Accueil A la une L’argent des clients de BH Bank est-il en danger ? Analyse d’un expert financier

L’argent des clients de BH Bank est-il en danger ? Analyse d’un expert financier

Un rapport des commissaires aux comptes de la BH Bank (anciennement Banque de l’Habitat) révèle que l’établissement a accordé un prêt de 450,8 millions de dinars à un conglomérat opérant dans le secteur de l’huile. Ce crédit, en date du 31 décembre 2024, n’a à ce stade généré aucune échéance impayée, mais il suscite de vives inquiétudes au sein des milieux financiers.

L’analyste financier, Moez Hadidane, intervenant samedi 19 avril sur les ondes d’Express FM, a confirmé que les commissaires aux comptes ont exprimé des craintes sérieuses quant au remboursement du prêt dès le premier trimestre de 2025.

Hadidane a également souligné l’effet direct sur les marchés : alors que l’indice Tunindex affichait une hausse de 1 % le jeudi 17 avril, il a chuté de 0,8 % le vendredi, marquant une baisse généralisée du secteur bancaire. La BH Bank a subi une chute de -5,6 %, contre une moyenne de -1 % pour les autres banques.
Malgré ces signaux d’alerte, Hadidane a assuré qu’ “il ne s’agit pas encore d’une crise bancaire généralisée, car le système bancaire tunisien est suffisamment encadré et robuste pour absorber ce type de choc”.

Selon lui, le véritable risque apparaîtrait en cas de retrait massif des dépôts par les clients, ce qui mettrait en péril l’équilibre du système.
Hadidane a toutefois critiqué la mauvaise gouvernance des banques publiques, s’interrogeant sur la logique d’un tel prêt. “Comment une banque peut-elle accorder une somme aussi colossale à un groupe d’affaires pour l’investir dans l’huile ?”, a-t-il demandé.

Il a en outre estimé que si le prêt avait été orienté vers l’immobilier ou l’industrie, la banque aurait pu disposer de garanties plus solides en cas de défaut de paiement.
Pour sa part, Sofiane Ouerimi, expert en affaires bancaires, a, lui aussi, réagi tout en affirmant que malgré l’ampleur du prêt, aucun danger ne menace actuellement les fonds des clients, car la BH Bank dispose de suffisamment de fonds propres pour absorber une perte de 450 millions de dinars.

Il a, dans ce même cadre, rappelé l’existence du Fonds de garantie, prévu par la loi bancaire de 2016, qui couvre les dépôts en cas de crise. Cependant, Ouerimi a dénoncé des manquements graves au respect des normes prudentielles édictées par la Banque Centrale de Tunisie (BCT).

Parmi ces normes figurent : le plafond maximum de crédit accordé à un seul client (fixé à 25 millions de dinars), l’obligation d’analyse approfondie du bénéficiaire par un expert indépendant…, et d’autres dispositifs de prévention des risques, qui semblent avoir été négligés.

En effet, les états financiers de la BH Bank mettent en évidence un point crucial : le prêt en question équivaut à près du double du capital social de la banque, lequel était de 238 millions de dinars au 31 décembre 2024. Ce crédit représente à lui seul environ 60 % du Produit Net Bancaire (PNB) de la banque, estimé à 744,2 millions de dinars.
Pour rappel, la banque a clôturé l’année 2024 avec un résultat net de 108,5 millions de dinars, des provisions pour risques de crédit de 275,2 millions de dinars et des revenus d’exploitation bancaire de 1 489,1 millions de dinars.

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