Accueil Culture Protagoniste d’un documentaire sélectionné à Cannes, Fatima Hassouna, tuée à Gaza, laisse ce voeu : « Je veux que le monde entier entende parler de ma mort »

Protagoniste d’un documentaire sélectionné à Cannes, Fatima Hassouna, tuée à Gaza, laisse ce voeu : « Je veux que le monde entier entende parler de ma mort »

Photojournaliste à Gaza, Fatima Hassouna a trouvé la mort lors d’un bombardement israélien. Quelques heures avant sa mort, le Festival de Cannes annonçait la sélection, par l’Acid  (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), du documentaire « Put Your Soul on Your Hand and Walk » de Sepideh Farsi, dans lequel elle témoignait du quotidien des Gazaouis. Sa disparition tragique laisse une œuvre et une lumière auxquelles le cinéma rendra désormais hommage.

Fatima Hassouna, photographe et photojournaliste palestinienne de 25 ans, a été tuée mercredi 16 avril lors d’un bombardement israélien qui a visé son domicile familial dans le quartier d’Al-Touffah, au nord de la bande de Gaza. Dix membres de sa famille ont également perdu la vie dans cette frappe.

Depuis le début de l’agression déclenchée en octobre 2023, la jeune femme couvrait l’offensive depuis l’intérieur de Gaza, envoyant ses images à divers médias internationaux. Dans l’enclave isolée et coupée du monde, où l’accès aux journalistes étrangers est rendu impossible par Israël, Fatima était l’une des rares voix à documenter le quotidien infernal des Gazaouis sous les bombes.

Active sur Instagram, elle partageait également ses chroniques personnelles, entre photographies de guerre, témoignages intimes et moments de vie suspendus.

Quelques heures à peine avant sa mort, le Festival de Cannes annonçait la sélection, par l’Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), du documentaire « Put Your Soul on Your Hand and Walk » (Mets ton âme dans ta main et marche), réalisé par Sepideh Farsi, dans lequel Fatima Hassouna incarne l’héroïne.

Le film d’une durée de 110 minutes, produit par la Palestine, la France et l’Iran, est le fruit d’une collaboration de près d’un an entre la réalisatrice franco-iranienne et la photojournaliste palestinienne. Grâce à des échanges via Zoom et l’envoi d’images tournées à Gaza, Fatima offrait son regard sur le conflit, portant la voix des habitants de l’enclave, victimes d’une agression israélienne d’une violence extrême.

La réalisatrice iranienne a révélé que « ce film est une fenêtre, ouverte par le miracle d’une rencontre avec Fatem (son surnom) qui m’a permis de voir des fragments du massacre en cours des Palestiniens. Fatem est devenue mes yeux à Gaza, et moi, un lien entre elle et le monde extérieur. Nous avons maintenu cette ligne de vie pendant presque un an. Les bouts de pixels et de sons échangés entre nous, sont devenus le film que voici ». Sepideh Farsi espérait la présence de Fatima à Cannes et avait entamé les démarches administratives nécessaires pour permettre à l’héroïne de venir présenter le film sur la Croisette en mai prochain.

« Je veux des images qui ne peuvent pas être enterrées dans l’espace ou le temps ».

 A l’annonce de sa mort, l’Acid a salué, dans un communiqué, la mémoire de la jeune femme : « Son sourire était aussi magique que sa ténacité : témoigner, photographier Gaza, distribuer des vivres malgré les bombes, le deuil et la faim. Son récit nous est parvenu, nous nous sommes réjouis à chacune de ses apparitions de la savoir vivante, nous avons craint pour elle. Hier, nous avons appris avec effroi qu’un missile israélien a ciblé son immeuble  et a tué Fatem et les membres de sa famille. » Et de conclure : « Ce n’est plus le même film que nous allons porter, soutenir et présenter dans toutes les salles, en commençant par Cannes. Nous toutes et tous, cinéastes et spectateurs, devons être dignes de sa lumière ».

Ce drame s’inscrit dans un contexte particulièrement meurtrier pour la presse. D’après les derniers chiffres de Reporters sans frontières et du Syndicat des journalistes palestiniens, près de 200 journalistes ont été assassinés à Gaza depuis le début du conflit.

Fatima Hassouna avait déjà survécu à une frappe le 13 janvier 2024, au cours de laquelle douze membres de sa famille avaient péri. Dans un message relayé par la chaîne Al Jazira, elle avait exprimé ses dernières volontés : « Si je meurs, je veux que ce soit une mort tonitruante. Je veux que le monde entier entende parler de ma mort. Je veux qu’elle ait un impact qui ne s’estompe pas avec le temps. Je veux des images qui ne peuvent pas être enterrées dans l’espace ou le temps ».

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