
La Presse — Les plages (il paraît que leur nombre tourne autour de deux cents) vont être réhabilitées aux niveaux de l’esthétique et de l’hygiène. C’est assurément une bonne chose, vu qu’elles constituent pour des milliers de familles, une source de joie et de détente. Dans quelques semaines, les grandes chaleurs en feront des points stratégiques qu’il faudrait surveiller, approvisionner, garder et surtout maintenir dans un état acceptable.
Discipline et sécurité
Les futurs amateurs de baignades ne sont malheureusement pas tous disciplinés. On aura des problèmes avec les ballons, les chiens, les quads qui ont été strictement interdits par un communiqué du ministère de l’Intérieur en raison des incidents qui ont eu lieu. En dépit de cette mise en garde, il y en aura et il faudra ouvrir l’œil.
Mais au niveau de ce qui se passe dans l’eau, c’est tout un autre problème.
En fait, deux questions qu’il faudrait suivre de près. La première, celle des hors- bords qui sillonnent la côte, et dont les conducteurs s’ingénient à zigzaguer tout près des baigneurs. Il y a eu des accidents et le fait de rappeler les consignes ne serait pas de trop.
Il y a ensuite et surtout ces tristes records que l’on voudrait réduire à leur plus simple expression. Ceux que l’on enregistre au niveau du nombre de noyades.
Des drames qui transforment une journée censée être consacrée à la détente et qui par maladresse, ignorance et bravade, se métamorphose en tragique destinée pour un enfant ou un adulte. Il ne faudrait pas croire que ces scènes où on voit une personne mourir entre les bras d’un secouriste ou d’un parent sur le sable ne marque que les membres de la famille du défunt. Tous ceux qui assistent à la scène ne voudront plus jamais revoir cette image, qui hante pour un bon bout de temps les esprits et inhibe des amateurs de baignades les plus endurcis.
Des champs d’eau sécurisés
A ce propos, la mise en place d’enceintes sécurisées où opéreraient des entraîneurs de natation serait la bienvenue pour accueillir les enfants et aider les parents. La natation n’est pas seulement un sport. C’est un moyen de défense, de survie. En Hollande, l’enfant n’est inscrit à l’école que s’il présente son brevet de natation. Que dire pour un pays qui possède plus de 1.200 kilomètres de côtes. La fédération de natation, au lendemain de l’indépendance, avait installé ces champs d’eau un peu partout…
Il est d’usage que l’on procède à la mise en place de postes de surveillance tout le long des plages. Ces postes, il faudrait le reconnaître, ont connu bon nombre d’améliorations. Aux côtés des secouristes sauveteurs, il y a des agents de la Protection civile à des points névralgiques. On a également prévu des véhicules équipés pour les transports d’urgence, des hors-bords, des ambulances et d’autres moyens pour parer au plus pressé. Mais ce n’est pas assez. La Protection civile ne peut pas être partout et tout faire.
Mathématiquement parlant, il y aura de plus en plus de baigneurs. Les familles seront de plus en plus nombreuses, le nombre de touristes sera également plus élevé. Il leur faut des services plus développés, plus de nageurs sauveteurs et… plus de places pour parquer leurs véhicules, un service d’entretien plus conséquent et…les moyens de se ravitailler en eau ou même en nourriture.
Tout cela est à organiser et à ne pas abandonner aux mains des squatteurs qui viendront imposer leur loi.
Les municipalités devraient se mobiliser en conséquence. Il y a de l’argent à gagner et une satisfaction de voir les choses s’organiser pour que ceux qui ne disposent pas de gîtes pieds dans l’eau rentrent heureux au terme d’une journée harassante certes, mais pleine de bons souvenirs.
Petites mains, petits métiers
Ces plages, il faudrait qu’elles évoluent sans les abandonner à ceux qui cherchent le gain facile. C’est ainsi qu’au lieu de laisser des vendeurs de n’importe quoi, confectionné à partir de viandes d’âne ou de chat, motiver des personnes qui loueront un espace bien déterminé, pour vendre des sandwichs, des glaces, ou autres collations propres et contrôlées. Il y a beaucoup de jeunes filles ou garçons qui cherchent des jobs de ce genre, pour avoir de quoi payer leurs loyers lors de l’année scolaire. Accorder l’installation de « food track », ces véhicules ambulants, légers, propres, éclairés, à des endroits bien précis, répondant à un cahier des charges facile, ne serait pas de trop.
Le toilettage de la cité devrait entrer en ligne de compte. Trottoirs, éclairage, horaires d’ouverture des points de vente, remise en état des chaussées, des ronds-points, des feux, des vitrines à rafraîchir, etc. sont des actions qui redonnent vie à une cité balnéaire.
Prévention et organisation
Cette remise en état est d’ailleurs nécessaire pour toutes les villes. Après une saison d’hiver particulièrement éprouvante (mais prodigue), il y a eu tellement de dégâts qui nécessitent un effort. Il y a une image que l’on doit préserver pour un pays touristique.
Restent les moyens de communication. Ces familles qui sont allées à la plage ont besoin de rentrer chez elles le plus vite possible. Elles empruntent les transports en commun. On devrait leur prévoir des bus ou des rames de métro à des heures bien étudiées.
Ne terminons pas sans insister sur la conception de spots de mise en garde et d’information à la TV et sur les ondes. Pour ne pas se contenter de pleurs et de regrets, il faut agir et concevoir tout un programme répondant à des normes techniques et scientifiques.
Cela vaut bien la vie d’un citoyen.