
Artistes-plasticiens et amateurs d’art ont marqué de leur présence cet événement qui constitue une vitrine des arts plastiques de l’année écoulée. 191 exposants et plus de 300 œuvres y participent.
La Presse — Dans une ambiance chaleureuse et joviale s’est tenue vendredi 23 mai 2025 le vernissage de la 10e édition du Salon tunisien de l’art contemporain au Palais Kheïreddine à la Médina de Tunis. Le salon se poursuivra jusqu’au 6 juin prochain. Artistes-plasticiens et amateurs d’art ont marqué de leur présence cet événement qui constitue une vitrine des arts plastiques de l’année écoulée.
191 exposants et plus de 300 œuvres participent à cette exposition organisée par l’Union des artistes plasticiens tunisiens (Uapt) avec le soutien du ministère de la Culture et de la municipalité de Tunis. « Odyssée » est « la lutte quotidienne pour peindre, exposer, partager et rencontrer d’autres artistes est une épopée en soi », selon les organisateurs dont le but est de célébrer le parcours de l’artiste tunisien à travers ses œuvres.
Eclats de couleurs et de lumières caractérisent ce voyage artistique dans lequel chaque artiste a exposé une ou deux de ses plus belles œuvres. Outre les toiles, qui sont légion, on retrouve des sculptures et des installations vidéo. Aux côtés des huiles, acryliques et techniques mixtes, la photo, qu’elle soit en noir et blanc ou en couleur, marque aussi sa présence ainsi que le tapis artistique issu d’une tradition artisanale ancrée dans notre patrimoine.
Un flux de couleurs abonde les compositions figuratives, semi-figuratives ou abstraites. Une myriade d’artistes de différentes générations et sensibilités, dont une grande majorité de femmes, expriment avec audace et fulgurance leur ressenti. Portraits saccadés, personnages dans des positions expressives, registre animalier et floral (moutons, poissons, animaux féroces) et autres motifs abstraits sont le prétexte d’expressions où se dégagent le talent et l’émotion enfouis de ces artistes.
Quelques exemples suffisent à donner une idée de cette «Odyssée» artistique. Dans la vaste salle de l’entrée de la galerie, le ton est donné. Des tringles suspendues à des fils entourent une figure féminine vêtue d’un large jupon de crinoline, dont les longs fils occupent tout l’espace. L’œuvre, réalisée à partir de matières naturelles, rend hommage à l’environnement et à la nature. D’autres installations et sculptures jalonnent les différents espaces de la galerie. Pierre, marbre, inox ou autres objets de récupération sont métamorphosés grâce à l’esprit d’innovation des artistes pour donner lieu à des œuvres artistiques pleines de grâce, à titre d’exemple la sculpture en métal représentant le buste d’une femme de Mohamed Nacer Harrabi, «Retourne la veste», technique mixte de Ilhem Taktak, la machine à coudre, l’installation, « A la mémoire de » de Besma Hlel, ou encore ce « J’aime », œuvre en inox de Soufiane Bouali, pour ne citer que ceux-là.
Les acryliques et huiles ou encore les techniques mixtes sont amplement présentes. Ahmed Zelfani, toujours fidèle à son style théâtral, déploie une palette qui met en valeur le patrimoine tunisien : la chéchia rouge vermillon rehausse les têtes de silhouettes étirées d’hommes vêtus de costumes noirs qui se confondent avec la toile peinte en noir. D’autres peintres puisent dans l’héritage culturel tunisien leur source d’inspiration et offrent une narration à la fois réaliste et onirique. Sami Ben Ameur et sa « Surface fouillée », Hamda Dniden, Habib Bida, Jamel Sghaïer et sa « Composition », un abstrait dépouillé, Mouna Abida et ses « Ivresses de lignes » ravivent la mémoire des arts plastiques.
Une autre figure féminine, une sorte de sirène entourée de poissons, intitulée « Nostalgie d’un été », acrylique sur toile signée Salma Smaoui ,baigne dans une mer bleue turquoise qui contraste avec la tignasse blonde du personnage. Le personnage féminin est aussi présent chez Néjib Boussabah « Violence », une œuvre expressionniste où une femme essaie de se défendre des griffes d’animaux sauvages. «Jardin d’Eden », acrylique sur toile d’Olfa Jemaâ, « Visages », techniques mixtes de Ryadh Belhadj Ahmed, « L’envol des cols », œuvre ludique en technique mixte de Ines Bouaziz, « Parfum de couleurs », technique mixte sur bois de Abdelaziz Dridi, « L’âme errante », acrylique sur toile de Haïfa Jendoubi, « Déchirure » d’Ines Hammouda » et d’autres toiles tout aussi intéressantes que notre espace ne peut contenir méritent d’être vues.
La photographie marque également sa présence. « Sababa » de Saber Bahri, « Bouldoun » de Brahim Bahloul, « Cet argile me rassasie » de Roumaissa Mersni représentent chacune à sa manière les traces d’un instant saisi au vol mais avec une grande justesse et passion. L’exposition est riche et diversifiée. Elle mérite le déplacement et que ceux que nous n’avons pas cités nous pardonnent.