
Des contributions intelligentes et intéressantes sur le cinéma tunisien, arabe et africain qui manque malheureusement de visibilité dans les médias.
La Presse — Le 3e numéro de la revue cinématographique semestrielle « Notre Regard » qui paraît en France vient de paraître dans ses deux versions numérique et papier. Initiée par Mouldi Fehri en qualité de directeur et rédacteur en chef, la revue, spécialisée dans le cinéma tunisien essentiellement et subsaharien, offre à ses lecteurs nombreuses réflexions sur la situation du cinéma national qui, malgré certaines améliorations nettes au niveau de la réalisation des films, continue à trébucher en raison de lois devenues caduques et une infrastructure obsolète.
La couverture de ce numéro 3 est consacrée à Selma Baccar, figure féminine incontournable du cinéma tunisien, dont le nouveau film «Nafoura» a été projeté pour la première fois aux JCC 2024. Un article lui est consacré sous l’intitulé : «La maison dorée » ou «quand l’individuel rejoint le collectif » (Mouldi Fehri) et un long entretien sur le passé, le présent et l’avenir de la carrière de la réalisatrice : «Je tiens beaucoup à l’authenticité des histoires que je raconte».
Un important dossier traite du « Besoin de réforme » du cinéma tunisien. Un appel que les cinéastes ne cessent de réclamer pour mettre en place une industrie cinématographique conséquente. Dans son article : «Pour une industrie cinématographique tunisienne efficace, attrayante et compétitive», Mouldi Fehri insiste sur «un besoin nécessaire de relooking ». Dans son article « Le financement de la production cinématographique en Tunisie», Noômane Hamrouni s’interroge sur la manière de « réformer le dispositif d’aide à la production cinématographique à l’aune des expériences comparées ». «A propos de la relation entre la production cinématographique et le financement public », Fethi Kharrat indique que « le recours au financement public, s’il reste nécessaire, n’est pas une fatalité ».
Par ailleurs, Abou Cyrine se penche sur « Le rôle déterminant du chef-monteur dans un film », citant quelques-uns parmi les plus célèbres à savoir Moufida Tlatli, Kahena Attia, Larbi Ben Ali et Karim Hamouda. Mais il oublie Kathoum Bornaz qui a été aussi une monteuse chevronnée. Au sommaire également d’autres contributions intéressantes sur les films tunisiens comme « Les enfants rouges » de Lotfi Achour ou encore « Thalathoun » de Fadhel Jaziri. Dans la rubrique « Etudes », Leila Berhouma s’intéresse à la question de « L’enfant spect-acteur ». Au niveau des « cinémas arabes », Azeddine Mabrouki consacre un article sur « Assia Djebar, de retour en retour Cherchell Story » et « La Nouba a 48 ans ». Tandis que Naouel Amraoui et Mohamed Khiri réalisent une interview du réalisateur palestinien Rachid Masharaoui.
Le cinéma africain a sa place dans « Notre Regard ». Léonce Tira, directeur de la cinémathèque de Ouagadougou, présente le rôle, les objectifs et la participation au Fespaco, cette institution qui valorise le patrimoine cinématographique du Burkina Faso. La rédaction rend hommage au cinéaste Souleymane Cissé qui a voulu faire du cinéma pour « aider l’Afrique dans on projet d’émancipation de son passé colonial ».Ce 3e numéro de la revue est riche et offre des contributions intelligentes et intéressantes sur le cinéma tunisien, arabe et africain qui manque malheureusement de visibilité dans les médias.