Accueil A la une 78e édition du festival de Cannes : Reflet des tourments du monde

78e édition du festival de Cannes : Reflet des tourments du monde

Juliette Binoche, présidente du jury, a rendu hommage à Fatima Hassouna, 25 ans, tuée le 16 avril lors d’un bombardement sur Gaza.  D’aucuns s’attendaient à une prise de position plus affirmée ! La veille de l’ouverture du festival, 380 artistes issus du monde du cinéma et de la culture, parmi lesquels Susan Sarandon, Cate Blanchet, Richard Gere, Robert De Niro, Javier Bardem, Mark Ruffalo, Hafsia Herzi, Leila Bekhti ainsi que des réalisateurs comme Pedro Almodovar, David Cronenberg,  Xavier Dolan, Jonathan Glazer, Ruben Ostlund… ont signé une tribune intitulée « A Cannes, l’horreur de Gaza ne doit pas être silencée ».

La Presse — Le 78e Festival de Cannes s’est ouvert, mardi dernier, dans une atmosphère marquée par les tourments du monde. Juliette Binoche, présidente du jury, a rendu hommage à Fatima Hassouna, 25 ans, tuée le 16 avril avec dix membres de sa famille, dont sa sœur enceinte, lors d’un bombardement israélien sur Gaza. Photojournaliste palestinienne, Hassouna était la protagoniste du documentaire « Put Your Soul on Your Hand and Walk » réalisé par l’Iranienne Sepideh Farsi et sélectionné dans la section Acid.« Fatima aurait dû être parmi nous ce soir », a déclaré Binoche, en citant l’héroïne disparue « La balle du tireur m’a traversée et je suis devenue un ange ». L’actrice française a salué le courage et l’engagement de la réalisatrice martyre. Elle a également rappelé, avec gravité, l’importance de la liberté de la presse et de la dignité humaine dans un monde de plus en plus disloqué.

D’aucuns s’attendaient à une prise de position plus affirmée de la part de la comédienne d’autant qu’elle est connue pour son engagement en faveur de la cause palestinienne. Puisqu’en octobre 2023, elle figurait parmi les 93 personnalités françaises signataires d’une tribune publiée dans le quotidien français «l’Humanité», appelant à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel à Gaza. Juliette Binoche s’était déjà distinguée en 2002, au début de la seconde Intifada, en exprimant publiquement sa solidarité avec le peuple palestinien. Une prise de position qui avait alors déclenché une vive polémique en France. Ses larmes, versées sur un plateau de télévision, avaient profondément marqué les esprits tout en suscitant une large controverse.

Lors de la conférence de presse du jury du Festival de cette 78e édition, Juliette Binoche a été interrogée sur son absence parmi les signataires de la tribune publiée dans le quotidien français « Libération » et signée par plus de 380 personnalités du monde du cinéma et de la culture, appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza après la mort de la photojournaliste palestinienne Fatma Hassouna. L’actrice a expliqué que « sa décision était motivée par le souhait de ne pas instrumentaliser le festival à des fins politiques », soulignant « l’importance de préserver l’intégrité artistique de l’événement ». Elle a néanmoins exprimé sa solidarité envers les victimes du conflit, précisant que « son engagement personnel ne se traduisait pas nécessairement par une signature publique ».

Cette déclaration a suscité des réactions contrastées. Certains ont salué sa volonté de préserver la neutralité du festival, tandis que d’autres ont estimé qu’en tant que présidente du jury, elle avait une responsabilité morale face à une situation humanitaire aussi dramatique. Selon l’un des collectifs à l’origine de la tribune, Juliette Binoche figurait pourtant parmi les signataires initiaux. Son nom ne figure cependant pas dans la liste des 34 personnalités publiée par le journal «Libération».

« A Cannes, l’horreur de Gaza ne doit pas être silencée » 

Il est vrai qu’à la veille de l’ouverture du festival, 380 artistes issus du monde du cinéma et de la culture, parmi lesquels de nombreux acteurs, tels Susan Sarandon, Cate Blanchet, Richard Gere, Robert De Niro, Javier Bardem, Mark Ruffalo, Hafsia Herzi, Leila Bekhti ainsi que des réalisateurs comme Pedro Almodovar, David Cronenberg, Xavier Dolan, Jonathan Glazer, Ruben Ostlund, cinéaste suédois détenteur de deux Palmes d’Or, ont signé une tribune intitulée « A Cannes, l’horreur de Gaza ne doit pas être silencée ». Publié en ligne le lundi 12 mai, sur le site du quotidien français «Libération», le texte dénonce «le génocide en cours à Gaza et le silence de l’industrie cinématographique face à cette tragédie».

Les signataires ont en substance affirmé « Nous, artistes, acteurs et actrices de la culture, nous ne pouvons rester silencieux tandis qu’un génocide est en cours à Gaza ». La tribune rend hommage à Fatima Hassouna et appelle le monde du cinéma à ne pas rester indifférent, mais à utiliser l’art pour visibiliser l’oppression et défendre les droits humains.

Le documentaire « Put Your Soul on Your Hand and Walk », qui retrace la vie quotidienne à Gaza à travers le regard de Fatima Hassouna, aujourd’hui devenue l’une des 52 862 victimes recensées de l’offensive israélienne, en majorité des civils et des enfants, s’impose comme un acte de mémoire et de résistance. L’opus rend hommage à la journaliste tuée et souligne avec force l’importance de documenter la réalité dans les régions en guerre.

Enfin, bien que cette 78e édition de « Cannes » se déroule dans un contexte international marqué par toutes sortes de conflits, en particulier la guerre à Gaza, le festival a choisi de donner le coup d’envoi avec une romance musicale française : « Partir un jour », premier long métrage d’Amélie Bonnin. Avant la projection du film présenté en compétition, l’acteur américain Robert de Niro a reçu une Palme d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Dans son discours, il a affirmé que « l’art est inclusif, l’art est en quête de liberté et de diversité, et c’est pourquoi il est menacé ». 

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