’écosystème rural du Sénégal. Ses œuvres ont été exposées au Sénégal, l’Ifan (Institut fondamental d’Afrique noire-Dakar 2023), et dans d’autres structures aussi bien en Afrique qu’en Europe.
La résidence artistique de l’artiste Fatim Soumaré à La Boîte a débuté le 2 février et se poursuit jusqu’au au 11 mai 2025.