
Ce n’est pas seulement une histoire d’exil mais un voyage mystique à la découverte de soi et le sens de l’appartenance à une époque où l’immigration est devenue un choix intérieur aussi bien qu’une voie vers une migration physique.
La Presse — Humour et désarroi caractérisent le monodrame « El Bahth Ala Yasmine » (A la recherche de Yasmine), signé Nacer Akermi qui a été présenté en avant-première mercredi 21 mai 2025 au Théâtre des jeunes créateurs à la Cité de la culture devant un public d’amateurs du quatrième art.
Entre drame et comédie, la pièce explore avec subtilité la question de l’exil et de la nostalgie du retour au pays à travers un voyage contemplatif vécu par un personnage qui vit en solitaire sur le bord de la mer. Il s’agit d’un jeune étudiant-chercheur qui prépare un doctorat. Il fuit le vacarme assourdissant de la société et la pression familiale pour s’installer dans un taudis près de la mer, et ce, à la recherche de lui-même et du vrai sens de la vie.
Le jeune homme vit un exil intérieur. Il contemple la réalité et communique avec la mer comme un personnage symbolique faisant écho avec ses conflits intérieurs et comme un miroir de ses fantasmes. Il construit une petite barque et se met à pêcher et enregistre ses souvenirs et ses idées faisant appel aux chansons populaires et aux danses pour briser la solitude.
Mais le tournant dans la pièce se produit lorsqu’il se rend compte que l’endroit qu’il a choisi est emprunté par des immigrés clandestins qui cherchent à fuir le pays, ce qui le pousse à s’interroger sur une question existentielle : qui est le véritable immigré ? L’immigration consiste-t-elle en l’éloignement du pays ou de soi-même ?
La pièce se base sur des monologues intérieurs, des dialogues symboliques avec la mer et des scènes étudiées de scénographies expressives, à l’instar de la lumière qui traduit la vie de cet homme, et ce, dans le but de mettre en valeur le sentiment de solitude, d’une part et la célébration de soi, de l’autre.
Les scènes de chorégraphie et de chant sont au service de l’œuvre, exprimant les états profonds intérieurs comme l’espoir, l’exil et le rêve.
Avec seulement quelques accessoires : un tabouret, une tabla, une bouteille et une radio-cassette, l’acteur qui est lui-même auteur de la pièce réussit à interpréter plusieurs personnages avec lesquels il entretient un dialogue où les mots subversifs expriment le désarroi d’une jeunesse vouée à la perte en raison des choix politiques malheureux.
«A la recherche de Yasmine » n’est pas seulement une histoire d’exil, mais un voyage mystique à la découverte de soi et le sens de l’appartenance à une époque où l’immigration est devenue un choix intérieur aussi bien qu’une voie vers une migration physique.
La chorégraphie de Kaïs Boulares et la scénographie de Riadh Touti donnent de l’étoffe à cette nouvelle création qui enrichit le répertoire théâtral tunisien.