Accueil A la une Mongi Marzouk : « L’avenir énergétique tunisien exige une approche participative »

Mongi Marzouk : « L’avenir énergétique tunisien exige une approche participative »

L’ancien ministre de l’Énergie dresse un état des lieux du secteur énergétique tunisien et appelle à une réforme en profondeur de la politique nationale.

Dans une interview accordée à UltraSawt Tounes le 18 mai 2025, l’ancien ministre de l’Énergie Mongi Marzouk a détaillé sa vision pour l’avenir énergétique du pays, tout en critiquant certaines décisions récentes concernant les contrats avec les investisseurs étrangers dans le secteur des énergies renouvelables.

« En septembre 2023, l’Ordre des ingénieurs et un groupe d’experts ont présenté un dossier complet sur les politiques énergétiques, comprenant des recommandations essentielles pour le développement durable du secteur, » a expliqué Marzouk. Selon lui, l’une des principales recommandations consiste à « déclarer la transition énergétique comme priorité nationale absolue, tant sur le plan social qu’économique, avec la nécessité de nommer un commissaire gouvernemental doté de larges pouvoirs pour accélérer efficacement cette transition. »

L’ancien ministre insiste sur l’importance d’intégrer le plan de transition énergétique au cœur du programme national de développement durable et de la politique climatique. « Cette stratégie doit s’aligner avec les objectifs de neutralité carbone, de résilience et d’adaptation, » précise-t-il.

Concernant le cadre réglementaire, Marzouk préconise « une réforme complète du système de gouvernance afin d’encourager et d’accélérer la production d’énergies renouvelables, avec un soutien politique fort et un suivi au plus haut niveau. » Il souligne également l’importance d’une « approche participative dans la préparation, la révision et la mise en œuvre du plan de transition énergétique, avec un engagement envers des normes socialement équitables et des objectifs durables. »

Parmi les autres mesures recommandées, l’ancien ministre cite « l’élimination de tous les obstacles entravant le développement des projets d’énergies renouvelables » et « la réhabilitation du système électrique national pour répondre aux exigences d’électrification du secteur des transports. »

Interrogé sur les critiques adressées au ministère de l’Énergie concernant la gestion des énergies renouvelables et la place accordée aux entreprises étrangères, Marzouk a évoqué un cas précis qui suscite la controverse. « Le 19 septembre 2023, le Comité supérieur de la production privée d’électricité, présidé par le chef du gouvernement Ahmed Hachani, a approuvé une proposition de prolongation de dix ans des contrats d’exploitation des projets d’énergie photovoltaïque, passant de 20 à 30 ans, » a-t-il révélé.

« Cette décision a été vivement critiquée par plusieurs députés en avril 2025, qui la considèrent contraire à la loi de 2008 relative aux concessions, » poursuit-il. « Les parlementaires estiment que les justifications avancées par les investisseurs concernant l’impact de la pandémie et de la guerre en Ukraine sur l’industrie photovoltaïque sont très limitées et brèves, se basant sur diverses données de sources internationales reconnues. »

« Face à ces modifications importantes dans les contrats d’achat d’électricité auprès des entreprises étrangères, le gouvernement aurait dû traiter ce dossier en toute transparence plutôt que de l’occulter, et le soumettre obligatoirement à l’approbation de l’Assemblée des représentants du peuple compte tenu de l’ampleur des changements contractuels, » affirme Marzouk avec fermeté.

L’ancien ministre conclut en critiquant le choix du gouvernement de prolonger la durée d’exploitation de 50% « pour éviter de promulguer une loi, » ce qui, selon lui, « équivaut logiquement et implicitement à un changement significatif des prix nécessitant une autorisation légale. » Il ajoute que « prolonger la durée dans les mêmes conditions conduirait inévitablement à des prix plus bas, » et rejoint l’avis des députés qui considèrent que « la prolongation de dix ans est illégale et non autorisée par la loi de 2008. »

Charger plus d'articles
Charger plus par S. M.
Charger plus dans A la une

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *