
Nos finances publiques ont commencé, depuis quelque temps, à prendre des couleurs, mais elles demeurent encore fragiles. Elles ont donc besoin de l’identification de nouvelles ressources pour pouvoir répondre aux exigences socioéconomiques de la prochaine étape. Pour relever un tel enjeu, il est important de se doter, rapidement, d’une discipline budgétaire capable d’inscrire l’économie nationale dans une logique de performance globale et durable.
La Presse — 2025, tout comme 2026, se présentent comme des années charnières pour l’économie tunisienne. C’est un tournant décisif qui marque l’engagement effectif du programme de reconstitution et d’édification fixé par le Président de la République et la transition, par conséquent, vers un nouveau paysage socioéconomique souverain, prospère et durable.
C’est, en quelque sorte, le début de la rupture définitive avec le passé, et surtout avec toutes ses erreurs.
Cette période, cruciale et stratégique pour l’avenir du pays, ne serait certainement pas de tout repos. Elle nécessite de l’engagement, de l’application, du dévouement et aussi surtout un financement colossal. Et c’est bien là toute la complexité, surtout que notre pays, qui a déjà beaucoup consenti lors de la phase de correction et d’assainissement de notre environnement, ne s’est pas totalement remis des traumatismes financiers issus des périodes précédentes.
Ce qui fait que nos moyens financiers actuels sont encore complexes, notamment avec le blocage gratuit de certaines institutions internationales.
Toutefois, indépendamment de la délicatesse de la situation, l’Etat est déterminé à aller jusqu’au bout et à relever tous les objectifs déjà fixés, ce qui justifie cette mobilisation pour l’identification de nouvelles parades financières.
C’est conformément à cette logique que le Président de la République a réaffirmé, lors de son entretien, le 26 mai dernier, avec la Cheffe du gouvernement et la ministre des Finances, la «nécessité d’élaborer de nouvelles approches de financement du budget de l’Etat». Tout en reposant sur des choix purement nationaux. Cette priorité accordée aux ressources locales est d’autant plus importante que le recours excessif à l’endettement extérieur se traduit, en réalité, par des charges lourdes, surtout que, estime encore le Chef del’Etat, «de nombreux prêts contractés sont remboursés avec intérêts par la collectivité nationale». Ce qui a fini, d’ailleurs, par «appauvrir un grand nombre des meilleurs éléments du pays».
Légitimité administrative
Dans cette optique, l’élaboration de nouvelles démarches de financement doit reposer sur la prospection mais aussi et surtout sur l’anticipation des exigences financières de la prochaine étape et des différentes pressions sur le budget de l’Etat.
On se rappelle d’ailleurs que le Chef de l’Etat a recommandé, début mai, de préparer à l’avance le projet de loi de finances pour l’année 20026, affirmant, ainsi, que dans le nouveau modèle de développement national, il n’y a plus de place à la navigation à vue, aux tergiversations et aux improvisations, notamment gratuites. Toute action doit être préparée et bien planifiée, car c’est seulement ainsi qu’on peut assurer son utilité.
En plus de cette question d’anticipation, les nouvelles démarches de financement doivent prendre en considération, comme le soutient, à chaque fois, le Président de la République «la restitution de la crédibilité de l’administration et la restauration de la légitimité des fonctions publiques». Deux facteurs essentiels pour réactiver l’environnement des affaires et reconquérir, du coup, la confiance des opérateurs économiques.
Reste que pour relever les enjeux de cette crédibilité administrative et de la légitimité de la fonction publique, il est fondamental de garantir la transparence totale de la politique d’orientation des finances et d’assurer une gestion responsable des biens publics.
Cela suppose également une meilleure implication des collectivités locales dans la prise des décisions nationales, à travers notamment une décentralisation, particulièrement administrative et financière, bien réfléchie.
Par ailleurs, certains analystes estiment que l’amélioration de nos ressources financières passe par l’optimisation des fonds publics en priorisant surtout les secteurs stratégiques créateurs de richesses et à haute valeur ajoutée. Elle passe aussi par le bon contrôle des dépenses, la maîtrise des coûts, la garantie d’un «pilotage social performant», et, bien entendu, le maintien d’une discipline budgétaire régulière, qui devrait tenir compte, en permanence, des priorités stratégiques nationales.
Dans ce tableau des choix nationaux, l’approfondissement de la réforme de la politique sectorielle et l’élargissement de la rentabilité de notre appareil productif, au double niveau qualitatif et quantitatif, se placent désormais comme des urgences, car ils auront pour mérite non seulement de consolider nos ressources financières mais également d’assurer leur durabilité.