
La Presse —Il ne nous appartient nullement de remettre en question les précisions apportées par le ministère de la Jeunesse et des Sports en ce qui concerne les directeurs techniques nationaux.
La loi est la loi et elle doit être appliquée. Si on la considère dépassée, si elle ne répond plus aux besoins du sport en cette époque, il n’y a qu’à l’abroger et la mettre à jour. Le département des Sports a d’ailleurs reçu une délégation des directeurs techniques en fonction. Et on s’est engagé à revoir la question, avec un esprit ouvert et une disponibilité à même de permettre d’entrevoir la résolution de ce qui est un grand problème pour le sport national.
Mais, pour ceux qui ont la mémoire courte, il nous semble opportun de rappeler qu’un ministre de la Jeunesse et des Sports en place, conseillé par on ne sait qui, a interdit aux professeurs d’éducation physique et sportive d’entraîner des clubs. Il avait jugé bon de créer à l’Inseps une section pour former des entraîneurs.
Former des entraîneurs, c’est une bonne chose, mais couper le cordon ombilical entre le sport scolaire et le sport civil représente simplement une catastrophe, à laquelle notre sport n’était pas préparé. Depuis, le sport scolaire s’est replié et est entré dans une léthargie dont il n’est jamais sorti. Alors que l’on jouait des matchs scolaires et universitaires à guichets fermés, nous sommes actuellement incapables de dire quoi que ce soit à propos de ce secteur. Alors que la prospection des meilleurs éléments s’effectuait directement dans les écoles et que leurs enseignants les injectaient directement dans les clubs où ils entraînaient, cette rupture a complètement bloqué une situation et un fonctionnement qui ont permis à la Tunisie de dominer les Jeux scolaires et universitaires Maghrébins qui étaient régulièrement organisés tour à tour dans un des pays du maghreb.
Des joutes qui donnèrent de très grands champions. Ce sont ces enseignants qui ont lancé des sections dans de nouveaux clubs où furent créées presque toutes les disciplines sportives. C’est ainsi qu’à part le football, étaient nées de nouvelles sections qui ont considérablement enrichi les potentialités du sport tunisien. L’Asptt, le SN, le CAG, l’ASH, Al Mansourah, l’USTS, le CSB, l’OK, la JSO, l’EST, le CA, EMM, le SCM, etc. Si le sport tunisien s’est vite retrouvé compétitif, c’est bien grâce aux professeurs d’éducation physique que l’Inseps déversait sur le marché et à cette prospection qui s’effectuait directement au niveau de toute la population scolaire.
Cette décision a été à la base d’une rupture entre le civil et le scolaire et a favorisé le départ de la majorité des spécialistes pour le Golfe et ailleurs. «Sauver ce poste de DTN», vite, très vite, c’est bien ce qui devrait être fait le plus rapidement possible. Rien que pour démentir que l’histoire n’est pas toujours un éternel recommencement.