
Présenté en avant-première à la salle de l’Opéra de la Cité de la culture devant un public nombreux, le nouveau film «Les graines du diable» (Devil’s seed), de Mohamed Khalil Bahri, produit par Mejdi Housseini et interprété par Mouna Noureddine, Salwa Mohamed, Racha Maâouia, Wahida Dridi, Mohamed Kolsi, Ahlem Fekih et Fathi Mselmani, s’apparente au genre de film d’horreur qui s’appuie sur les croyances surnaturelles et les sorcelleries.
A la veille de son mariage, Baya (Racha Maâouia) est surprise par des événements inquiétants et surnaturels qui envahissent son quotidien et la rendent folle. Sa mère Kaltoum (Wahida Dridi), désespérée par ce qui arrive, la conduit à l’hôpital psychiatrique. Enfermée seule dans une chambre et vêtue de force d’une camisole, la jeune femme n’arrive pas à se rétablir malgré les efforts du médecin (Mohamed Kolsi) qui la suit jour et nuit.
Son cas est préoccupant et aucune thérapie ne peut exorciser le mal qui vit en elle. Le diable habite son corps et, vraisemblablement, aucun traitement ne paraît efficace. Sa mère apprend au médecin qu’enfant elle a été blindée (Msafha), selon la formule consacrée «Ana hit Weld Enass Khit» (Je suis un mur et le fils d’autrui est un fil). Pour la sauver d’un éventuel suicide, le psychiatre fait appel à un ex-collègue à la retraite qui lui conseille de recourir à la lecture de sourates de Coran pour exorciser le démon de son corps.
«The devil’s seed» (Les graines du diable) est un copier-coller d’un autre opus dont il emprunte le titre d’ailleurs «The Devil seed» de Greg A. Sager avec quelques modifications au niveau du récit : l’histoire de la voyante dans «The devil seed» a été remplacée par Etasfih (blindage) dans le film tunisien. On ne peut s’empêcher de faire des rapprochements avec «L’exorciste» de William Friedkin qui reste une référence à tous les cinéastes qui entreprennent de réaliser un film d’horreur. Les séquences d’examens médicaux éprouvants dans un hôpital psychiatrique et le faciès démoniaque de l’héroïne Baya ne sont que quelques exemples.
La facture du film est improbable et impersonnelle comme tout film d’horreur générique. Tourné vraisemblablement à la va vite, il dénonce la pratique archaïque du «Tasfih», qui n’existe quasiment plus de nos jours en Tunisie, mais sans avoir la prétention d’approfondir la question.
C’est tout juste le motif ou le prétexte sur lequel le réalisateur qui est en même temps le scénariste construit sa narration. Aucune velléité d’explorer un thème qui a causé, autrefois, beaucoup de tort aux femmes. La science n’a pas de solution à ce genre de cas paranormal. Mohamed Khalil Bahri révèle que le seul remède à ces croyances surnaturelles est la religion, en l’occurrence le Coran capable de chasser le diable qui séjourne dans le corps des jeunes filles.
Alors pour en finir avec le démon qui loge dans le corps de Baya, alors que la science se trouve inapte à guérir la malade, le film recourt au Coran.
Au fur et à mesure que le médecin lit une sourate, la victime s’élève vers le ciel et, ainsi, le diable représenté par de la fumée s’extirpe du corps de la jeune femme qui tombe sur le sol et retourne vers son état normal. C’est donc le triomphe des croyances religieuses sur la science surtout que le médecin lui-même y croie et pratique cette divination.
Soigner par la religion, tel est le mot de la fin de cet opus foireux qui croule donc sous l’effet du bien et du mal et emprunte les soi-disant frayeurs à d’autres titres du genre. Le bouquet final est le mariage du médecin avec sa patiente enfin rétablie. «Les graines du diable» est bourré de clichés et l’ambiance d’angoisse qu’il cherche à installer ne fonctionne pas du tout. La musique abrutissante n’arrive pas à nous plonger dans l’ambiance de peur et d’inquiétude à laquelle le film est voué; sans compter le jeu en surface des acteurs mal dirigés.