
En Tunisie, l’intelligence artificielle ne se limite plus à une tendance émergente, elle devient un moteur de transformation économique. Selon Jérôme Ribeiro, Président-Fondateur de Human AI, l’IA sera une composante structurelle de l’écosystème des start-up tunisiennes. Avec des secteurs clés comme l’éducation, la santé, l’agriculture et l’e-commerce en pleine évolution, l’avenir appartient à celles qui intégreront cette technologie dès la conception de leurs produits et services.
Certaines industries se distinguent déjà par leur fort potentiel d’innovation. L’Edtech intelligente, en particulier en arabe ou en dialecte tunisien, constitue un levier essentiel pour une meilleure inclusion éducative. La santé prédictive, avec des agents IA capables de diagnostiquer ou de suivre les patients à distance, promet une véritable révolution dans l’accès aux soins. L’Agritech, en combinant intelligence artificielle et capteurs, optimise l’irrigation et les prévisions de récolte, garantissant ainsi une meilleure productivité agricole. L’e-commerce et la logistique bénéficient également des avancées en IA, notamment à travers la personnalisation des offres et l’optimisation des stocks. Enfin, le développement d’interfaces vocales adaptées au contexte culturel tunisien ouvre de nouvelles perspectives, notamment pour les services publics et bancaires.
Dépasser les freins
Bien que l’IA soit porteuse de transformations profondes, plusieurs obstacles freinent encore son adoption en Tunisie. Jérôme Ribeiro souligne que trois leviers sont essentiels pour favoriser l’émergence de start-up spécialisées dans ce domaine: « Il faut créer des mécanismes de financement dédiés, dont des fonds d’amorçage spécifiques à l’IA, des appels à projets labellisés et un accompagnement stratégique et technologique pour soutenir les start-up dans leur phase initiale ». Pour que l’IA puisse pleinement se déployer, la mise en place d’une régulation agile est nécessaire. Cette régulation devra trouver un équilibre entre un cadre éthique clair et une flexibilité qui encourage l’innovation. Dans cette optique, la Tunisie pourrait se positionner comme un pionnier en devenant un laboratoire de régulation intelligente en IA.
De plus, la formation et la rétention des talents IA doivent être des priorités. Jérôme Ribeiro ajoute : « Il est crucial de former et de retenir les talents en IA. Des programmes spécialisés, des bourses et des synergies avec la diaspora tunisienne experte en IA doivent être développés pour éviter la fuite des cerveaux ». La coopération régionale est aussi un enjeu majeur. Face à des défis communs, les pays africains ont tout intérêt à mutualiser leurs efforts, leurs données et leurs infrastructures pour renforcer leur compétitivité sur le marché mondial.
Un atout pour la compétitivité internationale
L’intégration de l’IA dans les entreprises tunisiennes représente un levier stratégique majeur. En automatisant les tâches répétitives, l’IA libère du temps et des ressources, permettant ainsi aux entreprises de se concentrer sur l’innovation. En parallèle, elle permet une personnalisation des produits et services à grande échelle, répondant ainsi aux attentes spécifiques des consommateurs. Grâce à l’optimisation des processus, l’IA contribue également à la réduction des coûts tout en améliorant la précision des opérations. En outre, elle accélère l’internationalisation des entreprises tunisiennes en adaptant automatiquement leurs offres aux marchés voisins, tels que l’Algérie, le Sénégal ou la Côte d’Ivoire, leur offrant ainsi une compétitivité accrue au niveau régional. Selon Jérôme Ribeiro, « Les start-up tunisiennes doivent se positionner sur des niches spécifiques à l’Afrique, en développant des solutions IA adaptées aux réalités locales ». C’est en répondant à des besoins concrets que l’IA deviendra un véritable moteur de croissance.
Une opportunité pour l’économie tunisienne
L’IA ne se limite pas à un levier d’innovation pour les start-up ; elle constitue un accélérateur de transformation économique à grande échelle. Elle permet d’optimiser les ressources en améliorant la gestion de l’eau, de l’énergie et des transports grâce à des systèmes prédictifs, réduisant ainsi les pertes et maximisant l’efficacité. En parallèle, l’IA renforce la productivité des entreprises, notamment des PME, en intégrant des outils IA dans la comptabilité, les ventes et le service client, offrant ainsi un retour sur investissement rapide.
Enfin, le déploiement de l’IA favorise la création de nouveaux emplois qualifiés, avec l’émergence de métiers tels que développeur IA, analyste de données, technicien ou encore formateur en intelligence artificielle, qui joueront un rôle clé dans l’économie de demain. Contrairement aux craintes largement répandues, « l’IA ne supprimera pas les emplois, elle transformera les compétences requises ». Ceux qui sauront collaborer avec ces technologies prendront une longueur d’avance sur le marché du travail. Jérôme Ribeiro conclut : « La Tunisie a un rôle majeur à jouer dans l’avenir de l’IA en Afrique. Elle possède les talents, la créativité et une position stratégique unique. Il est temps d’investir dans une IA utile, locale, inclusive et éthique. Avec Human AI, je suis prêt à accompagner toutes les start-up et institutions tunisiennes qui veulent transformer cette révolution en opportunité pour tous ». L’enjeu est de réussir cette transition numérique, qui pourrait permettre à la Tunisie de se positionner comme un hub de l’intelligence artificielle en Afrique et de renforcer sa souveraineté technologique.