
Les services du transport et de la logistique constituent un vecteur essentiel pour la dynamisation de l’économie nationale ainsi que pour le renforcement de sa compétitivité.
La Presse — Dans le cadre de ses activités participatives avec tous les acteurs du secteur et les autorités régionales et nationales, le groupement du transport et de la logistique de l’organisation professionnelle relevant de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect) a organisé le 15 mai 2025 un workshop national à Sfax. L’objectif est de débattre de la situation actuelle des cahiers des charges (CC) pour l’exercice des professions du transport et de la logistique, l’examen des limites de ces CC et la proposition des actions de mise à jour et d’harmonisation selon les nouvelles exigences opérationnelles, techniques et technologiques du secteur, telles que la facilitation, la numérisation, l’intelligence artificielle et la durabilité des services.
Le secteur fait face à plusieurs défis
Selon la déclaration du porte-parole du groupement du transport et de la logistique à La Presse, Malek Aloui, l’objectif principal de ce workshop est d’examiner, selon une approche participative, la situation actuelle des CC des professions du transport, identifier les limites et les contraintes et élaborer des propositions pour la mise à jour et l’adaptation du cadre réglementaire. Il est aussi question de présenter des initiatives législatives pour la création et l’organisation des nouveaux métiers nécessaires pour le secteur, tels que les métiers de transitaire aérien et de logisticien.
«La présence des députés de la région dans ce workshop et leur participation active dans les discussions et la recherche de solutions constituent un soutien important pour l’aboutissement de nos propositions qui seront présentées aussi à l’administration de tutelle», souligne Malek Aloui. Et d’ajouter que ce secteur est aujourd’hui confronté à plusieurs défis majeurs, comme la concurrence avec les opérateurs étrangers qui disposent des équipements et des moyens importants et plus modernes, l’intégration des services et la prise en charge de l’opération du transport de bout en bout, la numérisation des documents et des procédures et l’adoption de l’intelligence artificielle, la transition énergétique avec un transport propre et la réduction des émissions de CO2 et de dioxyde de soufre. Sans toutefois négliger l’impact des évènements géopolitiques régionaux et internationaux sur le transport international. Tous ces facteurs constituent des défis pour notre secteur, mais qui peuvent se transformer en opportunités d’amélioration et de compétitivité si on réussit à les relever par des solutions adéquates.
Notre proximité avec l’Union européenne et notre emplacement, de vrais atouts
La conférence a été marquée par l’intervention de Youssef Ben Romdhane, expert en transport maritime. Ce dernier a dressé un état des lieux des cahiers des charges pour l’exercice des professions du transport et de la logistique, leurs limites, leurs défis et les propositions de mise à jour. Il s’est aussi penché sur l’évolution du cadre réglementaire des professions du transport et de la logistique, les limites des CC en vigueur, les défis majeurs du secteur du transport et de la logistique, concluant son intervention par des propositions de réforme réglementaire et de mise à jour pour le renforcement de la performance de la chaîne logistique en Tunisie.
Selon lui, améliorer les services de transport et de logistique est un objectif important pour l’économie du pays. Cela permet de réduire les coûts, de rendre la chaîne logistique plus efficace, de renforcer l’attractivité économique, et de mieux tirer parti de la position géographique stratégique du pays. En effet, notre proximité avec l’Union européenne et notre emplacement sur l’axe maritime est-ouest de la Méditerranée — par lequel passe 30 % du commerce mondial — sont de vrais atouts. Le coût de la logistique du transport en Tunisie est de l’ordre de 20% du PIB alors que dans les économies comparables, il se situe entre 10 et 14 %. Ce coût supplémentaire résulte de plusieurs facteurs, tels que le manque d’organisation et la gouvernance du secteur (absence d’un cadre réglementaire spécifique pour la logistique), l’absence d’infrastructures adéquates à l’instar de zones logistiques aménagées, la formation et les qualifications de l’élément humain, la lourdeur administrative et l’absence de mesures d’encouragement à l’investissement dans le secteur de la logistique et du transport.
Moderniser le cadre réglementaire
Parmi les recommandations avancées par l’expert Youssef Ben Romdhane lors de son exposé, le développement des services de qualité qui créent de la valeur ajoutée et renforcent la compétitivité des expéditions, la maîtrise de la chaîne logistique de bout en bout, l’engagement fort de dématérialisation des transactions et l’adoption de l’IA, la coordination, la complémentarité et l’interfaçage entre les opérateurs pour l’optimisation des opérations du transport et la réduction du retour à vide, la participation aux efforts de décarbonisation des transports et réussir la transition énergétique, l’honorabilité et la moralisation de la profession.
Cette conférence a permis de faire un diagnostic exhaustif des CC des professions du transport et de la logistique, d’identifier leurs limites et les contraintes qui empêchent le développement de ce secteur au rythme exigé par l’économie nationale. Plusieurs recommandations ont été avancées par les participants qui touchent aux aspects réglementaires, l’infrastructure, la formation et la recherche. Ces recommandations seront examinées avec les détails nécessaires lors des workshops spécifiques pour chaque profession ou groupe de professions compatibles pour élaborer des propositions concrètes qui seront présentées aux administrations de tutelle.
En résumé, le secteur du transport et de la logistique est un levier essentiel pour l’accomplissement des objectifs de l’économie nationale. Toutefois, le secteur de la logistique et du transport nécessite un cadre réglementaire moderne et flexible, une infrastructure physique et numérique adaptée, des procédures légères et numérisées et une qualification professionnelle du capital humain évoluée et connectée avec le monde de la digitalisation et de l’intelligence artificielle, soulignent les participants.
Le programme de travail du groupement du transport et de la logistique de la Conect comprend dans les semaines à venir un ensemble d’évènements régionaux et nationaux visant la présentation d’un plan d’action pour la mise en œuvre de toutes ces recommandations et réflexions, en collaboration avec les instances nationales concernées.