
La réforme du système éducatif n’est, sûrement, pas la panacée aux nombreux problèmes qui se dressent devant notre enseignement. Ce n’est qu’une tentative d’opérer quelques changements au niveau de certains paradigmes ou de réajuster certaines orientations pour les mettre, un tant soit peu, au diapason des évolutions technologiques et des méthodes d’apprentissage.
L’idée d’accélérer la mise en œuvre de la réforme fait son chemin conjointement avec la mise en place du Conseil supérieur de l’éducation institué par la Constitution.
L’expérience du Covid
Il est bon de se rappeler que l’autre option consiste à opérer des allègements substantiels au niveau des programmes officiels et des matières.
La problématique qui s’est longtemps posée était de savoir s’il fallait commencer par alléger sans attendre la réforme ou le faire dans le cadre de la réforme elle-même.
La réponse ne s’est pas fait attendre. Au cours de la saison scolaire 2020-2021, le ministère de l’Education avait été obligé d’introduire des modifications au niveau des horaires et des matières enseignées. C’est ainsi que le temps imparti aux différentes séances avait été diminué et la consistance de certaines disciplines réduites. Rappelons-nous : c’était en période de Covid-19.
Logiquement, cette expérience aurait dû être exploitée et mise à profit pour tirer les enseignements relatifs aux conséquences d’un allègement des programmes. Ces derniers, est-il besoin de le souligner, tournent autour de cinq domaines. Il y a le domaine des langues, celui des sciences, celui des technologies, celui de la socialisation et, enfin, celui de l’éveil artistique et corporel.
Aujourd’hui, la question de l’allègement des programmes refait surface avec plus d’acuité qu’auparavant.
En effet, rien ne sert d’alléger les programmes comme on l’avait fait en période de Covid si on n’a pas défini une vision globale de la stratégie de rechange à adopter
Il est vrai qu’au cours de cette épidémie d’importants travaux ont été entrepris pour aménager les programmes et les adapter aux horaires réduits imposés par le Covid-19.
Les conclusions auxquelles on aurait abouti peuvent aider à élaborer les grandes orientations de demain.
Aujourd’hui, on pointe du doigt des matières qui nécessitent une mémorisation à outrance et dont certaines s’apparentent beaucoup plus à une opération de bourrage de crâne.
Des avis divergents
Il est temps pour les pédagogues de trouver la bonne formule pour mettre en œuvre une politique de communication des savoirs. Avec, bien sûr, un dosage pertinent de ces savoirs.
Dans le même contexte, des voix s’élèvent pour demander un allègement substantiel des programmes scolaires alors que d’autres prônent des approches totalement opposées.
Les premières viennent, surtout, des parents qui voient que leurs enfants sont victimes de ces programmes surchargés.
Les secondes viennent de différentes parties dont des associations ou d’activistes de la société civile. Ces dernières envisagent d’introduire plus de cours et d’enseignements portant sur des aspects qu’elles jugent indispensables. On veut initier nos élèves à divers sujets comme les droits de l’homme, de l’enfant, le code de la route, la sexualité, le comportement civique, etc.
Est-ce trop demander à une institution scolaire ? C’est le cas de le dire, justement. On oublie, trop souvent, que la tête de nos enfants n’est pas faite pour tant d’apprentissages.
De longs cours d’histoire et de géographie auront moins d’impact que des excursions dans les régions, les musées et les monuments et sites historiques. Des activités au sein de clubs (sport, musique, théâtre, etc.) ont plus d’intérêt que ces cours figés dispensés à travers certaines matières. D’où la nécessité de réactiver ces mécanismes et d’autres afin d’ancrer davantage les élèves dans leur environnement et dans leur époque. Tout en les enracinant dans leur histoire et celle de leur pays. Cela se faisait régulièrement il y a quelques années auparavant. Des formules allant dans cette optique sont à trouver.
Prudence, d’abord
C’est vrai que nous assistons à d’importantes mutations à tous les niveaux. Une raison de plus, pour nous, de préparer le cadre adéquat et entrer, prudemment, dans l’ère du numérique. N’y allons pas tête baissée, comme l’ont fait beaucoup de pays développés et qui l’ont regretté par la suite.
Le virtuel ne remplacera jamais le manuel.
La correction, par exemple, des devoirs et des exercices vaut autant qu’une leçon, sinon plus. Nos enseignants sont-ils, tous, sensibilisés à cette donnée ?
En fait, de même que la réforme du système éducatif passe par un allègement conséquent des programmes pour plus d’efficience de même qu’elle passe par une réorientation des objectifs.