
Ça fait des semaines qu’on ne présente plus Elon Musk comme le symbole du rêve américain, mettant en exergue sa réussite XXL dans le monde des affaires. Cinquante-trois printemps au compteur, cet immigrant de nationalité canadienne (obtenue par sa mère) et d’origine sud-africaine arrivé aux États-Unis en 1992 avec son seul talent dans le business comme atout a su faire de lui l’homme le plus influent dans le monde de la tech, depuis la disparition de Steve Jobs, et même un faiseur de rois (en soutenant financièrement la candidature de Donald Trump, lors de la dernière présidentielle).
Entre réussites entrepreneuriales et ambitions politiques, ce personnage à la fois fascinant et clivant ne laisse personne indifférent. Génie pour les uns, « leader gourou » pour les autres, le propriétaire de Tesla, X, Starlink et Space X semble avoir laissé des plumes, voire abîmé son aura de visionnaire dans l’innovation technologique, en dirigeant ces quatre derniers mois l’inefficace « Département de l’efficacité gouvernementale » (Doge).
En effet, durant les cent premiers jours du deuxième mandat de Donald Trump comme 47e président des USA, l’homme le plus riche du monde a vu sa fortune fondre comme neige au soleil. Ainsi, la fortune du père de X Æ A-12 (son jeune fils filmé sur ses épaules dans le Bureau ovale, Ndlr) qui avait atteint le record extravagant de 486 milliards de dollars (427 milliards d’euros) en décembre 2024 est retombée autour de 335 milliards de dollars, selon les évaluations de l’agence Bloomberg, même si les gains post-élection persistent (73 milliards).
D’ailleurs, d’après un article du journal US The Wall Street Journal publié mercredi 30 avril, les coups durs que connaît le constructeur automobile depuis qu’Elon Musk s’est royalement rapproché de Trump ont incité des membres du conseil d’administration de Tesla à lancer la recherche d’un nouveau directeur général. Certes, la présidente du conseil d’administration, Robyn Denholm, a démenti les informations du « WSJ », sur le compte X de Tesla, mais la suite des évènements va dans le sens du prestigieux quotidien américain.
Pis encore, l’homme d’affaires coiffé d’une casquette, souvent aux couleurs de MAGA, lors des réunions ministérielles a aussi connu ces derniers mois un crash industriel avec la chute des ventes de Tesla, sa marque automobile. Les récents résultats de Tesla, qui a vu son chiffre d’affaires et son bénéfice net baisser respectivement de 9 % et de 71 % durant le premier trimestre 2025 (par rapport au premier trimestre 2024). On parle ici d’un recul évalué à 20 %, tandis que ses profits ont été divisés par trois, en raison de la concurrence chinoise (la montée en puissance du constructeur chinois de batteries et d’automobiles électrique, BYD, avec un bon rapport Qualité/Prix, Ndlr). Les pertes de Tesla sont aussi justifiées par le désamour des consommateurs européens vis-à-vis d’une voiture, dont le dirigeant affiche éhontément, non seulement, son engagement politique aux confins des mouvements d’extrême-droite (Ex: L’Alternative pour l’Allemagne, abrégé en AfD, dans le pays de Goethe), mais aussi pour ses sorties publiques, politiquement incorrectes, comme en témoigne sa quenelle — un bras tendu aux allures d’un salut nazi — le soir de l’investiture du nouveau président des États-Unis dans l’enceinte du Capitol Arena, à Washington DC.
Multipliant les contre-performances financières et économiques, les malheurs de l’homme d’affaires américain se matérialise dans la sphère technologique. Si « Grok » — un chatbot d’intelligence artificielle générative développé par son entreprise xAI, basé sur un grand modèle de langage (LLM) — peine à rivaliser avec ChatGPT d’OpenAI et séduire la masse, la fusée Starship de Spaxe X enchaîne les échecs. Comme lors d’un précédent test en janvier, l’entreprise SpaceX du multimilliardaire a de nouveau perdu le 7 mars dernier le deuxième étage de sa mégafusée Starship, le vaisseau, mais a néanmoins réussi à en récupérer le premier étage dans une manœuvre spectaculaire. Ces incidents successifs ne peuvent, malheureusement, que compromettre les aspirations d’Elon Musk pour voir le drapeau américain planté de nouveau sur la Lune et conquérir enfin la planète Mars.
Et si son business a du plomb dans l’aile, l’activité politique de l’homme à la tronçonneuse semble pâtir de performances très limitées voire en deçà des promesses annoncées suite à sa nomination à la tête du département de l’efficacité gouvernementale (Doge) : couper 2000 milliards de dollars de dépenses fédérales, soit le tiers du budget annuel de l’État central américain.
D’après une interview publiée jeudi dernier par plusieurs journaux, après un Conseil des ministres auquel Elon Musk a assisté (qui pourrait être l’un de ses derniers, Ndlr), le patron de la Doge a reconnu que sa vaste campagne de réduction des dépenses fédérales américaines, initiée par sa Commission, avait partiellement atteint ses objectifs initiaux.
Après avoir été la cible de critiques, y compris de l’administration Trump, le businessman a reconnu que, jusqu’à présent, la thérapie de choc mise en place par son équipe du département de l’efficacité gouvernementale avait réduit les dépenses fédérales de 160 milliards de dollars, un chiffre bien inférieur à l’objectif initial, et ce malgré la suppression de milliers d’emplois de fonctionnaires fédéraux.
« Il s’agit, en quelque sorte, de savoir jusqu’à quel point l’administration et le Congrès sont prêts à souffrir. Parce que c’est possible de le faire, mais cela nécessite de traiter de nombreuses plaintes », a-t-il fait savoir mercredi 30 avril à des médias américains.
Et tout porte à croire que l’aventure de Musk dans l’arène de la politique politicienne ne fut aussi joyeuse, a avoué le richissime argentier de la campagne électorale de Donald Trump. Outre les revers cités précédemment, la popularité d’Elon Musk semble être en déclin, lit-on dans un sondage réalisé récemment par le Centre de recherche sur les affaires publiques Associated Press-NORC.
Sur 100 adultes américains touchés par ce sondage, seuls 33 ont une opinion favorable à ce chef d’entreprises aux multiples casquettes, contre 41 en décembre.
L’étude révèle également qu’environ deux adultes sur trois estiment que l’entrepreneur plein aux As a exercé « une influence excessive sur le gouvernement fédéral ces derniers mois », même si cette influence pourrait bien être sur le point de s’étioler du moment qu’Elon Musk a déjà annoncé vouloir prendre du recul pour consacrer plus de temps à ses activités de chef d’entreprise dès le mois de mai.
Last but not least, le locataire de la Maison-Blanche a invité mercredi dernier le chef de la Doge à rester dans son équipe, après que l’archi-milliardaire a fait part de sa volonté de prendre ses distances avec les affaires gouvernementales, mais a admis le besoin pour le patron de Tesla de se focaliser davantage sur son entreprise.
«Vous pourriez rester aussi longtemps que vous le voulez», a déclaré le président américain à celui qui arborait de deux caps (casquettes) portant l’inscription «Gulf of America» (Golfe d’Amérique), posées l’une sur l’autre, pour faire l’intéressant. Mais «à un certain point, il veut retourner à ses voitures», a ajouté Donald Trump lors d’une réunion du gouvernement.
Assurément, à l’image d’un joueur d’échecs, dont le roi est menacé de capture au prochain coup et pour laquelle aucune parade n’est possible pour l’éviter, on peut dire à Elon Musk suite aux échecs en série dans son business et dans le monde de la politique : « Échec et mat » voire -Elon et mat- ou carrément… Échec et Musk !