
À mi-parcours, le Festival de Cannes n’a pas encore révélé son grand film, mais Sirat d’Oliver Laxe s’impose déjà comme un favori critique. Autour, la sélection divise entre hommages, provocations et drames intimes.
La Presse—Le festival de Cannes bat son plein alors que la section de la compétition n’a pas encore révélé le grand film de cette édition, quoique «Sirat» du réalisateur espagnol Oliver Laxe a créé une sorte d’unanimité auprès de la critique. Cet attachant road movie déroule l’histoire d’un père à la recherche de sa fille disparue dans le désert marocain, son fils l’accompagne dans ce périple.

La dimension immersive du film, à travers la rencontre des protagonistes avec une communauté de raveurs nomades, confère au film, proposant une réflexion sur la mort et le deuil, toute son originalité. D’autant que la forme adopte une dimension multiple entre road movie, western, drame familial et spirituel.D’autres opus en lice pour la Palme d’Or ont, sans créer l’unanimité, provoqué le débat divisant, en quelque sorte, la critique. Citons : «Nouvelle Vague» du Français Richard Linklater qui rend hommage à Jean Luc Godard et à la Nouvelle Vague française en recréant le tournage de «A bout de souffle». Tourné en noir et blanc avec l’esthétique cinématographique propre à ce mouvement, tels la caméra portée, le tournage dans les rues, la lumière naturelle, les longs plans séquences et autres, le film demeure nostalgique sans une réelle transcendance.
«Edington» du réalisateur américain Ari Aster, du genre satirique, met en scène Joaquim Phoenix dans le rôle d’un shérif anti-masque en confrontation avec un maire, interprété par Pedro Pascal, dans une Amérique post-andémique. Le film a divisé la critique, certains «saluant son audace innovante», d’autres le trouvant «confus et sans grande innovation cinématographique». Il est vrai que le film qui traite de l’accaparation du pouvoir s’est dispersé en multipliant les axes qui ont créé une certaine confusion dans les esprits. Ce qu’il a réédité au niveau de la forme en multipliant le recours à plusieurs supports technologiques.

«Die my love» de Lyne Ramsay, drame adapté du roman «Crève, mon amour» d’Ariana Harwicz, traite de la maternité, de la dépression-post partum et de la psychose. Grace (Jennifer Lawrence), vivant dans une région isolée des Etats-Unis, souffre de la monotonie de la vie et de l’absence de son mari Jackson (Robert Pattinson), sombre dans la folie. On assiste à une descente aux enfers prévisible et répétitive qui gomme, hélas, l’émotion. La forme fractionnée de l’opus reflète la psychologie du personnage, mais le film demeure somme toute assez classique et prévisible. Toutefois, l’actrice Jennifer Lawrence signe dans ce rôle, outre son retour, une réelle performance d’actrice toute en nuance.