
Donald Trump a célébré avant-hier ses cent jours auprès de ses partisans inconditionnels du peuple «Maga» (Make America Great Again), alors qu’un dernier sondage publié ces derniers jours par la chaîne de TV d’information continue CNN révèle que seulement 41% des Américains approuvent ses actions, soit une baisse de 4 points par rapport au mois de mars et de 7 points par rapport à février. Parmi eux, 22% déclarent le soutenir «très fortement», tandis que 45 % affirment s’opposer «très fortement» à sa présidence, soit la plus faible cote de soutien pour un chef d’État américain depuis Dwight Eisenhower dans les années 1950.
En trois mois et dix jours jours depuis son retour aux commandes sur le «Resolute desk» (un meuble, construit à partir du bois du navire britannique HMS Resolute, offert comme cadeau par la reine Victoria au président américain Rutherford B. Hayes en 1880, Ndlr) dans le Bureau ovale à la Maison-Blanche, le 47e président américain ne cessa de choquer la planète avec ses coups de force et ses ballons d’essai abracadabrants ainsi que ses interminables rétropédalages.
Depuis que le magnat de l’immobilier a levé la main pour prêter serment le 20 janvier sous la coupole du Capitole, «The Donald» a étanché la soif de sa revanche sur l’establishment de la politique politicienne US et la justice américaine en s’imposant au pays de l’Oncle Sam comme étant le maître absolu de la vie publique, entraînant dans la foulée le monde dans la spirale de sa guerre commerciale par le biais de ses fameux droits de douane — les tarifs douaniers de la discorde — et ses desseins néo-impérialistes sur fond d’un duel avec Pékin.
De sa menace d’annexer le Groenland pour exploiter ses métaux rares jusqu’à son désir de reprendre le contrôle du canal de Panama pour barrer la route aux navires chinois, passant par sa volonté de faire du Canada le 51e Etat américain, sans parler de sa promesse farfelue de mettre fin à la guerre en Ukraine en 24 heures et ses frappes meurtrières sur le Yémen contre les Houthis ainsi que son blanc-seing accordé à l’entité sioniste pour achever sa sale besogne génocidaire à Gaza, le «Commander-in-chief» (commandant en chef) ne rata aucune occasion pour sortir la sulfateuse et tirer à tout-va, bafouant éhontément et sans vergogne le droit international, les us diplomatiques et les équilibres de la géopolitique post-Seconde Guerre mondiale.
À part la Russie de son allié Vladimir Poutine et «Israhell» de son ami Benjamin Netanyahu, difficile de trouver un pays avec qui il ne s’est pas brouillé ou un dirigeant avec qui il n’a pas cassé les codes et les bons procédés de la diplomatie étasunienne.
Son altercation avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le 28 février, lors d’une dispute déclenchée par son tout-puissant vice-président JD Vance et filmée depuis le Bureau ovale, restera à jamais le moment le plus désagréable qu’ait connu le «White House» depuis sa construction entre 1792 et 1800. Une séquence qui a sidéré le monde entier et montré le vrai visage violent et méprisant de l’administration Trump vis-à-vis des États en mauvaise posture.
Concernant le conflit israélo-palestinien, outre son plan fantaisiste de vider la bande de Gaza de ses habitants pour la transformer en «Riviera du Proche-Orient» (un projet rejeté catégoriquement et à l’unanimité par les pays arabes et condamné par la majorité de la communauté internationale, Ndlr), Trump a nommé, sous la bénédiction du Sénat, un nouvel ambassadeur des États-Unis dans l’entité sioniste en la personne du sulfureux ex-gouverneur républicain de l’Arkansas entre 1996 et 2007, Mike Huckabee. Proche du gouvernement sioniste d’extrême droite, cet ultraconservateur est présenté comme un partisan de la colonisation de la Palestine.
En 2017, dans une colonie sioniste, ce pasteur baptiste devenu homme politique et figure de la droite chrétienne conservatrice avait déclaré : «La Cisjordanie occupée, ça n’existe pas. Il y a la Judée et la Samarie», le nom biblique de la région que les sionistes utilisent. «Une colonie, ça n’existe pas. Il y a des communautés, des quartiers, des villes. L’occupation, ça n’existe pas», avait-il ajouté
Le message est clair et net. Pour l’actuel locataire de la Maison-Blanche, la cause palestinienne est le cadet de ses soucis. Aux yeux de ce président en accointance avec les dirigeants sionistes et qui ne cache pas sa complaisance aux massacres et crimes odieux commis par l’armée sioniste dans les territoires occupés, les dizaines de milliers de Gazaouis tués (au moins 52.365 martyrs dans l’enclave palestinienne, depuis le 7 octobre 2023, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du territoire palestinien, jugées fiables par l’ONU, Ndlr) comptent pour des «peanuts» (cacahuètes).
On parle même de plusieurs erreurs de casting concernant les personnalités choisies par le magnat de l’immobilier pour former le nouveau gouvernement américain. C’est le cas, par exemple, de l’inexpérimenté nouveau secrétaire à la Défense américain, Pete Hegseth. Cet ancien présentateur de la chaîne Fox News — la chaîne d’information câblée la plus regardée aux États-Unis — fait l’objet d’une enquête interne au Pentagone après avoir partagé, le 15 mars, des informations sensibles (des plans d’attaque et les horaires précis des vols des appareils qui devaient frapper des cibles houthies au Yémen, NDLR) sur la messagerie Signal, dans une conversation à laquelle participait le journaliste Jeffrey Goldberg, du magazine The Atlantic, apparemment invité par erreur par le protégé de Trump.
Pis encore, selon le prestigieux quotidien américain The New York Times, le chef du Pentagone a, également, participé le même jour à une conversation dans un autre groupe de l’application dans lequel figuraient son épouse (journaliste et ancienne salariée de Fox News, mais qui n’est pas employée par le Pentagone, Ndlr), son frère, son avocat «ainsi qu’une dizaine de personnes de son entourage personnel et professionnel». Drôle d’attitude pour un ministre chargé de la plus grande armée du monde !
On peut écrire des centaines de lignes pour décrypter les acrobaties politiques de l’administration Trump, souligner les incohérences des décisions prises par le président américain et pointer du doigt les orientations irrationnelles de ce dernier, sans compter ses annonces sans queue ni tête et ses multiples volte-face.
Assurément, après 100 jours depuis l’entame de son deuxième et ultime mandat, Donald Trump peut se vanter devant ses partisans et son clan d’avoir commis un sans-faute dans l’erreur.