Accueil A la une Street food : Petits restaurateurs deviendront grands !

Street food : Petits restaurateurs deviendront grands !

Après les succes stories de certains jeunes qui ont su investir leur énergie, leur savoir-faire et leurs moyens rudimentaires dans le street food, ce phénomène — ancien dans certains pays et assez nouveau chez nous — commence à gagner du terrain, convertissant certaines avenues et autres coins de rue en des restos pas comme les autres. Depuis quelques années, il n’est plus étonnant de voir des étals convertis en « sites de grillade », s’installer dans les quartiers populaires et sur les avenues situées dans les agglomérations à forte densité. Aujourd’hui, proposer des grillades diverses, voire des plats concoctés à la fois à la va-vite et dans les règles de l’art, constitue la devise de ceux pour qui, gagner sa vie rime avec passion, détermination et persévérance. 

La Presse — Voici l’histoire de deux amis de longue date, que la vie a séparés pour les réunir, de nouveau, sous la coupole d’un microprojet atypique devenu phare ! Ismaïl Guerrami, cuisinier et Nizar Tebaâi, boxeur et animateur, détiennent un étal-resto, implanté au Bardo 2, sur l’une des principales avenues de la place.

Deux amis qui ont tenté, chacun de son côté, de mener leur vie sans pour autant être prémunis contre les échecs…Néanmoins, leur volonté commune de réussir et de gagner leur pain quotidien avec dignité les a incités à réfléchir à un microprojet, lequel ne serait que le point de départ vers des projets de restauration dignes de ce nom. « Nous avions installé notre étal-resto en 2024, plus précisément durant ramadan, avec un capital minime de cent dinars. « Notre spécialité se limitait à la seule préparation de la salade grillée “méchouiya”; un hors-d’œuvre incontournable à la rupture du jeune. En ce temps-là, nous avions été filmés par une jeune femme qui s’appelait Khouloud, une cliente qui avait publié notre petit resto sur Tik-Tok. Ce geste nous avait grandement servis. Il nous était arrivé de servir pas moins de cinq cents clients par jour.

Mais après l’Aïd, notre activité avait connu un net ralentissement, ce qui nous a poussés à suspendre le projet », raconte Ismaïl qui devait alors travailler comme traiteur durant l’été. Quant à Nizar, il avait changé de créneau pour gagner sa vie en tant que chauffeur de taxi. 

Propreté, bonne qualité et accueil chaleureux

Puis, les deux amis ont décidé, encore une fois, de relancer leur étal-resto et d’améliorer leurs services pour fidéliser leur clientèle. Aussi, ont-ils retenté leur chance à Ramadan 2025. « Nous pouvons confirmer avec fierté le démarrage de notre micro-projet sur des bases bien solides. Pour ce, nous avons misé sur plusieurs critères. Le premier étant la qualité supérieure des ingrédients de base. Notre salade « méchouiya», poursuit Nizar, est préparée à base de quatre variétés de piments, soit le poivron, le piment légèrement piquant ou “meski”, le piment fort et celui, extrêmement fort ou « baqlouti ».

Elle contient aussi des tomates fraîches de qualité supérieure, des oignons, de l’ail et des condiments simples mais fraîchement écrasés au mortier ». Ils proposent la salade “méchouiya” à cinq dinars les 250g. Nawel Riahi et Ferdaous Chaâbani, respectivement mère au foyer et gérante dans une pâtisserie, passaient devant l’étal-resto qu’elles connaissent si bien. Ces deux jeunes femmes en sont des clientes fidèles. «Je venais souvent acheter la “méchouiya” auprès de ce petit resto. Les produits y sont délicieux, propres et sains», indique Nawel. 

Et c’est de bouche à oreille que Ferdaous a pris connaissance de l’existence de ce petit commerce et de la qualité de ses plats. « La propreté et le respect de l’hygiène sont essentiels dans la réussite de ce genre de projets. 

C’est pourquoi, et contrairement à d’autres projets de grillades, nous tenons à bien laver les ingrédients avant de les griller. Pour ce, nous changeons régulièrement l’eau conçue à cet effet, profitant ainsi de la proximité de notre futur local, situé juste derrière notre commerce », ajoute Nizar.  

Intéressé par la discussion, Hichem Belhaj, un client fidélisé, fait part de sa satisfaction de ne pas devoir se déplacer jusqu’au centre-ville de Tunis pour savourer les grillades du street food. «Je trouve ces jeunes dynamiques, débrouillards et honnêtes. D’abord, leurs produits sont propres. Ils usent, immanquablement, de gants pour préparer les mets. D’autant plus que leur salade est savoureuse ; le street food est, comme nous le savons tous, fait par les gourmands pour les gourmands», souligne-t-il. Il ne manque pas d’apprécier le bon accueil et la bonne humeur des deux amis. 

Croire en soi, croire en l’avenir

Quant au troisième atout de ce duo, il consiste en un menu encore plus étoffé au fil des semaines. « Outre la “méchouiya”, indique Ismaïl, nous proposons désormais des têtes de mouton grillées, soit la moitié accompagnée de salade à 20d, la “ojjâ merguez” à 10d, celle aux chevrettes à 20d et à 25d. D’autant plus que nous acceptons de griller ce que propose le client à raison de 4d le kilo ». 

Ismaïl et Nizar n’ont pas baissé les bras. Ils n’ont pas cédé à l’échec. Ils ont la ferme conviction que pour réussir, il faut tenir bon et travailler non sans passion et patience. En s’adonnant à la cuisine à même la rue, les deux amis s’impatientent de voir leur local ouvrir ses portes aux clients; un local petit, certes, mais qui en dit long sur les étapes qu’ils viennent de franchir dans la réalisation de leurs ambitions communes. « Je rêve d’ouvrir une chaîne de restaurants spécial grillade que je baptiserai “Bou mehress”. Je ferais tout pour que mon rêve voie le jour », nous confie Ismaïl. 

Au moment où ces deux jeunes peinent à construire leur avenir, d’autres jettent l’éponge et donnent libre cours au désespoir. « Je vais dire un conseil aux jeunes, note Ismaïl : quelles que soient vos conditions et les difficultés auxquelles vous vous heurtez, ne baissez jamais les bras. Ayez confiance en vous et tentez de monter un projet. Ne succombez pas à l’échec. Ne désespérez jamais ! » . 

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