
Ça bêle, mais pas encore partout. N’empêche, les préparatifs pour l’Aïd battent leur plein.
La Presse — Les artisans donnent libre cours à leur inspiration en exposant, depuis quelques jours, leurs «inventions» à base de tôle artistiquement tournée ou de jantes de voiture joliment transformées, adaptées et peintes pour réussir de savoureux méchouis-maison.
Un certain nombre de gouvernorats n’ont pas encore de points de vente désignés. D’autres, par contre, ont pris les devants, surtout ceux qui sont réputés pour la qualité et la valeur gustative de la viande de leurs moutons. Il y a ceux qui sont toujours disposés à effectuer des centaines de kilomètres pour satisfaire leurs goûts pour de la viande parfumée, par ces incomparables parcours, ces prairies parsemées de plantes aromatiques aux senteurs fantastiques.
De toutes les manières, du mouton en veux-tu en voilà. Une année exceptionnelle, où l’autosuffisance est notoire. Il n’y aura ni inquiétude ni stress. Les signes ne trompent pas. Devant les boucheries, en dépit de l’interdiction d’égorger sur la voie publique, des enclos ont été installés pour grouper un certain nombre de bêtes pour la consommation quotidienne du côté de Raoued. Le kilo se vend entre trente neuf et quarante cinq dinars.
Déjà, les bergers exposent leurs bêtes bien dodues, à la faveur de quelques traversées des rues de cette cité, réputée pour l’étendue des choix que l’on offre. En dépit de la gêne que cela occasionne pour la circulation, ces apparitions donnent une idée de l’animation qui sera de plus en plus notoire au fur et mesure que l’Aïd approchera.
Une fois les points de vente fixés, l’acheteur aura un choix plus vaste.
Dans d’autres villes, tout est déjà en ordre.
Les autorités ont pris les devants pour assurer une bonne répartition entre les points de vente, à l’effet d’éviter la spéculation. En élargissant l’offre on agit automatiquement en faveur d’une baisse sensible sur les prix.
La preuve, on ne parle plus de «millions» mais de «centaines». La raison s’est imposée et les prix annoncés sont plus cléments.
Il faut dire que le fait de décider l’importation de viande réfrigérée pour subvenir à la demande courante et alléger la pression qui pesait sur le marché a été une réaction salutaire.
Ces dispositions prises pour alléger la tension sur le marché, en écartant l’approvisionnement des grands ensembles et le secteur hôtelier, ont en effet ramené la quiétude qui semble s’instaurer.
Indépendamment des besoins du secteur hôtelier, ceux qui, faute de moyens, se sont décidés à acheter des quartiers de mouton, iront se servir directement dans les grandes surfaces par exemple. Autant d’air pour le marché qui sera moins encombré.
Les municipalités se sont mobilisées pour assurer une fluidité dans les opérations en mettant en place une organisation qui évitera les encombrements et les bouchons qui entravent la circulation. Les barrières pour canaliser la foule sont déjà sur place.
Il faudrait reconnaître que le cheptel, qu’on a estimé largement suffisant, a contribué à la stabilisation de la situation. Il couvrira largement la demande, tout en répercutant cette aisance sur les prix, qui «observeront un repli certain dans les derniers jours» nous a assuré un berger qui nous a donné l’impression de savoir de quoi il parle.
Il faudrait reconnaître que les envolées lyriques d’il y a deux ou trois mois, annonçant des prix hors de portée, n’ont plus cours. La disponibilité du cheptel, cette autosuffisance, a effectivement fini par calmer le jeu.
Etant donné que la fourchette des prix semble se situer entre sept cents et mille dinars, peut-être un peu plus, selon le poids de la bête. Officiellement le prix au kilo pour les bêtes vivantes a été fixé à 21 dinars 900.
«Le cheptel aurait pu être plus nombreux si on avait pris la peine d’interdire formellement le sacrifice des brebis. Bon nombre de bouchers, surtout ceux qui sont sur les grandes routes, égorgent et vendent régulièrement des brebis. Cela se répercute sur la reproduction. Il faut sévir pour éviter une crise qui menace notre cheptel».
A Tataouine par exemple, le responsable régional a annoncé que plus de trente cinq mille bêtes seront disponibles avec la possibilité de renforcer ces chiffres. Toutes les régions ont réagi de la même manière et les chiffres qu’elles avancent répondent largement aux besoins.
Une fois les points de vente officiels mis en place, ce qui sera fait au plus tard cette semaine, «les services de contrôle seront déployés pour assurer la transparence des échanges et réprimer toute tentative de spéculation».
L’Aïd 1496 sera fêté dans une opulence que la saison hivernale bien arrosée et confortée.