
… Des thèmes poignants racontés au fil des 23 poèmes répartis en 4 chapitres; les textes sont courts, légers et intenses à la fois, avec un grand jeu d’images et des références littéraires de différents horizons.
La Presse — La journaliste et poétesse Emna Louzir vient de publier un nouveau recueil en langue arabe intitulé «La marche des cierges» (Massirat al-choumoua». Animatrice et productrice d’émissions littéraires et culturelles à Radio Tunis, chaîne internationale, elle a déjà cinq ouvrages à son compte : quatre recueils de poésie en arabe littéraire et «Tout un poème», un recueil inspiré d’une production radiophonique portant le même titre, en collaboration avec Moëz Majed. Lauréate du prix Zoubeida Bchir pour la poésie en 2009, ses poèmes ont été traduits en italien, en anglais et en espagnol. Certains ont été publiés dans des anthologies au Canada, aux UAE et au Royaume-Uni.
«La marche des cierges», édité par Pop Libris, fait partie d’une série de publications littéraires baptisée «Pulsation» qui assemble des voix marquantes de la poésie contemporaine. Le titre fait écho aux célèbres vers de Mahmoud Darwiche «Elle dit : c’est comme si tu écrivais un poème.
Il dit : Je suis le rythme de ma circulation sanguine dans le langage des poètes».
L’idée est de rassembler les poèmes dans un format de livre de poche à un prix abordable. Un concept qui colle parfaitement à la vision de Emna Louzir, comme elle l’a indiqué dans la préface de ce recueil. Si le célèbre poète palestinien estime que le texte bat au rythme de son cœur, cette collection annoncée par Pop Libris aspire à faire de chaque vers une pulsation, un battement d’âme.
«La marche des cierges» reprend le fil des réflexions passées depuis «Ranin» paru en 2003. «Jusqu’à ce jour, mes écrits n’ont cessé d’être en osmose avec chaque battement de l’âme humaine, ses préoccupations, ses doutes, ses chocs et avec tout ce que la vie peut apporter à l’être humain», écrit Emna Louzir dans sa préface. Elle a puisé son inspiration dans des rencontres au gré du hasard et des conversations avec des inconnus. Ses vers témoignent de la force de la poésie dans l’expression des émotions les plus profondes : les horreurs, les douleurs, mais aussi la résilience des individus confrontés à de tragiques événements. La guerre, l’exode, le tremblement de terre à Agadir en 1960, les espoirs déçus… Des thèmes poignants racontés au fil des 23 poèmes répartis en 4 chapitres : «Prisonnier d’une illusion» «Que deviennent les histoires de l’enfance ?», «Pluie d’algues vertes» et «Sur la route qui mène à toi». Les textes sont courts, légers et intenses à la fois, avec un grand jeu d’images et des références littéraires de différents horizons. «Photographie», «La tulipe noire», «Poupée», «Sabra» qui fait écho à son tout premier recueil et d’autres poèmes engagés reflètent les tourments de l’histoire, synonymes de destruction et de désolation. Entre cris étouffés par les bombes, murmures dans les ruines, prières dans la nuit, on décèle derrière chaque vers une expérience, un moment de vérité. Des réflexions et une profondeur émotionnelle portent les traces d’une mémoire collective et méritent d’être explorées pour mieux comprendre l’impact des conflits armés sur notre histoire et notre humanité. La poétesse observe, pleure, dénonce et parfois console. Qu’il s’agisse de conflits anciens ou contemporains, les textes nous incitent ainsi à questionner le monde, et même à se révolter. Au fil de la lecture, les paysages détruits deviennent des métaphores de l’âme, d’une réalité intime qui transcende les époques. C’est de cette tension entre violence et beauté qu’est né ce recueil. Peut-on croire au pouvoir des mots, même lorsque tout semble s’effondrer ? «La poésie révèle ce qu’il y a de meilleur en nous », écrit Emna Louzir dans «La marche des cierges». La guerre déchire, brise, bouleverse. Et pourtant, au cœur du chaos, la poésie survit par les mots qui éclairent nos zones d’ombre et mettent en lumière nos élans de bonté, notre sensibilité, notre capacité à rêver, à résister et à aimer.