Accueil A la une IA – Industrie automobile : Faire monter la Tunisie en gamme dans les chaînes de valeur mondiales

IA – Industrie automobile : Faire monter la Tunisie en gamme dans les chaînes de valeur mondiales

La Tunisie, forte d’une industrie automobile en expansion, occupe une place stratégique dans les chaînes de valeur mondiales, notamment en ce qui concerne la production de composants destinés aux marchés européens et internationaux.

La Presse — Cette filière constitue aujourd’hui l’un des piliers majeurs de l’économie tunisienne, générant plus de 3,5 milliards de dollars d’exportations par an. Elle représente à elle seule près de 80 % des exportations industrielles du pays et environ 30 % de ses exportations totales. Cette performance reflète non seulement la compétitivité du tissu industriel tunisien, mais aussi sa capacité à répondre aux exigences technologiques, qualitatives et logistiques des grands donneurs d’ordre mondiaux.

Tournant technologique 

Dans le cadre de la 26e édition de son Forum annuel international, organisé récemment par le Magazine L’Economiste Maghrébin, autour du thème: « La Tunisie face à la nouvelle donne mondiale : quelles options stratégiques à l’heure de l’Intelligence artificielle ? », Serge Degallaix, ancien ambassadeur de France à Tunis, n’a pas manqué de rappeler que cette filière emploie plus de 100.000 personnes, et sa croissance reste soutenue malgré les difficultés conjoncturelles du marché automobile européen.

Et d’ajouter que « ce développement est d’autant plus significatif qu’il intervient dans un contexte de transformation technologique profonde du secteur, marqué par l’électrification des véhicules, l’essor de l’internet des objets, et surtout l’introduction progressive de l’Intelligence artificielle (IA) ». Grâce à un tissu solide d’entreprises et de start-up innovantes, la Tunisie a su négocier ce tournant technologique. Elle développe aujourd’hui des compétences reconnues en matière de logiciels, d’intelligence artificielle, et même de fabrication de certaines puces électroniques, confirmant ainsi son potentiel dans les technologies émergentes.

Défis structurels

Cependant, l’adoption généralisée de l’IA dans l’industrie tunisienne, et plus particulièrement dans le secteur automobile, reste confrontée à plusieurs défis structurels, dont l’insuffisance des infrastructures numériques, le besoin d’une formation adaptée à tous les niveaux, ainsi que les difficultés d’accès au financement pour les PME innovantes. 

Pour surmonter ces obstacles, un engagement public fort est nécessaire : cela suppose des investissements significatifs dans les infrastructures de communication et dans les centres de données, une politique ambitieuse de soutien à la recherche appliquée, et le développement de partenariats structurants avec des entreprises européennes, mais pas exclusivement.

L’ancien ambassadeur a souligné, par ailleurs, que dans les classements internationaux, la Tunisie figure parmi les pays africains les plus avancés en matière de services numériques. Elle rivalise même avec des pays européens comme le Portugal ou la Norvège pour certaines exportations dans ce domaine.

Mais face à des concurrents mondiaux redoutables, elle doit encore renforcer son attractivité. Cela passe par une vision stratégique claire et à moyen terme, capable de rassurer les investisseurs et de motiver les entreprises locales comme étrangères. L’intégration de l’Intelligence artificielle dans la fabrication de composants automobiles peut être un véritable levier pour faire monter la Tunisie en gamme dans les chaînes de valeur mondiales.

En s’appuyant sur un capital humain jeune, bien formé et reconnu, le pays a les moyens d’attirer davantage d’investissements directs étrangers, notamment dans les segments à plus forte valeur ajoutée. Cela suppose une adaptation continue du système éducatif, en lien étroit avec les besoins industriels, et une coopération renforcée entre acteurs publics et privés, nationaux et internationaux.

«Le pragmatisme et le volontarisme doivent guider cette transition. Car dans un monde de plus en plus polarisé entre les Etats-Unis et la Chine, la Tunisie peut trouver sa place. L’essor de l’Intelligence artificielle ne repose pas uniquement sur les grands modèles de langage. Il existe aussi un espace prometteur pour des modèles plus ciblés, répondant à des besoins spécifiques, plus sobres en ressources, et plus accessibles.

Ces approches, moins gourmandes en énergie et en eau, peuvent représenter une voie stratégique pour des pays comme la Tunisie, soucieux à la fois de compétitivité et de durabilité», conclut l’ancien ambassadeur.

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