
La Presse — Quelle différence y a-t-il entre un jeune expatrié qui se jette à corps perdu pour défendre les couleurs d’un pays dont il n’a peut-être jamais foulé le sol et un né, élevé et formé dans ce pays, mais qu’il renie pour on ne sait quelles considérations ?
Le premier reconnaît que des milliers d’années d’histoire, de civilisation et de lutte pour asseoir cette reconnaissance qui inspire le respect et la considération méritent bien des égards. Ses gènes l’interpellent. Sa gratitude pour la terre de ses parents ou grands-parents ne le laisse pas indifférent.
Le second est de ceux qui sont perdus dans leur ignorance et qui se cachent derrière leur arrogance.
La fédération de volleyball, qui a décidé de se rapprocher de tous ceux qui ont rompu les liens avec l’équipe nationale, avons-nous appris, trouve des difficultés pour convaincre un des éléments opérant à l’étranger et qui a fait valoir qu’il se préparait à embrasser une nouvelle nationalité sportive. C’est assurément son droit, son choix.
Le sport tunisien, tout en nous limitant à ce secteur, est plus grand que les individualités qui pensent que leur avenir tient à cette option, à cette rupture.
Il n’en demeure pas moins que les responsables, à tous les niveaux, devraient se poser la question à propos de cette sécession, qui coupe les ponts de manière définitive. D’autres jeunes sportifs figurant parmi l’élite ont choisi ce chemin. Déçus, perdant tout espoir, ne voyant rien venir à l’horizon, convaincus que leur avenir est en danger, ils s’engagent dans cette voie. Boxeurs, lutteurs, athlètes, handballeurs, etc. ont accepté de changer de nationalité sportive.
Cibles des «chasseurs de têtes»
En effet, des pays qui ne disposent que de l’argent ont accédé aux podiums mondiaux ou olympiques, grâce à la mise en place de «chasseurs de têtes», en quête d’éléments de valeur qui cherchent refuge pour assurer leur avenir.
Des pays des cinq continents ont accédé aux plus hautes marches des podiums, en sports individuels ou collectifs grâce à ces expatriés, à ceux qui ont accepté de changer leur nationalité sportive. Quitte à ce qu’ils soient en fin de carrière la cible des racistes de tous bords.
Le sport tunisien a déjà fourni un lot appréciable de ces éléments qui ont rejoint les pays du Golfe ou d’Europe notamment.
Il y en aura d’autres. Parce que les mesures prises pour éviter cette émigration vers d’autres cieux sont insignifiantes. Un jeune qui a tout sacrifié pour hisser haut les couleurs nationales ne pourra jamais vivre, une fois sa carrière terminée, avec un peu plus que le Smig s’il a la chance d’être retenu parmi le lot que l’on choisit pour la mise à la retraite sportive.
Ces éléments d’élite savent que le temps dont ils disposent est très court. Ils se jettent à l’eau avant qu’on les déverse dans les marécages d’une «administrite» qui finira par en faire des ratés.
Ceux qui ont tout sacrifié
Le cas de ce volleyeur (s’il ne revient pas sur sa décision) aura au moins servi à quelque chose. Ceux qui ont décidé de tout sacrifier pour la cause du sport national doivent bénéficier de toute l’attention des autorités compétentes. Le fait de se préparer, en toute tranquillité d’esprit, décuple les moyens et accélère la progression d’un athlète.
Un sportif d’élite n’est pas un CDD mais bien un CDI dont on vient de voter la loi, protégeant ceux qui vivaient dans le doute, l’angoisse du lendemain et la précarité.
La balle est dans le camp du MJS qui se doit de régler de manière définitive ce problème au niveau des sports olympiques et paralympiques, à l’image de ce qui se fait de par le monde et maintenant même chez nous, dans les autres secteurs de la vie sociale.
Parallèlement à leur carrière sportive, on doit assurer la reconversion pour que ceux et celles qui ont été des exemples, des idoles à imiter, des vedettes internationales, qu’on se lève dans des standing-ovations qui donnent la chair de poule, pour saluer les performances, les prestations ne deviennent des ombres qui rasent les murs et tendent la main.
Personne, en Tunisie, ne doit rester au bord de la route, a-t-on décidé. Il faudrait qu’il en soit ainsi au niveau du sport national.
La fidélité est un signe de force dit-on, mais… tout a des limites.