Accueil Economie Ressources naturelles : Quand le phosphate et le soleil façonnent l’avenir de la Tunisie

Ressources naturelles : Quand le phosphate et le soleil façonnent l’avenir de la Tunisie

La Tunisie, pays du soleil et des trésors cachés, semble parfois hésiter à ouvrir son coffre à ressources naturelles. Phosphate, huile d’olive, énergie solaire… Tout y est, mais on dirait qu’on n’utilise que la moitié du potentiel. Alors, comment tirer profit de cette abondance pour propulser l’économie et améliorer le quotidien des Tunisiens ? Comment la Tunisie pourrait-elle enfin transformer ses richesses naturelles en un moteur de croissance durable ?

La Tunisie dispose d’un éventail varié de ressources naturelles, allant du phosphate à l’huile d’olive, en passant par l’énergie solaire, les ressources hydriques et les zones forestières. Pourtant, l’exploitation de ce potentiel reste en deçà des attentes en termes de contribution au développement économique du pays. De l’avis de plusieurs géostratèges, la rentabilisation de ces ressources constitue aujourd’hui un enjeu stratégique majeur pour une croissance durable et inclusive.

Un potentiel sous-exploité

Parmi les ressources naturelles tunisiennes les plus connues, on retrouve le phosphate. La Tunisie en est l’un des principaux producteurs mondiaux. D’ailleurs, la production de phosphate commercial par la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) a enregistré une augmentation notable de 11,6 % au cours des dix premiers mois de l’année 2024, par rapport à la même période en 2023. Cette progression donne à lire une relance encourageante pour l’un des secteurs vitaux de l’économie tunisienne. Entre janvier et octobre 2024, la production totale de phosphate commercial a atteint 2,5 millions de tonnes, contre 2,2 millions de tonnes durant la même période en 2023. Mais cette amélioration significative, après les années de vaches maigres enclenchées par les troubles sociaux et des problèmes logistiques depuis 2011, reste en deçà des attentes.

Le pétrole et le gaz naturel, bien que modestes en comparaison avec certains voisins, peuvent couvrir une part significative de la consommation nationale si elles sont gérées efficacement. L’énergie solaire, avec plus de 300 jours de soleil par an, offre un potentiel immense mais reste encore largement inexploité. Les terres agricoles, quant à elles, permettent à la Tunisie d’être un acteur majeur dans l’exportation de produits agricoles comme l’huile d’olive. Cependant, la faible modernisation du secteur et l’exploitation insuffisante des terres domaniales limitent les rendements.

Obstacles à surmonter

La rentabilisation de ces ressources fait face à plusieurs obstacles. Il y a, en premier lieu, le manque d’investissement, les infrastructures vieillissantes et l’absence de financements suffisants, qui entravent la modernisation de l’exploitation des ressources. Le cadre réglementaire instable, les changements fréquents dans les lois et les politiques découragent les investisseurs nationaux et étrangers. Il y a aussi une « gestion inefficace, une mauvaise gouvernance et une corruption endémique », de l’avis de divers experts, qui ont souvent conduit à une utilisation non optimale des richesses naturelles. S’y ajoutent les enjeux environnementaux, si bien qu’une exploitation mal planifiée peut avoir des impacts irréversibles sur l’environnement, d’où la nécessité d’un développement durable.

L’impératif d’une valorisation stratégique

Pour améliorer la rentabilité des ressources naturelles, plusieurs pistes peuvent être envisagées, à commencer par des réformes structurelles, telles que l’instauration d’un cadre légal stable, transparent et favorable à l’investissement. Il faut également encourager la collaboration entre l’Etat et les entreprises pour moderniser les secteurs clés, notamment le phosphate et les énergies renouvelables. L’innovation technologique et les technologies vertes contribuent quant à elles à maximiser la production tout en réduisant les impacts environnementaux.

En matière de formation et d’encadrement, il est impératif d’investir dans le capital humain afin de garantir une main-d’œuvre qualifiée pour la gestion des ressources. Enfin, la décentralisation et l’implication des régions dans la gestion et les bénéfices des ressources locales auront un impact positif considérable.

La Tunisie possède de nombreux atouts, mais leur rentabilisation nécessite une vision à long terme, une volonté politique forte et une gestion rigoureuse. En misant sur une exploitation responsable, innovante et inclusive de ses ressources naturelles, le pays pourrait amorcer une nouvelle ère de prospérité économique et sociale et ainsi rompre avec l’inertie et la stagnation.

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