Accueil Société Quand nos infrastructures scolaires et sanitaires de base font défaut : On ne badine pas avec la vie des gens !

Quand nos infrastructures scolaires et sanitaires de base font défaut : On ne badine pas avec la vie des gens !

Pourquoi n’a-t-on pas agi d’urgence et réagi à l’avance pour intervenir avant qu’il ne soit trop tard ? Dans nos écoles, nos hôpitaux, nos routes et autoroutes, ainsi que les bâtiments menaçant ruine, la veille, l’anticipation et l’action à temps sont bel et bien les maîtres mots d’une stratégie de prévention contre tout éventuel risque d’accident. 

Ce qui s’est passé, lundi dernier, au lycée secondaire de Mezzouna, à Sidi Bouzid, ayant fait trois morts et deux blessés, n’est, certes pas un cas isolé, et encore moins un fait accidentel. Voire une fatalité qu’on aurait pu éviter, si on avait dû restaurer, à temps, toute anomalie à peine signalée. 

Et vogue la galère !

Surtout, ici, que le directeur dudit lycée avait fait preuve de correspondances officielles demandant, vainement, intervention de toute urgence. Et comme d’habitude, toute alerte sur un état de fait- même si grave et ne peut pas attendre- ne saurait être suivie d’effet. Et la situation enfle, sans que personne n’agisse en connaissance de cause. Comme si de rien n’était ! Une fois l’imprévu est survenu, nul n’est censé assumer la responsabilité. 

Et vogue la galère !

Il y a lieu, ici, de rappeler combien d’accidents, bien qu’évitables, se sont déjà produits, au fil de ces dernières années, dont l’erreur est plus souvent humaine, combinée parfois à certaines défaillances techniques. Cause naturelle n’est pas à exclure, bien-entendu, mais, cela se fait rare. Cas d’école en matière de scandales et calamités, nos établissements éducatifs, nos hôpitaux et nos infrastructures de base sont un cas d’école.

Leur bilan funeste est digne d’être, plus que jamais, exposé pour le dénoncer et pointer du doigt tout homicide involontaire. Afin de se rendre compte que la négligence est aussi une forme de violence sans force qui pourrait causer des dégâts et des pertes en vies humaines. 

Se référant, à titre d’exception, au nombre de drames et d’accidents dus, essentiellement, aux défaillances d’ordre structurel et infrastructurel, nos écoles et nos hôpitaux qui sont mal en point figurent comme milieux insécurisés. L’école publique n’est plus ce qu’elle était, à bien des égards, d’autant qu’elle nourrit la déception et pousse à la déscolarisation massive. De même, son état vétuste fait craindre le pire. Menaçant ruine, certains établissements éducatifs laissent planer, à tout moment, le spectre de la mort. Drôle de la vie scolaire ! A Béja, à titre d’exemple, une trentaine de sites scolaires, déjà en état de dégradation, nécessitent, sans tarder, des travaux de réhabilitation. Soit 90% des cas identifiés concernent des murs d’enceinte menaçant ruine ou devant être rénovés, selon le délégué régional de l’éducation. 

Ces victimes de l’école!

D’ailleurs, il n’est pas fortuit que l’on assiste, à chaque fois, à des évènements douloureux, à cause des infrastructures scolaires qui semblent prêtes à s’écrouler à la moindre secousse. Rappel pour l’histoire, un plafond d’une salle de classe à Béja s’est effondré en plein cours, quelques jours après la rentrée scolaire 2013-2014. Heureusement, il n’y avait eu aucune victime parmi les élèves qui étaient à l’intérieur. Ce même incident s’est, deux fois, reproduit, en quelques mois (mars 2018- janvier 2019), respectivement à l’école primaire «Jnane», à Foussana et au collège «Ibn Arfa» à Sbeïtla, relevant du gouvernorat de Kasserine. Cet énorme dégât aurait pu coûter la vie à un nombre d’enfants dans ces deux régions r. Plus de peur que de mal, dirait-on. 

Mais, il n’y a pas que le problème infrastructurel qui tue, d’autres failles liées à la gestion institutionnelle de la chose scolaire sont aussi pointées du doigt. Juste après la rentrée en 2013, à l’école primaire de Sbiba, à Kasserine, 58 élèves en internat ont été victimes d’intoxication alimentaire, ce qui a nécessité leur transport d’urgence à l’hôpital de la région. Et combien d’établissements éducatifs dans bien d’autres régions du pays présentent le même état des lieux, sauf qu’ils sont, fatalement, épargnés.

Autre détail de taille, la difficulté d’accès à certaines écoles rurales met en péril la vie des élèves, étant au fil des jours, exposés aux éventuels risques de la rue. Que dire d’autres institutions similaires qui ne disposent même pas de clôture, sans eau potable ni électricité et encore moins de blocs sanitaires adaptés.

Leur nombre s’élève à plus de 500 écoles, soit 12% de l’ensemble des 4.583 écoles primaires que compte la Tunisie. «Elles sont plutôt approvisionnées en eau par des camions- citernes dont la source reste inconnue», révèle le Ftdes, Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, dans son rapport intitulé «écoles sans eau : un retour à la soif», publié en septembre dernier. Et d’alerter qu’un tel manque d’eau pourrait exposer les élèves à des risques sanitaires accrus. 

A noter que la décrépitude de l’infrastructure de base de nos écoles, doublée de déclassement de leur niveau d’enseignement, pèse lourd sur la vie scolaire des élèves, à même de menacer leur avenir. Même sort pour le secteur de la santé publique, où la moindre négligence ou défaillance peut tourner au drame. C’est que l’accident tragique au lycée de Mezzouna a mis à nu l’incapacité des services de santé locaux à parer au plus urgent. 

Morts à l’hôpital !

Cela nous amène à dire que notre dispositif de santé publique souffre d’insuffisances en matière d’infrastructures, de logistiques et d’équipements des plus élémentaires. Pas, non plus, suffisamment de spécialités médicales dans plusieurs régions. Sans pour autant perdre de vue trop d’erreurs médicales qui posent encore problème. Comme nos écoles, l’hôpital public n’est guère un espace sain et sécurisé. Son état dégradé illustre malheureusement la défaillance de tout le système sanitaire. Même les blocs opératoires, milieux censés être des plus stérilisés et protégés, peuvent, parfois, encourir des risques de contamination. 

Telle fut la cause du décès des 14 nouveaux- nés, en mars 2019, à la maternité Wassila Bourguiba de l’hôpital de la Rabta à Tunis, des suites d’une infection nosocomiale contractée lors de l’injection de nutrition par voie intraveineuse. C’était, alors, un drame de trop qui avait mis les parents et tous les Tunisiens, sous le choc, créant ainsi une profonde émotion.

Et depuis, l’affaire traîne en longueur, dont le verdict judiciaire n’a été prononcé que tout récemment, soit six ans après la tragédie. Une année après, survint l’accident tragique à l’hôpital de Jendouba, où le jeune médecin Badreddine Aloui, s’en souvient-on encore, a péri dans une cage d’ascenseur en panne. Alors que son état défectueux avait été dénoncé, à plusieurs reprises, par les habitants de la ville, depuis 2016. 

Tout peut attendre, dites-vous, tant qu’il n’y a pas mort d’homme. Et voilà qu’un moindre défaut de maintenance si négligé a entraîné la perte d’une vie humaine. Sans pour autant oublier tant d’erreurs médicales lourdes de conséquences préjudiciables graves sur la santé des patients. Et les cas de ces crimes odieux dus, en partie, au manque de responsabilité, sont aussi nombreux.  

Pourquoi n’a-t-on pas agi d’urgence et réagi à l’avance pour intervenir avant qu’il ne soit trop tard ? Dans nos écoles, nos hôpitaux, nos routes et autoroutes, ainsi que les bâtiments menaçant ruine, la veille, l’anticipation et l’action à temps sont bel et bien les maîtres mots d’une stratégie de prévention contre tout éventuel risque d’accident. On ne badine pas avec la vie des gens !

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