Accueil Culture Rencontre avec Pierre Vaiana : Un souffle de lumière dans l’univers du jazz

Rencontre avec Pierre Vaiana : Un souffle de lumière dans l’univers du jazz

C’est dans le cadre de la première édition du Jazz’it Festival que le saxophoniste belge d’origine sicilienne, Pierre Vaiana, a offert un concert tout en nuances. A l’issue de sa prestation, l’artiste est revenu sur son parcours, ses liens avec la Tunisie et sur la genèse de son nouvel album, Camera Obscura.

Pierre-Vaiana

 

La Presse — Né Pietro, en hommage à son grand-père paternel selon la tradition sicilienne, l’artiste explique avoir été appelé Pierre durant son adolescence. A son arrivée aux Etats-Unis, il devient Peter, pour mieux s’intégrer, et même Piedro lorsqu’il joue avec des groupes latinos. Loin d’être un simple détail biographique, cette multiplicité de prénoms reflète une identité musicale plurielle, façonnée par les cultures et les voyages. Vaiana dit apprécier ce mélange de noms comme autant de reflets d’un parcours riche et métissé.

La relation de Vaiana avec la Tunisie ne date pas d’hier. Dès 1994, il s’y produit en concert sous l’égide de la Délégation Wallonie-Bruxelles. Mais c’est surtout de 2001 à 2011 que son engagement se concrétise avec la cocréation, aux côtés de Fawzi Chekili, d’une école de jazz au Centre de musiques arabes et méditerranéennes de Sidi Bou Saïd. Cette expérience, enrichie par l’accueil de boursiers tunisiens dans des stages d’été, a laissé une empreinte durable. Il se réjouit aujourd’hui de voir que les jeunes musiciens formés à l’époque sont devenus des artistes accomplis, pédagogues et acteurs culturels reconnus.

Le jazz, une question de continuité

Vaiana insiste sur l’importance de la régularité pour faire vivre le jazz sur une scène encore en développement comme celle de la Tunisie. Il plaide pour une structuration durable : des festivals annuels, des clubs de jazz, des concerts réguliers. Selon lui, ces rendez-vous permettent non seulement de fidéliser le public, mais aussi de créer une véritable communauté autour de cette musique. Il dit avoir rencontré en Tunisie un public curieux, prêt à se réapproprier les lieux de concert.

Camera Obscura : de l’ombre à la lumière

Son dernier opus, « Camera Obscura » ( Chambre obscure), sorti chez Igloo Records, prend la forme d’un voyage introspectif. Loin d’être un album sombre, il s’inspire de la métaphore de la chambre noire : cet espace clos où un simple rayon de lumière suffit à projeter une image du monde extérieur. Pour Vaiana, ce principe symbolise un message d’espoir : même dans les moments les plus obscurs, il suffit d’une petite ouverture pour laisser entrer la lumière.

En trio avec Artan Buleshkaj à la guitare et Lode Vercampt au violoncelle, le saxophoniste développe un univers musical fait de contrastes. Le jeu du soprano se déploie sur des orchestrations raffinées, aux accents tantôt lyriques, tantôt expérimentaux, dans un équilibre délicat entre jazz de chambre et évocations folk ou rock. 

Il compare la construction de ses compositions à une bande-son de road movie, traduisant un itinéraire intérieur, méditatif et libre.A l’issue de son concert, Pierre Vaiana s’est dit profondément touché par l’accueil du public tunisien. Il reconnaît que sa musique — un jazz de chambre aux structures peu conventionnelles — peut parfois dérouter. Pourtant, l’écoute attentive et l’enthousiasme manifesté lors de la standing ovation ont constitué pour lui un moment fort, qui confirme une fois de plus que la musique, même la plus exigeante, trouve toujours son écho lorsque la rencontre a lieu.

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