
La Presse — N’est-il plus possible de se marier avant l’âge de quarante ans ? Il semble que oui et ce, pour la majorité de la population masculine active. C’est que le mariage, de nos jours, dépasse la seule aptitude psychologique et émotionnelle à vouloir fonder une famille et vivre dans la stabilité que garantit le moule social. Il constitue, désormais, un projet qui nécessite des économies dont le démarrage coûte pas moins de cinquante-cinq mille dinars ! Cette somme a été avancée, en effet, par M. Lotfi Riahi, président de l’Organisation tunisienne pour l’information du consommateur (Otic) sur les ondes d’une radio; une somme estimative, qui a été calculée sur la base des nécessités d’un mariage à la tunisienne.
En effet, pour tout couple qui s’apprête à entrer dans la cage dorée, il est utile de savoir que cette étape vaut des dizaines de milliers de dinars ! « Certes, les familles tunisiennes ont tendance à contribuer, chaque membre de son côté, aux dépenses relatives au mariage d’un proche. Néanmoins, les exigences essentielles coûtent nettement plus », indique M. Riahi à La Presse.
Un minimum de 55 mille dinars !
Il faut dire que, pour avancer une telle estimation, l’Otic a comptabilisé le coût des dépenses en se référant au minimum.
Pour s’engager dans la vie conjugale, il faudrait avant toute chose assurer un foyer doté de toutes les commodités dignes d’une vie moderne. Les électroménagers, par exemple, notamment le réfrigérateur, la cuisinière, la télévision et le lave-linge « bas de gamme » ne coûtent pas moins de cinq mille dinars. Les meubles, quant à eux, nécessitent une enveloppe minimale de quinze mille dinars ; soit vingt mille dinars destinés aux nécessités basiques d’un foyer.
Concernant la dot de la mariée, l’Otic s’est contentée de calculer les prix d’un bracelet, d’une alliance et d’un solitaire, dont les poids sont minimaux. « Prenons l’exemple du bracelet : le minimum serait d’opter pour une pièce de douze grammes. Or, le prix de l’or se situe à 300 dinars pour le gramme; soit un minimum de 3600dt. Pour le solitaire et l’alliance, leur prix serait au moins de 2500dt », explique le responsable, en précisant que la dot de la mariée ne s’aligne aucunement sur la liste des dépenses à sacrifier. « Aucune mariée n’accepterait de se joindre à l’homme de sa vie sans recevoir sa dot », souligne-t-il. Aussi l’or en guise de dote accapare-t-il, à lui seul, près de sept mille dinars.
Les festivités : entre dépenses et « r’mou »
Venons-en maintenant à la cérémonie et ses à-côtés, notamment la cérémonie de la « henna », le dîner offert aux convives, les délices traditionnels « hlow », les jus, le salé, la troupe musicale, les chanteurs, la location de la salle des fêtes, la robe de la mariée, sa mise en beauté ; autant de détails cruciaux qui alourdissent les dépenses spécial mariage. « La location de la salle des fêtes varie entre quatre mille dinars et dix-huit mille dinars. Les frais relatifs au dîner ne seraient aucunement inférieurs à deux mille dinars. De même pour le « hlow », la robe et la mise en beauté de la mariée, etc. », énumère M. Riahi.
Ce qui réconforte, un tant soit peu, les futurs mariés, c’est que la cohésion et la solidarité sociales continuent à venir en aide aux jeunes couples qui s’apprêtent à fonder une famille. Généralement, les familles et les proches se serrent les coudes durant ces évènements. Les parents, les frères et les sœurs n’hésitent pas à sortir leurs épargnes pour contribuer aux dépenses. Les familles alliées, les amis et les voisins font preuve de solidarité et de générosité en perpétuant la tradition du « r’mou », notamment durant la cérémonie de « henna » ou de la soirée du futur marié. Néanmoins, et en dépit de cet élan solidaire spécial préparatifs du mariage, le plus gros lot de dépense reste à venir… « C’est le commencement effectif de la vie à deux qui aura droit de toutes les économies du jeune couple. Ce dernier sera dans l’obligation de payer ses dettes tout en assurant les nouvelles dépenses dont le loyer, les courses et sans trop tarder, les dépenses nécessaires à la grossesse, à l’accouchement, et au bébé », fait remarquer le responsable.
Manifestement, avant de s’engager dans le projet familial et humain le plus légitime, il faudrait réviser ses comptes et tout calculer pour ne pas se retrouver, ainsi que les membres de sa famille fraîchement formée, à court d’argent !